13 janvier 1967 – Depuis leurs débuts, les Stones sont des habitués des scandales, on peut même dire que c’est leur fonds de commerce. Stratégie voulue par leur manager Andrew Loog Oldham pour qu’ils ne soient pas des sous-Beatles et se distinguent grandement des premières stars du Rock anglais.
Ils sortent ce jour-là une chanson qui dit clairement : « passons la nuit ensemble ». Pour le Royaume-Uni puritain de ces années-là, c’est tout simplement « dégoutant » et un appel à la débauche. La chanson est immédiatement interdite sur plusieurs radios et ce sont les radios pirates anglaises qui en feront une large promotion. Les ventes du single sont un succès. Mais l’Establishment grince des dents…
Le summum du ridicule est atteint à New York, à l’Ed Sullivan Show, où on intime à Jagger l’ordre de chanter « Let’s spend some time together », passons du temps ensemble (ce qui est, parait-il, moins dégoutant !). Jagger est prévenu que s’il ne le fait pas, ils seront coupés en pleine diffusion. Alors Jagger s’exécute et ne manque pas de lever au ciel un regard faussement effarouché quand il le chante. Certains Stones ont du mal à ne pas rigoler devant le ridicule de la situation.
Les policiers participent !
Les paroles, pour le moins évocatrices et, en fait, très directes, sont de Mick Jagger et pourraient bien être un hommage à sa petite amie de l’époque, la chanteuse Marianne Faithfull. La musique est de Keith Richards et a été entièrement composée au piano, fait rarissime pour ce guitariste. Deux policiers, présents sur les lieux de l’enregistrement, ont prêté leurs matraques qui ont été utilisées sur le pont comme des claves. On peut donc dire, non sans humour vu la postérité de la chanson, que deux policiers ont participé à l’enregistrement !
Il reste que la chanson a eu un succès qui ne s’est jamais démenti. Il est curieux de constater l’effet enthousiasmant qu’elle produit quand elle est programmée au milieu d’autres morceaux, comme si son message ramenait à la surface pour les auditeurs de grands moments d’amour partagé.
A notre époque où le Rock est devenu un produit de consommation comme les autres, il est bon de se rappeler qu’il a existé une époque où il changeait la vie de ceux qui l’écoutaient.
William H. Miller
Le morceau à l’Ed Sullivan Show :
La traduction des paroles :
https://www.lacoccinelle.net/246673.html