
Préambule
Je suis contre toutes les violences faites aux femmes et pour la condamnation sévère de ceux qui les commettent ou les promeuvent.
Avertissement
Attention! Cet article ne contient ni PFAS, ni pesticides, ni perturbateurs endocriniens mais il peut subsister des morceaux d’humour douteux, à dose variable.
Depuis plusieurs années déjà le mal universel est clairement identifié: les hommes. Disons le tout net, ce « les » me gêne un peu. En effet, quand j’entends une phrase comportant : les femmes, les jeunes, les étrangers, etc.. je suis à peu près certain d’entendre une connerie. « Des » serait plus judicieux, mais les « des » ont été jetés, il y a fort longtemps, semble-t-il.
Disons les hommes, donc. Virginie Despentes, pour ne citer qu’elle, mais elle n’est ni la première, ni la seule, nous l’a écrit et répété: « les hommes sont des salauds » (je schématise un peu mais pas tant que ça). J’ai aussitôt une pensée émue et sincèrement empathique pour tous les parents présents et à venir (dont je suis) d’une progéniture mâle et donc sujette à la saloperie inhérente au genre. Essayez de ne pas trop culpabiliser, armez-vous pour l’épreuve. Car je n’ai pas tout dit. En plus d’être un salaud, l’homme est un porc (à balancer de préférence). Au passage, les catholiques ferventes seront sûrement fort contrites d’apprendre que la femme est née d’une côte de porc.
Bien sûr, je vois la logique sous-jacente à cette affirmation. Elle répond au: « Toutes des salopes » qui a sévi, et sévit encore, chez les cons depuis des temps immémoriaux. Malgré tout, ce retour de bâton, s’il peut sembler mérité, n’est-il pas d’une bêtise aussi crasse?
Tout récemment, le mâle est aussi (par essence ?) devenu un prédateur, un violeur, un assassin, un tortionnaire raciste et colonialiste (toutes les femmes sont donc par la même occasion des victimes). Cela me pose un sérieux problème d’identité: ne serais-je donc pas un homme ? Car, il faut bien le dire, j’ai un peu de mal à me reconnaître dans le portrait. Toutes proportions gardées, je compatis avec les allemands opposants aux SS dans les années 30 et se voyant reprocher le génocide, juste parce qu’ils sont allemands.
Mais, tout espoir n’est pas perdu et une solution se profile : il me suffit de me déconstruire. Sous ce terme presque anodin se cache quand même une violence inouïe. Car les non-voyants ne voient pas mieux que les aveugles et les personnes en surpoids ne sont pas plus maigres que les gros. Donc se « déconstruire » n’est que l’autre nom pour se « détruire » (essayez-donc de déconstruire un immeuble !) Beau programme doublement violent car il signifie par là-même que nous avons été très mal construits par nos pères et nos mères, nos professeurs qui nous ont tous appris à être de fieffés salauds. En qui avoir confiance? Construits également par les livres lus, les films vus. Les amateurs de films d’horreur seront donc ravis d’apprendre qu’ayant vu des horreurs, ils sont horribles et les lecteurs de romans policiers qu’ayant lu de multiples descriptions de crimes, ils sont devenus criminels. Je n’ose même pas parler des amateurs de jeux vidéos, dégénérés militaro-délinquants.
Il faut donc changer, tous, à défaut de se détruire, mais il faudrait tout d’abord que nous soyons bien d’accord. J’ai autour de moi un certain nombre de femmes (non pas « les », mais un certain nombre) qui se disent féministes, qui condamnent les logiques et attitudes sexistes mais qui sont résolument, ouvertement, attirées par des hommes très « virils », pour dire le moins, et qui se moquent tout aussi ouvertement d’hommes trop « gentils » et attentionnés. De même ai-je entendu plusieurs fois, de la part des mêmes, un: « les garçons ça ne pleurent pas » lancé à leur progéniture mâle. N’y aurait-il pas des injonctions, désirs, contradictoires ?
Passons maintenant aux choses plus sérieuses et graves. Récemment, le salaud, le porc, le tortionnaire colonialiste n’est plus l’homme en général, mais l’homme blanc. Et là, cela devient non seulement délirant mais du pur racisme. J’entends, je lis de manière récurrente, sans que personne ne semble réagir: « le mâle blanc ceci, le mâle blanc cela… » Pour donner un exemple, dans Libération, une avocate dénonce la défense de Depardieu qui a été maladroite et surtout odieuse (ce à quoi je souscris !) Mais, au détour d’une phrase, je tombe sur l’expression: « Il aurait pu reconnaître que son statut d’homme blanc… » Et je suis alors sidéré, consterné. Que vient faire la couleur dans cette histoire? Aurait-elle osé dire « son statut d’homme noir », « son statut d’homme arabe » s’il s’était agi d’Omar Sy ou de Roschdy Zem? Ou alors, va-t-elle jusqu’à penser qu’ils n’auraient pu commettre de tels actes parce que non-blancs ? Nul machisme, nulles agressions, nuls viols en pays non-blanc ? De qui se moque-t-on ? Le pire est que ladite avocate est certainement une personne censée aux idées d’habitude plutôt modérées et qu’en toute innocence, « naturellement », elle lance cette remarque qui devient sous sa plume une vérité, une sorte d’évidence. C’est proprement scandaleux et dangereux.
