
Épisode V – L’Empire-confetti
La poésie moderne, après déconstruction patiente de tout
lyrisme (Adorno), produirait une pensée suspendue, ruinée ?
Comment écrire alors de la poésie sans tomber dans les
pièges piétinés :
– du poétisme oraculaire
– de la poétisation
– de la nostalgie métaphysique
– du pathos ontologique
– du lyrisme naïf
Comment s’arracher au nihilisme, aux ruines du monde
moderne, à Prométhée essoufflé ?
Qui voudra répondre ? (en Français)
Le Poète athée : pas de bouée de secours à offrir à la poésie,
pas de dieu des poètes face au désenchantement du monde
moderne, de la philosophie. L’impératif du poème est de
conquérir son propre athéisme (F. Ponge, sa descendance, A.
Badiou 1998).
Un matérialisme poétique ?
Congédier le dieu des poètes, sans illusion linguistique, mais
avec l’élan, l’allant d’une énergie émouvant son lecteur ?
Tout arrive dans la langue-page-monde…
Un néo-Mallarmisme ?
- Meschonnic : repartir de Mallarmé, être fidèle à l’orphisme…
Un lyrisme athéologique ? Du côté de Léopardi et sa
lucidité du néant qui ne détruit pas l’illimitation du désir infini
Surrections infinie des possibilités invisibles (M. Deguy 2001).
Peut-il y avoir enchantement sans tomber dans la vieillerie de
la poétisation ? Peut-il y avoir de l’illumination profane en
poésie ?
Tu vois : tu avais dit Poésie ?
Irrépressible QuestionRéponse…
Le cheval qui court au-dessus des montagnes…
(Robert Desnos)
Les pelleteux des nuages inventent l’avenir
(Dicton Québécois)
Urgence de la poésie
Mais maintenant… à Ta porte
À nouveau l’urgence du Monde !
Le dérèglement du Monde qui vient.
Le basculement du Monde qui vient
Quel usage du monde, toi qui lis ces lignes pour la
première dernière fois ?
Sommes-nous sur la même Yole ? Le même Titanic ?
Entrer en relation avec le Tout-Monde, faire irruption en
Poésie-Monde, arrêter le moteur du Monde ?
La poésie relève de l’urgence, ce n’est pas l’art d’arranger
les fleurs. C’est un coup de salut (Erri De Lucca)
Comme une flèche d’abeilles
Maintenant les philologues, les rhétoriciens, les versés en
classifications et en expertises se déchaîneront, mais nous
sommes de l’autre côté, dans ce territoire libre et sauvage et
délicat où la poésie est possible et arrive jusqu’à nous comme une
flèche d’abeilles…. (Julio Cortazar 1963)
Avant que
Seule la poésie cavale avec la vitesse du monde
(E. Glissant 2009)