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1984, le Ministère de la vérité

Eric Roux Par Eric Roux
27 mars 2023
dans Dossier du mois : Infos, complotisme et vérités alternatives
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1984 cest maintenant
1984 c’est maintenant

En 1948, Georges Orwell publiait son livre 1984. C’est ce qu’on appelle une dystopie, c’est-à-dire tout simplement un récit décrivant une société imaginaire totalitaire dans laquelle le libre arbitre n’existe plus. Le contraire de l’utopie. Il s’agit d’une critique des régimes totalitaires, mais aussi de la tendance totalitaire qui peut exister dans tout régime. Enfin, disons qu’on peut en retirer ce qu’on veut et je laisse à chacun la joie ou la tristesse de le lire pour en tirer sinon des leçons, des idées.

Et puisqu’aujourd’hui chez Rebelle(s) on parle de fake news, de vérités alternatives, je me suis dit que plutôt qu’un long discours, j’allais vous partager de longs extraits de 1984. Ceux-ci parlent du Miniver, le ministère de la vérité, et donc de la vérité, de son absence, de sa valeur pour les gouvernements, de sa valeur pour les hommes, du mensonge qu’on impose en vérité, du pouvoir de choix individuel. Extraits :

Chapitre 1 (1984)

(…)

Derrière Winston, la voix du télécran continuait à débiter des renseignements sur la fonte et sur le dépassement des prévisions pour le neuvième plan triennal. Le télécran recevait et transmettait simultanément. Il captait tous les sons émis par Winston au-dessus d’un chuchotement très bas. De plus, tant que Winston demeurait dans le champ de vision de la plaque de métal, il pouvait être vu aussi bien qu’entendu. Naturellement, il n’y avait pas moyen de savoir si, à un moment donné, on était surveillé. Combien de fois, et suivant quel plan, la Police de la Pensée se branchait-elle sur une ligne individuelle quelconque, personne ne pouvait le savoir. On pouvait même imaginer qu’elle surveillait tout le monde, constamment. Mais de toute façon, elle pouvait mettre une prise sur votre ligne chaque fois qu’elle le désirait. On devait vivre, on vivait, car l’habitude devient instinct, en admettant que tout son émis était entendu et que, sauf dans l’obscurité, tout mouvement était perçu.

Winston restait le dos tourné au télécran. Bien qu’un dos, il le savait, pût être révélateur, c’était plus prudent. À un kilomètre, le ministère de la Vérité, où il travaillait, s’élevait vaste et blanc au-dessus du paysage sinistre. Voilà Londres, pensa-t-il avec une sorte de vague dégoût, Londres, capitale de la première région aérienne, la troisième, par le chiffre de sa population, des provinces de l’Océania. Il essaya d’extraire de sa mémoire quelque souvenir d’enfance qui lui indiquerait si Londres avait toujours été tout à fait comme il la voyait. Y avait-il toujours eu ces perspectives de maisons du XIXe siècle en ruine, ces murs étayés par des poutres, ce carton aux fenêtres pour remplacer les vitres, ces toits plâtrés de tôle ondulée, ces clôtures de jardin délabrées et penchées dans tous les sens ? Y avait-il eu toujours ces emplacements bombardés où la poussière de plâtre tourbillonnait, où l’épilobe grimpait sur des monceaux de décombres ? Et ces endroits où les bombes avaient dégagé un espace plus large et où avaient jailli de sordides colonies d’habitacles en bois semblables à des cabanes à lapins ? Mais c’était inutile, Winston n’arrivait pas à se souvenir. Rien ne lui restait de son enfance, hors une série de tableaux brillamment éclairés, sans arrière-plan et absolument inintelligibles.

