Après avoir sorti Thriller, dont le succès a dépassé toutes les espérances, Michael Jackson a dû se retrouver avec la même question obsédante que les Stones après Exile On Main Street, les Beatles après Sergeant Pepper’s Lonely Hearts Club Band, Fleetwood Mac après Rumours et, d’une certaine manière, tous les artistes ayant conscience d’avoir réalisé une oeuvre majeure : comment faire mieux que ÇA ?
De fait, l’album suivant mettra cinq ans à voir le jour. Il faut dire qu’entre Thriller et celui-ci, beaucoup de choses vont arriver.
La toile de fond
Thriller est plus qu’un album à succès, c’est un phénomène de société. En quelques mois, le monde a changé par cette musique et par sa diffusion. Tout ce qu’on considère désormais comme parfaitement normal dans la promotion musicale a été créé à l’époque pour cet album : les clips, la grande quantité de singles tirés de l’album, les apparitions médiatiques, etc. Le monde de la musique a changé à grands pas.
Outre le public noir, de jeunes blancs du monde entier, qui n’avaient jamais écouté de disco, de funk ou même de musique afro-américaine, sont devenus fans de cet album. Ça ratissait très large !
Evidemment, plein d’artistes noirs se sont engouffrés dans la brèche, eux qui étaient cantonnés habituellement au Top 10 R ‘n’ B. Parmi ceux-ci, un artiste talentueux fait de l’ombre à Michael Jackson : Prince. Son jeu de scène hors normes et son regard salace, sentant le sexe à plein nez, fait passer Michael pour un petit ange désuet, un rien bisounours. A l’époque, on disait : “il y en a un qui en a et l’autre pas”. De fait, Michael est obligé d’abandonner son attitude asexuée et “pure” pour incarner quelque chose d’un peu plus “vraie vie”, dans tous ses aspects. L’attitude d’ange tombé du ciel de Thriller, un peu coupée du réel, il faut bien le reconnaitre, va totalement être éclipsée par quelque chose d’un peu plus en contact avec la vraie vie. Le seul problème, c’est que la vraie vie, Michael n’en connait pas grand-chose : il a baigné dès le début dans le show biz, n’a pas eu d’enfance, pas d’adolescence et son expérience de la vie de jeune adulte est un peu limitée. Mais il est un très bon acteur, sait adopter un personnage avec talent et ça va le faire !
Bad
Ça commence très fort, dans un style “sexe et délinquance” ! On pourrait se croire dans un remake de West Side Story. Le clip, réalisé par Martin Scorsese lui-même, est terriblement impressionnant. Michael adopte des plans de danse beaucoup plus sexy. Il revisite et change totalement son image. Pour l’anecdote, c’est le premier vrai rôle de Wesley Snipes. L’histoire est intéressante dans ce long clip de 18 minutes : un gamin de la banlieue de New York a réussi à entreprendre de grandes études dans une bonne école. Pour un week end, il rentre dans son quartier défavorisé et ses amis, petites frappes et voyous, lui reprochent de ne plus être “mauvais”. Alors il doit prouver qu’il l’est encore. On ne s’échappe jamais vraiment du milieu d’où l’on sort.
The Way You Make Me Feel
Encore une histoire qui se passe dans les quartiers défavorisés. Michael s’y révèle très sexy et entreprenant avec une créature de rêve. Il veut vraiment casser son image d’ange asexué.
Speed Demon
Même si la musique mets vraiment du temps à démarrer (4 minutes), le clip est un mélange intéressant de l’univers Disney/film d’animation. Michael y dévoile certains de ses plans de danse les plus connus.
Man In The Mirror
Peut-être le plus beau morceau de Michael… Un hymne humaniste où, au milieu d’images de concert, on voit des archives de personnalités célèbres pour leur dévotion à l’Humanité. Et ces vers troublants : “Je commence avec l’homme que je vois dans le miroir, je lui demande de changer ses habitudes. Et aucun message n’aurait pu être plus clair : si tu veux faire du monde un endroit meilleur, jette un oeil sur toi-même et change !” Jamais Michael n’a été aussi près de la véritable grandeur de l’Humanité.
Smooth Criminal
Un clip de gangsters dansants ! Michael y est remarquable en tant que danseur, s’inspirant par moments de Fred Astaire.
Leave Me Alone
Un règlement de compte avec la presse à scandales qui ne cesse de faire courir des rumeurs abracadabrantes sur lui.
Le résultat des courses
Porté par le succès sans précédents de son prédécesseur, Bad fera un carton. D’autant plus que Michael démarre juste après sa sortie le Bad World Tour, tournée pharaonique de 123 concerts auxquels ont assisté 4,4 millions de personnes ! Pour couronner le tout, le film Moonwalker, qui inclus pas mal de clips de Bad, sortira pendant la tournée.
Bad figure lui aussi dans les meilleures ventes d’albums de tous les temps, sans rejoindre le sommet atteint par son illustre prédécesseur. Il est caractéristique d’une époque où on faisait dans le tout synthétique (boite à rythmes, synthés, etc)
S’il en était encore besoin, il est clair désormais que Michael Jackson est le King Of Pop !
La prochaine fois : l’album Dangerous