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La fuite

Une nouvelle par Abdel Chougui

Abdel Chougui Par Abdel Chougui
10 mai 2024
dans Dossier du mois : L'Ironie - les poètes à l'attaque, Littéraire(s)
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Sur un lit de cactus © Éric Desordre
Sur un lit de cactus © Éric Desordre

Nous arrivions à l’aéroport, dans la voiture de mon frère.

– C’est à Orly 3, lui dis-je, en indiquant la route à l’embranchement. Suis la ligne « dépose minute ».

Bientôt, notre véhicule vint rallonger la longue file d’attente composée pêle-mêle de taxis, de VTC et autres Uber.

– Voilà, on arrive enfin, me dit-il. Je te catapulte ici ? Ça ira ? Demanda-t-il avec le sourire.

– C’est impeccable. Arrête-toi quand même, que je ne saute pas de la voiture en marche…

En moins de temps qu’il en fallut pour le dire, je descendis, ouvris le coffre pour prendre ma petite valise jaune et mon sac à dos contenant mes lunettes de soleil et mes papiers d’identité.

– Bon voyage, Hamid. Tu as de la chance d’aller au pays, au soleil !

– De la chance, de la chance… Je n’y vais pas pour des vacances comme tu le sais. Rentre bien, soit prudent sur le retour. Et merci de m’avoir déposé si tôt.

– C’est normal, pas de problème. Envoie un message en arrivant. Bon courage pour les travaux.

– Ok, répondis-je en fermant la porte d’une main, et m’excusant de l’autre pour l’attente auprès du conducteur de la voiture qui était derrière nous.

Après une dernière vérification, j’enfilai mon sac à dos, et sortis la poignée coulissante de la valise, pour la tirer à grand bruit vers l’intérieur du terminal. Là, un énorme écran affichait tous les vols au départ. J’eus du mal à trouver le mien dans cette longue liste. Je lus enfin : Fès – 7h45 – on time.

Je me dirigeai alors vers le comptoir de la compagnie Transavia, où une jeune femme m’indiqua que le vol partait d’une porte à l’autre bout de l’aéroport. Je dus marcher longtemps, dedans et à l’extérieur du bâtiment, pour enfin atteindre les contrôles de sécurité. C’était toujours un moment de stress pour moi, je ne sais pas pourquoi. L’idée de devoir vider mes poches, ouvrir mes bagages et enlever ma ceinture et mes chaussures m’angoisse. Je me soumis malgré tout à ces contraintes, avant d’aller vers la porte d’embarquement.

27D, siège couloir. Je n’aimais pas être au fond de l’avion, car cela voulait dire qu’il allait me falloir beaucoup de temps pour sortir de l’appareil une fois arrivé au Maroc. Mais lors de mon enregistrement, je n’eus pas le choix. L’avion était plein, et il ne restait que très peu de places disponibles. Vu le prix des billets, je n’allais pas faire le difficile. Pour arriver à l’aéroport à 6h00, j’avais dû me lever très tôt. Je me calai au fond de mon siège et m’endormis rapidement. Je ne fus réveillé que par ma voisine qui voulut acheter un café à douze euros, lors du passage de l’hôtesse. Je ne comprendrai jamais ces personnes qui voyagent en low-cost, mais qui par snobisme veulent absolument acheter une boisson hors de prix. Pour le plaisir d’être vu par les autres passagers, en train de payer… Autant prendre un billet Air France si on a de l’argent à jeter par les hublots ! Le café est gratuit chez eux. Je me rendormis.

L’avion venait d’atterrir, la secousse me réveilla d’un sommeil assez profond. L’appareil avait à peine atteint sa place de stationnement que déjà la moitié des voyageurs s’étaient levés, avaient ouvert les compartiments, et avaient déjà leurs bagages en main, malgré les fulminations du chef de cabine dans son micro.

– Les Marocains sont vraiment indisciplinés, pas étonnant que le pays n’avance pas, bougonnai-je à moi-même.

Je finis par me lever, misant sur une possible ouverture de la porte arrière. Perdu. La sortie ne se faisait que par la porte avant. Je me rassis.