Le ministère de la Vérité – Miniver, en novlangue1 – frappait par sa différence avec les objets environnants. C’était une gigantesque construction pyramidale de béton d’un blanc éclatant. Elle étageait ses terrasses jusqu’à trois cents mètres de hauteur. De son poste d’observation, Winston pouvait encore déchiffrer sur la façade l’inscription artistique des trois slogans du Parti :

LA GUERRE C’EST LA PAIX

LA LIBERTE C’EST L’ESCLAVAGE

L’IGNORANCE C’EST LA FORCE

Le ministère de la Vérité comprenait, disait-on, trois mille pièces au-dessus du niveau du sol, et des ramifications souterraines correspondantes.

(…)

Chapitre 2 (1984)

(…)

Winston avait l’impression d’errer dans les forêts des profondeurs sous-marines, perdu dans un monde monstrueux dont il était lui-même le monstre. Il était seul. Le passé était mort, le futur inimaginable. Quelle certitude avait-il qu’une seule des créatures humaines actuellement vivantes pensait comme lui ? Et comment savoir si la souveraineté du Parti ne durerait pas éternellement ? Comme une réponse, les trois slogans inscrits sur la façade blanche du ministère de la Vérité lui revinrent à l’esprit.

LA GUERRE C’EST LA PAIX

LA LIBERTÉ C’EST L’ESCLAVAGE

L’IGNORANCE C’EST LA FORCE

Il prit dans sa poche une pièce de vingt-cinq cents. Là aussi, en lettres minuscules et distinctes, les mêmes slogans étaient gravés. Sur l’autre face de la pièce, il y avait la tête de Big Brother dont les yeux, même là, vous poursuivaient. Sur les pièces de monnaie, sur les timbres, sur les livres, sur les bannières, sur les affiches, sur les paquets de cigarettes, partout ! Toujours ces yeux qui vous observaient, cette voix qui vous enveloppait. Dans le sommeil ou la veille, au travail ou à table, au-dedans ou au-dehors, au bain ou au lit, pas d’évasion. Vous ne possédiez rien, en dehors des quelques centimètres cubes de votre crâne.

Le soleil avait tourné et les myriades de fenêtres du ministère de la Vérité qui n’étaient plus éclairées par la lumière paraissaient sinistres comme les meurtrières d’une forteresse. Le cœur de Winston défaillit devant l’énorme construction pyramidale. Elle était trop puissante, on ne pourrait la prendre d’assaut. Un millier de bombes ne pourraient l’abattre.

(…)

Chapitre 4 (1984)

(…)

Les messages qu’il avait reçus se rapportaient à des articles, ou à des passages d’articles que, pour une raison ou pour une autre, on pensait nécessaire de modifier ou, plutôt, suivant le terme officiel, de rectifier.

Par exemple, dans le Times du 17 mars, il apparaissait que Big Brother dans son discours de la veille, avait prédit que le front de l’Inde du Sud resterait calme. L’offensive eurasienne serait bientôt lancée contre l’Afrique du Nord. Or, le haut commandement eurasien avait lancé son offensive contre l’Inde du Sud et ne s’était pas occupé de l’Afrique du Nord. Il était donc nécessaire de réécrire le paragraphe erroné du discours de Big Brother afin qu’il prédise ce qui était réellement arrivé.

De même, le Times du 19 décembre avait publié les prévisions officielles pour la production de différentes sortes de marchandises de consommation au cours du quatrième trimestre 1983 qui était en même temps le sixième trimestre du neuvième plan triennal. Le journal du jour publiait un état de la production réelle. Il en ressortait que les prévisions avaient été, dans tous les cas, grossièrement erronées. Le travail de Winston était de rectifier les chiffres primitifs pour les faire concorder avec les derniers parus.

Quant au troisième message, il se rapportait à une simple erreur qui pouvait être corrigée en deux minutes. Il n’y avait pas très longtemps, c’était au mois de février, le ministère de l’Abondance avait publié la promesse (en termes officiels, l’engagement catégorique) de ne pas réduire la ration de chocolat durant l’année 1984. Or, la ration, comme le savait Winston, devait être réduite de trente à vingt grammes à partir de la fin de la semaine. Tout ce qu’il y avait à faire, c’était de substituer à la promesse primitive l’avis qu’il serait probablement nécessaire de réduire la ration de chocolat dans le courant du mois d’avril.

