Bien que la tête du patriarcat de Moscou soutienne inconditionnellement la guerre que la Russie mène en Ukraine, ce n’est pas le cas de tous les prêtres orthodoxes de Russie.
L’une des premières victimes de la nouvelle loi russe qui réprime le fait de « discréditer l’utilisation des forces armées », pouvant mener à des peines de prison de 10 ou 15 ans, est un prêtre orthodoxe du village de Karabanovo, à une centaine de kilomètres de Moscou.
Le prêtre, Ioann Burdin, avait partagé, pendant son sermon du « dimanche du pardon » le 6 mars, des images de destruction infligée aux Ukrainiens par les forces armées russes. Il fut aussi accusé d’avoir partagé une pétition contre la guerre sur le site de son église, et surtout, d’être l’un des signataires d’une lettre ouverte que plus de 285 membres du clergé orthodoxe russe disséminés dans le monde entier ont signé pour « l’arrêt de la guerre fratricide » contre l’Ukraine, lettre déplorant « l’épreuve à laquelle nos frères et sœurs en Ukraine ont été soumis » et appelant à un cessez-le-feu immédiat.
Il a été immédiatement arrêté et détenu par la police, et le 10 mars, il a été condamné par la cour de district de Krasnoselsky à une amende de 35 000 roubles (333 euros, ce qui représente un mois de salaire moyen en Russie)
Il s’agit là d’une des premières applications de la nouvelle loi adoptée par la Douma (le parlement russe) vendredi 4 mars, application ayant bien entendu vocation à mettre en garde tout autre membre du clergé russe qui pourrait avoir la mauvaise idée de préconiser la paix, voire même de parler de « guerre » quand la seule présentation des faits autorisées en Russie est « opération militaire spéciale ».
Si plus de 13 000 personnes ont été arrêtées en Russie pour avoir protesté contre la guerre depuis le 24 février, c’est la première condamnation d’un prêtre orthodoxe connue à ce jour en application de la nouvelle loi.