Je mis une carte SIM marocaine dans mon smartphone, carte SIM rapportée par mon père la semaine précédente. Une fois connecté au réseau, je lançai WhatsApp, pour être certain de la présence de mon cousin Fouad à l’aéroport. Il était supposé m’attendre. J’écrivis :

– Salam, je viens d’atterrir.

En réponse :

– Cousin, je suis bien là, je t’attends.

Je fus soulagé.

Une fois les douanes et la sécurité passées, je filai rejoindre Fouad sur le parking qui faisait face à l’aéroport. Une chaleur lourde et polluée me tomba dessus à peine sorti du terminal : le soleil écrasant de Fès était là lui aussi pour m’accueillir, avec son lot de particules fines.

Mon cousin et moi nous prîmes dans nos bras pour une embrassade exagérée mais protocolaire. Il prit gentiment mes bagages, les mit dans sa voiture, tout en me demandant des nouvelles de ma famille au grand complet, et me félicitant pour mon mariage récent.

– Vraiment Hamid, je suis très heureux pour toi. Qu’Allah vous bénisse ta femme et toi, vos parents, et vos futurs descendants Inch’Allah.

– Inch’Allah mon frère. Dieu te préserve et t’accomplisse. Amin !

La voiture se mit en route.

– Et ta femme, comment s’appelle-t-elle ?

– Samia.

– Samia… Mashallah. On a vu les photos sur Facebook, un beau mariage.

– Oui, c’est vrai, beaucoup de monde. Tout s’est très bien passé Hamdoulilah.

– Al Hamdoulilah. Je te dépose chez tes parents ? Ou tu veux aller boire un café quelque part avant ?

– Je vais aller à l’appartement, j’ai besoin de prendre une bonne douche et de dormir un peu. On se retrouvera après inch’Allah.

– Inch’Allah… Je comprends. Repose-toi, prend ta douche, et appelle-moi, je passerai te chercher.

– C’est gentil mais ne t’embête pas, je vais prendre un petit taxi.

– Ton père a bien avancé sur les travaux la semaine dernière. Tu vas voir, l’appartement est vraiment bien rénové. Surtout la cuisine.

Il ouvrit la boîte à gants, et en sortit une enveloppe brune cachetée et scellée avec du gros scotch.

– Tiens, me dit-il, voilà les clés, elles sont restées dans ma voiture depuis son départ la semaine dernière. Par contre, il m’a dit de te dire de faire attention avec les toilettes. Il y a une fuite donc, si tu les utilises, ouvre l’eau, fait ce que tu as à faire, et referme l’eau aussitôt.

– Oui, il m’en a parlé. Il n’est plus tout jeune l’Hadj, mais il travaille dur. Je vais prendre la relève. Je vais finir l’enduit, le carrelage, et si je peux, je m’occuperai de cette fuite.

La voiture arriva à destination : quartier Hadika Oued Fès. Fouad me déposa, et m’accompagna jusqu’à la porte de l’appartement de mes parents au troisième étage, m’aidant à porter une partie de mes bagages. J’ouvris les nombreuses portes métalliques fermées à triple tour, avant de pouvoir enfin pénétrer dans le vestibule.

– Je file, me dit Fouad en m’embrassant le front. J’attends ton appel. Et ce soir, on va fêter ton mariage, ajouta-t-il, en me souriant et en me tapotant l’épaule. Puis il disparut dans le couloir de l’immeuble en refermant la porte d’entrée derrière lui. J’entendais ses pas descendre les escaliers. Quand le silence revint totalement, je me mis enfin en mouvement. J’enlevai mes chaussures et mes chaussettes que je portais depuis trop longtemps. Puis je me dirigeais vers la salle de bain, pour ouvrir l’arrivée d’eau, avant d’aller au tableau électrique pour enclencher le disjoncteur. Je fis ensuite un petit tour complet de l’appartement pour voir si tout fonctionnait. Effectivement, mon père avait bien avancé dans les travaux de rénovation. J’étais admiratif. Pour moi, c’était un héros, un modèle, dans tous les domaines. Je regardai de plus près les finitions, tout était impeccable.