Si l’on élargit le problème, une tendance nouvelle va dans ce sens. Le racisme ne serait le fait que de l’homme blanc. Nul racisme en Asie ou en Afrique, bien évidemment.
Par ailleurs, nul autre génocidaire que le blanc. Les Arméniens, les Cambodgiens, les Rwandais tutsis apprécieront.
Le colonialisme ? Le mâle/mal blanc ! Et il n’est évidemment pas question de remettre en cause ou d’amoindrir le crime contre l’humanité qu’a été la colonisation par les européens. Mais enfin, pourquoi ne parle-t-on jamais de l’empire turc? Des portes de Vienne jusqu’au golfe persique, de l’Algérie jusqu’à l’Asie centrale, de l’Ukraine jusqu’au Yémen et la Palestine. Une colonisation douce, sans heurt, sans violence, sans occupation, viols, confiscations, exécutions ?
Et la conquête arabe, jusqu’au Caucase et aux steppes eurasiennes, jusqu’à la Bulgarie, et d’Égypte jusqu’au Maroc et à l’Espagne ? Tout se passa dans l’harmonie, la douceur, sans conversion forcée ? (demandez aux Berbères et aux Kabyles). L’on ne retient que les splendeurs réelles de Cordoue, Séville et Grenade, et oubliées les violences.
L’hégémonie des Hans en Chine et le traitement des minorités ? l’empire Khmer ? Inexistants ? Non, le vrai mal c’est l’homme blanc !
L’esclavage ? Les colonialistes européens et les sudistes américains ! C’est tout ? La traite des esclaves noirs (mais pas seulement) vers les pays arabes est estimée entre 7 et 12 millions de personnes et a duré jusqu’au 20ème siècle. Qui l’enseigne, l’écrit, le dit ?
Encore une fois, il ne s’agit pas d’exonérer les uns pour accuser les autres, il s’agit de rétablir des vérités historiques, dont le fait qu’elles soient largement tues est étrange. Et je ne parle pas de complot, mais d’une tendance systématique à l’autoflagellation européenne quand d’autres n’ont pas le moindre problème de conscience. La Turquie a-t-elle reconnu le génocide arménien, les chinois le traitement des ouïghours ? Qui le leur reproche ?
Parlons un peu de la seconde guerre mondiale. L’Allemagne nazie alliée aux fascistes italiens, donc des mâles blancs, vient tout de suite à l’esprit de tout le monde. Le Japon ? Ce sont des victimes. Les bombes d’Hiroshima et de Nagasaki (bien évidemment à condamner de façon absolue) ont comme par enchantement oblitéré les horreurs de l’occupation de l’Asie par les japonais. Selon les historiens le bilan en est entre 12 et 20 millions de morts, si l’on ne considère que les massacres ou également les famines causées par la guerre. Le massacre de Nankin? 260 000 morts ! Les camps ? Nombreux cas de vivisection et d’expérimentation d’armes chimiques, de décapitation au sabre. Dans les camps de prisonniers nazis (pas les camps de concentration ou d’extermination), la mortalité était de 4%, dans les camps japonais de 30%. Si l’on ajoute la déportation forcée de 200 000 femmes philippines, coréennes, chinoises, indonésiennes ou malaisiennes dans les bordels japonais on se rend compte que le Japon n’est pas que victime.
Malgré tout, le but de cette chronique n’est pas d’étendre la saloperie à tous les hommes, blancs ou pas. Non, j’aimerais très naïvement appeler à plus de nuance. Tout ce que l’on gagne avec cette logique vengeresse et autocritique à outrance, même si l’on peut la comprendre, c’est, d’une part, la déformation de l’histoire, d’autre part, la confusion voire la honte des futures générations « d’hommes blancs ». Sont-ils, suis-je, la lie de l’humanité ? Que doit penser un petit garçon, un adolescent en entendant ce qui se dit de plus en plus ?
Enfin, je voudrais saluer l’extrême courage (ou inconscience) des jeunes femmes blanches qui s’apprêtent à changer de sexe et à rejoindre volontairement le camp des porcs et des salopards. Toute mon admiration. Nous sommes des salauds par nature et par culture, vous le devenez par choix. Respect !