(…)

Et cette galerie, avec ses cinquante employés environ, n’était qu’une sous-section, un seul élément, en somme, de l’infinie complexité du Commissariat aux Archives. Plus loin, au-dessus, au-dessous, il y avait d’autres essaims de travailleurs engagés dans une multitude inimaginable d’activités.

Il y avait les immenses ateliers d’impression, avec leurs sous-éditeurs, leurs experts typographes, leurs studios soigneusement équipés pour le truquage des photographies. Il y avait la section des programmes de télévision, avec ses ingénieurs, ses producteurs, ses équipes d’acteurs spécialement choisis pour leur habileté à imiter les voix. Il y avait les armées d’archivistes dont le travail consistait simplement à dresser les listes des livres et des périodiques qu’il fallait retirer de la circulation. Il y avait les vastes archives où étaient classés les documents corrigés et les fournaises cachées où les copies originales étaient détruites. Et quelque part, absolument anonymes, il y avait les cerveaux directeurs qui coordonnaient tous les efforts et établissaient la ligne politique qui exigeait que tel fragment du passé fût préservé, tel autre falsifié, tel autre encore anéanti.

Et le Commissariat aux Archives n’était lui-même, en somme, qu’une branche du ministère de la Vérité, dont l’activité essentielle n’était pas de reconstruire le passé, mais de fournir aux citoyens de l’Océania des journaux, des films, des manuels, des programmes de télécran, des pièces, des romans, le tout accompagné de toutes sortes d’informations, d’instructions et de distractions imaginables, d’une statue à un slogan, d’un poème lyrique à un traité de biologie et d’un alphabet d’enfant à un nouveau dictionnaire novlangue. De plus, le ministère n’avait pas à satisfaire seulement les besoins du Parti, il avait encore à répéter toute l’opération à une échelle inférieure pour le bénéfice du prolétariat.

Il existait toute une suite de départements spéciaux qui s’occupaient, pour les prolétaires, de littérature, de musique, de théâtre et, en général, de délassement. Là, on produisait des journaux stupides qui ne traitaient presque entièrement que de sport, de crime et d’astrologie, de petits romans à cinq francs, des films juteux de sexualité, des chansons sentimentales composées par des moyens entièrement mécaniques sur un genre de kaléidoscope spécial appelé versificateur.

Il y avait même une sous-section entière – appelée, en novlangue, Pornosex – occupée à produire le genre le plus bas de pornographie. Cela s’expédiait en paquets scellés qu’aucun membre du Parti, à part ceux qui y travaillaient, n’avait le droit de regarder.

(…)

Chapitre 7 (1984)

(…)

Le passé était raturé, la rature oubliée et le mensonge devenait vérité. Une seule fois, au cours de sa vie – après l’événement, c’est ce qui comptait –, il avait possédé la preuve palpable, irréfutable, d’un acte de falsification. Il l’avait tenue entre ses doigts au moins trente secondes. Ce devait être en 1973. En tout cas, c’était à peu près à l’époque où Catherine et lui s’étaient séparés. Mais la date à considérer était antérieure de sept ou huit années.

L’histoire commença en vérité vers 1965, à l’époque des grandes épurations par lesquelles les premiers meneurs de la Révolution furent balayés pour toujours. Vers 1970, il n’en restait aucun, sauf Big Brother lui-même. Tous les autres, à ce moment, avaient été démasqués comme traîtres et contre-révolutionnaires. Goldstein s’était enfui, et se cachait nul ne savait où. Pour ce qui était des autres, quelques-uns avaient simplement disparu. Mais la plupart avaient été exécutés après de spectaculaires procès publics au cours desquels ils confessaient leurs crimes.