J’allai ensuite voir cette fameuse fuite dans les toilettes. Mon père avait installé un seau sous la tuyauterie au cas où. Heureusement, il était sec. J’ouvris délicatement le petit robinet, et effectivement, un léger goutte-à-goutte commença à ruisseler au niveau de la jointure. Je le refermai immédiatement en me disant que cela n’était pas si grave, et que je m’en occuperais demain.

Je quittai la salle d’eau pour me diriger vers l’immense téléviseur qui occupait à lui seul les trois quarts d’un mur du salon principal. Là, était dissimulée une petite boite en métal contenant la clé de la porte de la chambre de mes parents. J’ouvris ce coffre miniature pour aller vérifier également que tout allait bien dans cette pièce.

À peine y pénétrai-je qu’une douce odeur de musc blanc vint me captiver. L’odeur du paradis disait-on. J’entrais du bout des pieds dans ce lieu sacro-saint de l’appartement : la chambre parentale. Tout y était impeccable. Le lit en bois massif, recouvert d’une couverture douce et colorée, trônait au milieu de la pièce. Sur les murs, des cadres photos de mes parents à la Mecque, en tenue de pèlerins, devant une illustration de la Kaaba, les mains ouvertes comme tenant un livre saint, et les yeux mi-clos levés au ciel. Toute la grandeur et la sainteté de la religion sur une photo. Mon père avait déjà fait quatre fois le saint pèlerinage, ma mère une fois. Pour moi, ils étaient un couple modèle, inspirant, solide, affrontant toutes les difficultés de la vie, ensemble, sans jamais que leurs fondations ne tremblent. Je vouais un culte à mon père. Pour toute la famille, c’était un modèle de piété, incarnant et transmettant les belles valeurs de la religion simplement par son rayonnement et son charisme. J’avais envie de lui ressembler, et ce, à chaque moment de ma propre vie.

Dans les autres cadres accrochés aux murs, des portraits de nos aïeux aujourd’hui disparus. Enfin, dans un coin de la chambre proche du plafond, un grand écran de télévision.

Au sol, les tapis de prière de mes parents étaient disposés orientés vers La Mecque, à côté de deux peaux de mouton qui faisaient office de descente de lit. Je me mis sur les genoux pour les toucher. Elles étaient très douces. Je m’allongeai alors dessus, pour y poser mon visage. Elles aussi sentaient bon le musc blanc. C’était délicieux et réconfortant. Je restai ainsi sur le ventre quelques minutes, avant de me lever et de prendre place en position fœtale sur le lit de mes parents, respirant l’odeur de leur couverture. Je fermai les yeux. Plusieurs images vinrent se bousculer dans ma tête : le réveil trop matinal avec mon jeune frère, la route jusqu’à l’aéroport, les contrôles de sécurité, la passagère et son café à douze euros, le visage de mon cousin, mon mariage le mois dernier… Avant de m’endormir pour de bon.

En me réveillant, un peu perdu, je réalisai que je m’étais assoupi plus de deux heures. Encore brumeux, je sortis de la chambre de mes parents, je verrouillais la porte, avant de remettre la clé dans sa petite boite métallique, derrière l’immense téléviseur du salon. Je déballais rapidement mes bagages, puis je pris une douche bien chaude. En m’habillant, je pensais que j’avais envie de profiter au maximum de cette première journée au Maroc, de manger toutes les spécialités de Fès qui m’avaient tellement manqué en France, et qui ici valaient une bouchée de pain.

Je finis de me préparer : gel bouclant effet mouillé dans les cheveux, parfum de marque prestigieuse, ma précieuse montre bracelet et ma plus belle chemise Lacoste. Plein de confiance et plein de dirhams en poche, je sortis de l’appartement, et marchai jusqu’au grand boulevard pour prendre un petit taxi rouge, et rejoindre mon cousin à Bab Boujeloud.

Message WhatsApp :

– Cousin, je suis dans le taxi, j’arrive à Boujeloud.

Après quelques minutes, je reçus :

– Nous sommes à Fès Jdid, pas à Boujeloud. On t’attend au café La Renaissance.

