
Dans le chapiteau étoilé de l’espérance
L’indomptable et fougueux cheval de la jeunesse enviée, rêve…
Pour sa robe de feu ont brûlé les patiences et les jeux de maîtrise de notre apprendre à vivre. L’animal enfin sous rennes après un soubresaut de panache dans des amours tardives s’est raidi, lignifié sous le mords de l’âge en un manège de cheval de bois pris dans le bariolage d’aspirations bricolées.
Je sais bien ce qu’est l’amour
Et son agitation d’espérance
Sa promesse de terre accaparée
Sa soif d’être et sentir
Son magnétisme augmenté
De volonté irrésistible
Je sais bien ce qu’est l’amour
Et son visage persistant
Sur tentures ondoyantes, peau
D’éclats de fond d’âme
Jouant l’astre attractif
Sur yeux fascination
Je sais bien ce qu’est l’amour
Son menu alléchant
D’éternel recommencement
De paix et feux sous cape
De paupières mi-closes
Propulsant des prouesses plaisirs
Je sais bien ce qu’est l’amour
Ses serres d’aiglon libre
Et sa voracité
Quand il est délaissé…
Dentelles aux boucles blanches de frisottis jazz découpées sur le bord à rebondir d’un bonheur de rien dans le film sans fin faisant centre sur le contour mouvant tout orange d’un nuage. Mais quel nuage ! Tout en dessous de la masse énorme de l’orage débordant dans l’aspirateur torsadant les herbes touffues sur les talus, saluts broussailleux de lisière aux champs dressés de la laine véloce de la moisson à prendre encore des céréales. Il fait bon ne plus croire à l’espérance trop vaste, ni à la désillusion, non plus que se laisser attendrir aux conversations sans sujet autre que faire connaissance sur un mode neutre.
Regarder et voir est un mode satisfaisant, sourd à la patrie du tonnerre découvrant le disque soucoupe illuminé du petit soleil orange depuis le train. Le soir file. Il suit les sillons des machines à couper, à trier, à soigner, les herbes que nous avons sélectionnées, race industrieuse, et dont je n’ai même pas la connaissance. Tout s’étale en voile de poussière sépia, traîne de tracteur. Retombée où tout se résout. De nos ignorances, et de nos chaînages d’activités, pourtant en solidarité.
Deux amies
Deux amies douces en sororité
Allant du même pas
Se parlant face à face
Dans un rythme tranquille
Jointes de parallèles
Dans l’histoire de leurs vies.
Des enfants, des enfants
Leur choix d’être maman…
Des époux, des époux
Des passions ; désamours…
Un métier, un métier
En forme d’engagement
Une maison, cœur-foyer
Où luisent leurs racines
En rhizomes du futur
Des envies, du plaisir
L’art de savoir faire vivre
La joie de profiter
Deux amies, deux alliées
Vont en complicité.
Verlaine
C‘est de la petite musique que ces vers-là, de ce Verlaine qui tricote ses mailles impaires et bien habiles, musique de la vie qui vite s’en vient et va, au loin, bien haut qu’il faut la retenir, là, au chaud dans les rides des sourires las, dans les clameurs de quelques voix, charmer par l’insolence enfantine de ces vers à tu et à toi avec des exercices métriques, tirés au cordeau ; hardis, prolongés en rejets pour s’étaler ou se terminer avec ce point à bâtonnet pour s’esclaffer ! Le prix de l’ici grimpe sous le regard sévère de l’au-delà. Avec tes mots petits, modestes et chatoyants tes chansons presque lestes ont des reflets, effets de passé. « Fantômatismes » de grand front de poète endeuillé par l’imperfection. S’y superposent espérances et regrets, rêves et réalité dans les fumigations ivres de ton mal de vivre. Ta musique est un chemin de cailloux blancs sous la dent timide d’un qui croque au plaisir- sans en faire des caisses. Ta souris blanche, de ses doubles incursions, esprit fureteur entre les deux mondes, trotte – grise de bonheur perdu.
L’attendue
L’attendue est sans visage plus. Un rêve adoré pour advenir, sans jamais se produire. L’attendue chargée de bras ouverts et de sourires immenses ne coïncide pas à celle qui descend, touche terre après le marchepied. Cette dernière est un avatar, une réalité. Être toujours imparfait.
L’attendue à ce goût perdu, d’espérance et de pardon. Son front se relevant s’évase en lenteur pleine, majestueuse à l’entièreté du ciel.
Regard dont les prunelles dansent des douceurs exquises, bouche charnue aux mots avenants.
L’attendue n’avait aucun engagement sur les promesses que d’autres pour elle avaient tenus. Sans doute l’aurait-elle fors voulus, si elle avait pu. De ce désir-là, l’attendue, d’essence absolue, ne mourra pas. Elle est comme la vierge statue, figure antérieure, primordiale intérieure, à laquelle aucune ne se compare plus. Voyez-vous, cette attendue, ce ne peut être moi.
Doré
Diapré de ces splendeurs, couleur de scarabée à la nuit tombée, du chiffonnage des nuages compliqués après les fureurs, doré des bijoux de pacotille, vêtement de l’âme en fête- moqueuse de la richesse grave des milliardaires gavés. Doré du soleil rosé des matins paisibles, s’étirant en ligne dans le bleu fluet, doux en début de symphonie, goûteux en tartine généreuse après celui de l’amour odorant de la nuit comblée. Doré en barreaux de lit de princesse d’enfance, riche comme la croûte aux saveurs en mélanges de chaleur et de blé monté. Doré dans la lueur de complicité d’un alter ego juste rencontré. À contempler le maintien des paysages statiques en saisissant ses arbres dressés en soldats de service, picorés de la mobilité saugrenue du vol des oiseaux.
Simple. Je ne suis plus que miroir.
Miroir et paume. Où vous faire boire dans le creux de la main sa belle eau.
Trouble de n’être à cet instant plus rien ou plus personne.
Et pourtant gaillarde de volonté.