Parmi les derniers survivants, il y avait trois hommes nommés Jones, Aaronson et Rutherford. Ce devait être en 1965 que ces trois-là avaient été arrêtés. Comme il arrivait souvent, ils avaient disparu pendant plus d’un an, de sorte qu’on ne savait pas s’ils étaient vivants ou morts puis, soudain, on les avait ramenés à la lumière afin qu’ils s’accusent, comme à l’ordinaire.

Ils s’étaient accusés d’intelligence avec l’ennemi (à cette date aussi, l’ennemi c’était l’Eurasia), de détournement des fonds publics, du meurtre de divers membres fidèles au Parti, d’intrigues contre la direction de Big Brother, qui avaient commencé longtemps avant la Révolution, d’actes de sabotage qui avaient causé la mort de centaines de milliers de personnes. Après ces confessions, ils avaient été pardonnés, réintégrés dans le Parti et nommés à des postes honorifiques qui étaient en fait des sinécures. Tous trois avaient écrit de longs et abjects articles dans le Times pour analyser les raisons de leur défection et promettre de s’amender.

Quelque temps après leur libération, Winston les avait vus tous trois au Café du Châtaignier. Il se rappelait cette sorte de fascination terrifiée qui l’avait incité à les regarder du coin de l’œil.

C’étaient des hommes beaucoup plus âgés que lui, des reliques de l’ancien monde, les dernières grandes figures peut-être des premiers jours héroïques du Parti. Le prestige de la lutte clandestine et de la guerre civile s’attachait encore à eux dans une faible mesure. Winston avait l’impression, bien que déjà à cette époque, les faits et les dates fussent confus, qu’il avait su leurs noms bien des années avant celui de Big Brother. Mais ils étaient aussi des hors-la-loi, des ennemis, des intouchables, dont le destin, inéluctable, était la mort dans une année ou deux. Aucun de ceux qui étaient tombés une fois entre les mains de la Police de la Pensée, n’avait jamais, en fin de compte, échappé. C’étaient des corps qui attendaient d’être renvoyés à leurs tombes.

Aux tables qui les entouraient, il n’y avait personne. Il n’était pas prudent d’être même seulement vu dans le voisinage de telles personnes. Ils étaient assis silencieux, devant des verres de gin parfumé au clou de girofle qui était la spécialité du café. Des trois, c’était Rutherford qui avait le plus impressionné Winston.

Rutherford avait, à un moment, été un caricaturiste fameux dont les dessins cruels avaient aidé à enflammer l’opinion avant et après la Révolution. Maintenant encore, à de longs intervalles, ses caricatures paraissaient dans le Times. Ce n’étaient que des imitations de sa première manière. Elles étaient curieusement sans vie et peu convaincantes. Elles n’offraient qu’un rabâchage des thèmes anciens : logements des quartiers sordides, enfants affamés, batailles de rues, capitalistes en haut-de-forme (même sur les barricades, les capitalistes semblaient encore s’attacher à leurs hauts-de-forme). C’était un effort infini et sans espoir pour revenir au passé. Rutherford était un homme monstrueux, aux cheveux gris, graisseux, en crinière, au visage couturé, à la peau fiasque, aux épaisses lèvres négroïdes. Il devait avoir été extrêmement fort. Mais son grand corps s’affaissait, s’inclinait, devenait bossu, s’éparpillait dans tous les sens. Il semblait s’effondrer sous les yeux des gens comme une montagne qui s’émiette.

Il était trois heures de l’après-midi, heure où il n’y a personne. Winston ne pouvait maintenant se souvenir comment il avait pu se trouver au café à cette heure-là. L’endroit était presque vide. Une musique douce coulait lentement des télécrans. Les trois hommes étaient assis dans leur coin, presque sans bouger, et sans parler. Le garçon, sans attendre la commande, apporta des verres de gin frais. Il y avait à côté d’eux, sur la table, un jeu d’échecs dont les pièces étaient en place, mais aucun jeu n’avait commencé. Il arriva alors un accident au télécran, pendant peut-être une demi-minute. L’air qui se jouait changea et le ton de la musique aussi. Il y eut alors… mais c’était un son difficile à décrire, c’était une note spéciale, syncopée, dans laquelle entrait du braiement et du rire. Winston l’appela en lui-même une note jaune. Une voix, ensuite, chanta dans le télécran :

Sous le châtaignier qui s’étale,

Je vous ai vendu, vous m’avez vendu.