Changement d’itinéraire… Le chauffeur de taxi râla, et réclama dix dirhams de plus. Tant pis, ce n’était qu’un euro dans l’absolu.

J’arrivai enfin à La Renaissance. Mes cousins et deux de leurs amis étaient là, installés en terrasse, sirotant des cafés en regardant les voitures aller et venir sur le grand rond-point qui leur faisait face. L’air était très pollué, mais cela ne semblait gêner personne. Je commandai un jus d’avocat, spécialité marocaine par excellence quand on a faim et soif en même temps. Un serveur âgé et peu causant vint me l’apporter.

Nous passâmes une bonne partie de la soirée là, parlant beaucoup du passé, très peu du présent, avant d’aller manger dans un petit restaurant un peu plus bas sur le boulevard. J’avais envie d’un tagine de boulettes à la tomate. Évidemment, à Fès, je trouvai mon bonheur sans difficulté, pour trois fois rien.

Puis, le dîner terminé, un de mes cousins nous proposa un « after ». À la tête que firent les autres, je vis que cet « after » n’était pas forcément du goût de tous. En l’interrogeant plus en détail, je compris qu’il nous proposait d’aller en boîte de nuit dans un hôtel à touristes en périphérie de la ville. Moi j’étais plutôt partant, j’avais envie de m’amuser, donc je poussais le groupe dans ce sens. Finalement, nous partîmes à cinq, répartis dans deux petits taxis rouges. Mon cousin avait une idée bien précise du lieu où il voulait nous emmener. Il prit le lead en donnant les instructions aux deux chauffeurs. Puis, nous nous mîmes en route.

Arrivés au Diamant Noir (c’était le nom de la boite de l’Hôtel), les portiers nous laissèrent entrer sans difficulté, contre un billet de deux cents dirhams pour chacun d’entre eux. Je compris tout de suite en arrivant que nous étions dans un dancing à prostituées. Il était tôt, et il y avait encore assez peu de clients. Une brochette de jeunes filles plus charmantes les unes que les autres attendaient accoudées au bar, sans aucune consommation. Quand elles nous virent arriver, quatre d’entre elles vinrent à notre rencontre, pour nous sonder. Elles comprirent que nous avions les moyens de payer et très envie de nous amuser. Elles firent signe aux autres jeunes femmes de venir elles aussi.

Nous commandâmes une bouteille de champagne, une de whisky, et des pichets de cola. Les clients commençaient à arriver en nombre, des touristes pour la plupart. L’ambiance prenait de plus en plus et l’alcool commençait à nous monter à la tête. Je voulus danser un peu pour éliminer. Une toute jeune femme avec des mensurations de rêve me prit par les mains pour me guider sur la piste, et commença à danser devant moi. Je la regardai alors onduler, son corps était parfait. Elle était brune, les cheveux très longs et fins, des grands yeux de biche, un ventre plat, de petites hanches, des fesses rebondies, et des seins largement trop gros pour elle. Sa silhouette m’hypnotisait. Je n’avais jamais vu une femme aussi bien dessinée. Puis, sans que je ne le sente venir derrière moi, mon cousin me prit par les épaules et me ramena à la réalité en me lançant un « Alors le jeune marié, on s’amuse bien ? La vie est belle ? ». Puis, il me renvoya aussitôt en orbite grâce au verre qu’il me tendit et que je bus presque cul-sec. Ascenseur émotionnel… La jeune déesse continuait de danser langoureusement devant moi sans lâcher ma main, plantant ses yeux dans les miens. Elle ne cessait de me sourire avec sa belle bouche pulpeuse. Un élan de virilité excessive me fit la prendre par la taille et la coller contre moi, tout en continuant de danser. Elle passa ses bras autour de mon cou en signe d’acceptation, ce qui me fit l’effet d’une décharge électrique. Je sentis ses seins trop gros s’écraser contre mon torse. Je perdais pied, je n’en pouvais plus, je la voulais. J’approchai mes lèvres de son cou, elle me laissa faire. La musique continuait de battre dans mon corps tout entier, et résonnait dans ma poitrine. Je l’embrassais alors par petites bouchées, et je la sentais sourire à chaque baiser. Elle sentait bon la vanille. Puis, elle me glissa à l’oreille dans le tumulte de la musique :

– C’est huit cents dirhams si tu veux que je t’accompagne chez toi. Mais on part maintenant et sans tes amis.

Je lui répondis instantanément :

– Si je te donne le double, tu restes avec moi toute la nuit ?

Elle rit exagérément en reculant. Puis, elle continua de danser en souriant, ondulant, m’effleurant du bout des seins, ses bras toujours autour de mon cou. Elle continuait sa parade « amoureuse ». Je compris qu’elle réfléchissait à ma proposition. Et moi, je priais pour qu’elle l’accepte. Enfin, elle s’approcha de moi et me glissa à l’oreille :

– OK, mais tu me laisses de quoi payer le taxi pour que je rentre chez moi demain matin à 7h00.

Je lui souris à mon tour, en guise de marché conclu. Puis, cette parodie de cour nuptiale terminée, je quittai discrètement la piste en la prenant par la main. Mes cousins, qui étaient déjà ivres sur des divans à l’autre bout de la salle, ne me virent pas partir. Nous nous arrêtâmes aux vestiaires pour prendre nos affaires. Dehors, des taxis attendaient. Nous prîmes le premier de la file, direction Hadika Oued Fès.

Nous montâmes tous les deux à l’arrière de la petite voiture rouge. Sa main fine et chaude continuait de serrer la mienne. Je l’observais, avec les quelques facultés que la boisson avait bien voulu me laisser. Elle était vraiment très belle. Son visage était jeune, elle devait avoir au moins dix ans de moins que moi. Son kaftan laissait deviner ses courbes paradisiaques. J’avais hâte de la posséder. Je me sentais comme un gosse qui venait de se payer un beau cadeau. Elle était magnifique, un visage d’ange. Elle sentait que je la regardais avec insistance, alors parfois elle tournait la tête pour regarder par la fenêtre, puis parfois elle me regardait en souriant, en serrant ma main légèrement plus fort. Je remarquai que son kaftan était usé au niveau des manches, et qu’elle portait à ses pieds de simples claquettes de plage.

– Comment t’appelles-tu ? Lui demandai-je.

– Je m’appelle Soukaina. Et toi ?

– Hamid. Elle sourit, puis tourna la tête en remettant de l’ordre dans ses longs cheveux, de façon très élégante.

J’avais envie de lui demander son âge, d’où elle venait, si elle étudiait, et pour faire quoi plus tard. Mais je craignis que ses réponses ne me gâchent le moment.

Le taxi arriva enfin. Ce voleur me fit payer le triple d’une course normale, certainement le prix de son silence et de sa discrétion. Je n’avais ni l’envie, ni la force de négocier avec lui. Et je n’étais pas en position favorable pour le faire. J’étais engagé dans quelque chose de mal, mais qui promettait d’être tellement bon…

Nous montâmes les escaliers pour arriver au troisième étage. Je restai volontairement derrière elle pour admirer ses courbes, encore. Puis, j’ouvris les portes de l’appartement, avant de vite les refermer. J’allumai les lumières. En enlevant ses claquettes, Soukaina me dit :

– Je dois absolument passer aux toilettes.

– Ah, bien sûr, pas de problème. C’est la porte juste en face au bout du couloir. Mais attention, il y a une petite fuite, il faut ouvrir et fermer le petit robinet.

J’avais à peine terminé ma phrase qu’elle était déjà partie, en me disant :

– Oui, je sais pour la fuite, il se trouve que je suis déjà venue dans cet appartement la semaine dernière.

Tags : Abdel ChouguiDossier du moisMarocnouvelle
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Abdel Chougui

Abdel Chougui

Abdel Chougui est né en 1977 à Orléans. Ingénieur en microbiologie, il a toujours été féru de littérature en général et d'écriture en particulier, depuis plus de 25 ans : nouvelles, théâtre, scénarii de court-métrages, ou poésies. En 2006, il publie son premier recueil Camille et Autres Nouvelles aux éditions Bénévent (France Europe Editions). En 2022, il remporte le Grand Prix du Jury au concours national de nouvelles des écrivains en Provence.

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