Ils reposent là-bas. Nous sommes étendus,

Sous le châtaignier qui s’étale.

Les trois hommes n’avaient pas bougé, mais quand Winston regarda le visage ravagé de Rutherford, il vit que ses yeux étaient pleins de larmes. Et il remarqua pour la première fois, avec comme un frisson intérieur, mais sans savoir pourtant pourquoi il frissonnait, qu’Aaronson et Rutherford avaient tous deux le nez cassé.

Un peu plus tard, tous trois furent arrêtés. Il apparut qu’ils s’étaient engagés dans de nouvelles conspirations dès l’instant de leur libération. À leur second procès, ils confessèrent encore leurs anciens crimes ainsi que toute une suite de nouveaux. Ils furent exécutés et leur vie fut consignée dans les annales du Parti, pour servir d’avertissement à la postérité.

Environ cinq ans après, en 1973, Winston déroulait une liasse de documents qui venait de tomber du tube pneumatique sur son bureau quand il tomba sur un fragment de papier qui avait probablement été glissé parmi les autres puis oublié. Il ne l’avait pas étalé que, déjà, il avait vu ce qu’il signifiait. C’était une demi-page déchirée d’un numéro du Times d’il y avait dix ans – comme c’était la moitié supérieure de la page, elle portait la date. Cette page présentait une photo des délégués à une réunion du Parti qui se tenait à New York. Au milieu du groupe, on pouvait remarquer Jones, Aaronson et Rutherford. On ne pouvait se tromper. D’ailleurs leurs noms figuraient dans la légende, au-dessous de la photo.

Le fait était qu’aux deux procès les trois hommes avaient confessé qu’à cette date ils se trouvaient sur le sol eurasien. Ils avaient pris l’avion à un aérodrome secret du Canada pour aller à un rendez-vous quelque part en Sibérie. Là, ils avaient conféré avec des membres de l’état-major eurasien à qui ils avaient confié d’importants secrets militaires. La date s’était fixée dans la mémoire de Winston parce qu’il se trouvait que, par hasard, c’était le jour de la Saint-Jean. Mais l’histoire complète devait se retrouver sur d’innombrables autres documents. Il n’y avait qu’une seule conclusion possible, les confessions étaient des mensonges.

Naturellement, cette conclusion n’était pas en elle-même une découverte. Même à cette époque, Winston n’imaginait pas que les gens qui étaient anéantis au cours des épurations avaient réellement commis les crimes dont on les accusait. Mais ceci était une preuve concrète. C’était un fragment du passé aboli. C’était le fossile qui, découvert dans une couche de terrain où on ne croyait pas le trouver, détruit une théorie géologique. Ce document, s’il avait pu être publié et expliqué, aurait suffi pour faire sauter le Parti et le réduire en poussière.

Winston avait continué à travailler. Sitôt qu’il avait vu ce qu’était la photographie et ce qu’elle signifiait, il l’avait recouverte d’une autre feuille de papier. Heureusement, quand il l’avait déroulée, elle s’était trouvée à l’envers par rapport au télécran.

Il posa son sous-main sur ses genoux et recula sa chaise pour se placer aussi loin que possible du télécran. Garder un visage impassible n’était pas difficile et, avec un effort, on peut contrôler jusqu’au rythme de sa respiration. Mais on ne peut maîtriser les battements de son cœur et le télécran était assez sensible pour les relever.

Il laissa passer, autant qu’il put en juger, dix minutes, pendant lesquelles il fut tourmenté par la crainte que ne le trahisse quelque accident – un courant d’air inattendu, par exemple, qui soufflerait sur son bureau. Ensuite, sans la découvrir, il jeta la photographie avec d’autres vieux papiers dans le trou de mémoire. En moins d’une minute peut-être, elle avait dû être réduite en cendres.

L’incident avait eu lieu dix, onze ans plus tôt. Aujourd’hui, probablement, Winston aurait gardé la photographie. Il était curieux que le fait de l’avoir tenue entre ses doigts semblait constituer pour lui une différence, même à cette heure où la photographie elle-même, aussi bien que l’événement qu’elle rappelait, n’était qu’un souvenir. « L’emprise du Parti sur le passé était-elle moins forte, se demanda-t-il, du fait qu’une pièce qui n’existait plus avait à un moment existé ? »

Mais à l’heure actuelle, en supposant qu’elle eût pu être, d’une manière quelconque ressuscitée de ses cendres, la photographie n’aurait même pas constitué une preuve.

Au moment où Winston l’avait découverte, déjà l’Océania n’était plus en guerre contre l’Eurasia, et il aurait fallu que ce fût en faveur des agents de l’Estasia que les trois hommes trahissent leur pays. Depuis, il y avait eu d’autres changements. Deux ? Trois ? Winston ne pouvait se rappeler combien. Très probablement, les confessions avaient été récrites et récrites encore, si bien que les faits et dates primitifs n’avaient plus la moindre signification. Le passé, non seulement changeait, mais changeait continuellement.

Ce qui affligeait le plus Winston et lui donnait une sensation de cauchemar, c’est qu’il n’avait jamais clairement compris pourquoi cette colossale imposture était entreprise. Les avantages immédiats tirés de la falsification du passé étaient évidents, mais le mobile final restait mystérieux. Il reprit sa plume et écrivit :

Je comprends comment. Je ne comprends pas pourquoi.

Il se demanda, comme il l’avait fait plusieurs fois déjà, s’il n’était pas lui-même fou. Peut-être un fou n’était-il qu’une minorité réduite à l’unité. À une certaine époque, c’était un signe de folie que de croire aux révolutions de la terre autour du soleil. Aujourd’hui, la folie était de croire que le passé était immuable. Peut-être était-il le seul à avoir cette croyance. S’il était le seul, il était donc fou. Mais la pensée d’être fou ne le troublait pas beaucoup. L’horreur était qu’il se pouvait qu’il se trompât.

Il prit le livre d’Histoire élémentaire et regarda le portrait de Big Brother qui en formait le frontispice. Les yeux hypnotiseurs le regardaient dans les yeux. C’était comme si une force énorme exerçait sa pression sur vous. Cela pénétrait votre crâne, frappait contre votre cerveau, vous effrayait jusqu’à vous faire renier vos croyances, vous persuadant presque de nier le témoignage de vos sens.

Le Parti finirait par annoncer que deux et deux font cinq et il faudrait le croire. Il était inéluctable que, tôt ou tard, il fasse cette déclaration. La logique de sa position l’exigeait. Ce n’était pas seulement la validité de l’expérience, mais l’existence même d’une réalité extérieure qui était tacitement niée par sa philosophie. L’hérésie des hérésies était le sens commun. Et le terrible n’était pas que le Parti tuait ceux qui pensaient autrement, mais qu’il se pourrait qu’il eût raison.

Après tout, comment pouvons-nous savoir que deux et deux font quatre ? Ou que la gravitation exerce une force ? Ou que le passé est immuable ? Si le passé et le monde extérieur n’existent que dans l’esprit et si l’esprit est susceptible de recevoir des directives ? Alors quoi ?

Mais non. De lui-même, le courage de Winston se durcit. Le visage d’O’Brien, qu’aucune association d’idée évidente n’avait évoqué, se présenta à son esprit. Il sut, avec plus de certitude qu’auparavant, qu’O’Brien était du même bord que lui. Il écrivait son journal pour O’Brien, à O’Brien. C’était comme une interminable lettre que personne ne lirait jamais mais qui, adressée à une personne particulière, prendrait de ce fait sa couleur.

Le Parti disait de rejeter le témoignage des yeux et des oreilles. C’était le commandement final et le plus essentiel. Son cœur faiblit quand il pensa à l’énorme puissance déployée contre lui, à la facilité avec laquelle n’importe quel intellectuel du Parti le vaincrait dans une discussion, aux subtils arguments qu’il serait incapable de comprendre, et auxquels il serait encore moins capable de répondre. Et cependant, il était dans le vrai. Le Parti se trompait et lui était dans le vrai. L’évidence, le sens commun, la vérité, devaient être défendus. Les truismes sont vrais. Il fallait s’appuyer dessus. Le monde matériel existe, ses lois ne changent pas. Les pierres sont dures, l’eau humide, et les objets qu’on laisse tomber se dirigent vers le centre de la terre.

Avec la sensation qu’il s’adressait à O’Brien, et aussi qu’il posait un important axiome, il écrivit :

La liberté, c’est la liberté de dire que deux et deux font quatre. Lorsque cela est accordé, le reste suit.

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Eric Roux

Auteur, essayiste, représentant d'un mouvement religieux international, musicien et défenseur acharné de la liberté de conscience, Eric Roux a rejoint la rédaction de Rebelle(s) en cours de route, pour des raisons d'amitiés. Pas très fan des idéologies, il écrit principalement sur ce qu'il connait...

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  • Une famille humaine au cœur des ténèbres 23 mars 2025
  • Laterna Magica 23 mars 2025
  • Le territoire des ronces 23 mars 2025
  • Trump, Zelensky, hospitalité et déclin de l’Amérique 9 mars 2025
  • L’avènement de Michael Jackson, Invincible et fin du King of Pop 9 mars 2025
  • frank : sonnets 8 mars 2025
  • Histoires courtes et durables 8 mars 2025
  • À Jean-Luc 2 mars 2025
  • Emmène-moi loin d’ici, la lumière me manque 2 mars 2025
  • À contre-ciel : éloge d’un révolté 2 mars 2025
  • Salut l’ami ! Attends-moi là-bas ! 2 mars 2025
  • Fracas et furie 2 mars 2025
  • Jean-Luc Maxence en allé ! 2 mars 2025
  • Poème à Jean-Luc Maxence 2 mars 2025
  • Le goût du feu 2 mars 2025
  • Tu es « né au Ciel » 2 mars 2025
  • Le poète thérapeute, l’ami infaillible 2 mars 2025
  • Saint-Rémy 23 février 2025
  • Identification d’une femme 23 février 2025
  • M. QUELLE 12 février 2025
  • Antichrist 12 février 2025
  • L’avènement de Michael Jackson, Dangerous 10 février 2025
  • C’était mieux après ! 9 février 2025
  • Ghost Dog – La voie du samouraï 9 février 2025
  • Qu’arrive-t-il à la terre en Ukraine aujourd’hui ? 31 janvier 2025
  • Architecture et montagne 31 janvier 2025
  • Transfuge de classe 24 janvier 2025
  • Et pourtant, l’espoir 24 janvier 2025
  • Sommes-nous toujours Charlie ? 18 janvier 2025
  • Nos cauchemars sont calmes comme des oiseaux endormis 18 janvier 2025
  • Moravagine, un livre envers et contre tout  18 janvier 2025
  • Jean-Luc Maxence 15 décembre 2024
  • Boualem Sansal 30 novembre 2024
  • La belle vie ! 30 novembre 2024
  • Chemin d’égarement et point de non-retour 26 novembre 2024
  • Le voyage essentiel de Jodorowsky 25 novembre 2024
  • Choisir son camp 24 novembre 2024
  • Le multilatéralisme, les nouveaux centres de pouvoir et les BRICS 21 novembre 2024
  • Un chemin d’égarement 16 novembre 2024
  • Itinéraire court au centre de la Galaxie 16 novembre 2024
  • Maman s’était encore envolée 16 novembre 2024
  • Fugue 16 novembre 2024
  • J’appelle la pluie des faibles 16 novembre 2024
  • Tombouctou 16 novembre 2024
  • En sortant de l’école 16 novembre 2024
  • Échos désagrégés 16 novembre 2024
  • Pas coupables, mais responsables 16 novembre 2024
  • Saint-Roch 16 novembre 2024
  • Situ 16 novembre 2024
  • d’égarement et de défaites 16 novembre 2024
  • Je ne dors pas, je suis sans milieu 16 novembre 2024
  • Le livre surréaliste au féminin, esthétique avant-gardiste promue par les femmes artistes 14 novembre 2024
  • L’avènement de Michael Jackson, Bad 12 novembre 2024
  • Habiter sa trace 5 novembre 2024
  • Du cyber-harcèlement à l’agression sexuelle il n’y a qu’un pas–sage à l’acte 3 novembre 2024
  • De l’ironie dramatique 2 novembre 2024
  • Denez Prigent 27 octobre 2024
  • Hommage au poète Kenneth White 27 octobre 2024
  • L’avènement de Michael Jackson, Thriller, les vidéos 23 octobre 2024
  • Enfin j’arrive à me coucher 20 octobre 2024
  • Télé Z 20 octobre 2024
  • Amok 19 octobre 2024
  • Envers et contre tout 13 octobre 2024
  • Du journalisme de pacotille 13 octobre 2024
  • La haine de l’autre, exutoire de la haine de soi 13 octobre 2024
  • Questions à Gérard Netter, psychologue clinicien 13 octobre 2024
  • Interview de Mattéo Vergnes, peintre et poète 13 octobre 2024
  • La montagne de l’incertitude 13 octobre 2024
  • Basket fauteuil – Femmes : Chine / Grande- Bretagne 13 octobre 2024
  • Arrêtez 13 octobre 2024
  • En enfer et contre tout ! 13 octobre 2024
  • Ailefroide 13 octobre 2024
  • Dialogue aux Envers 13 octobre 2024
  • L’ire au nid 13 octobre 2024
  • Les battements d’ailes 13 octobre 2024
  • Variations sur l’ironie 13 octobre 2024
  • L’avènement de Michael Jackson, Thriller, la musique II 7 octobre 2024
  • Le ver de cuivre 29 septembre 2024
  • L’avènement de Michael Jackson, Thriller, la musique I 5 septembre 2024
  • D’ici 1 septembre 2024
  • Les 114 (suite) 17 août 2024
  • Les 114 10 août 2024
  • Mircea Eliade 17 juillet 2024
  • Russie : le chaman anti-Poutine interné en psychiatrie ne sera pas libéré (Alexandre Gabychev) 16 juillet 2024
  • L’avènement de Michael Jackson, Off The Wall 16 juillet 2024
  • Le gymnaste des tartines 10 juillet 2024
  • Highlands 6 juillet 2024
  • Le « mais » nouveau est arrivé 27 juin 2024
  • Islamisme, et lutte idéologique 27 juin 2024
  • Michael Jackson 1 : l’avènement de Michael Jackson, les Jacksons 26 juin 2024
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  • L’oie et les deux jars 7 juin 2024
  • Détruire la démocratie pour sauver la démocratie ? 25 mai 2024
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  • Clément Rosset 10 mai 2024
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  • Échelle de nombre 10 mai 2024
  • Bob Marley, prophète rasta d’une fraternité universelle et laïque – Quatrième partie – Kaya 9 mai 2024
  • Entretien avec Regina Elsner – L’Ukraine a une tradition historique de pluralité religieuse et de tolérance 5 mai 2024
  • Bob Marley, prophète rasta d’une fraternité universelle et laïque – Troisième partie 5 mai 2024
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