
L’album de la transition… Pour la première fois, ce n’est plus Quincy Jones qui produit. Michael ne s’est jamais clairement expliqué sur ce choix risqué mais il semblerait que Quincy, ayant été largement crédité médiatiquement pour son travail depuis Off The Wall et surtout sur Thriller et Bad, Michael ait voulu se montrer à lui-même qu’il était capable d’opérer seul…
L’une des fonctions d’un producteur est d’aider l’artiste à choisir et à placer dans le bon ordre les morceaux d’un album, pour en faire un tout homogène. C’est une forme d’art en soi et on peut dire que Quincy y a excellé sur Thriller en en faisant un album d’exception.
Et il est vrai que quand on écoute Dangerous en le comparant à ses illustres prédécesseurs, on a un peu une impression de dispersion.
Une recette répétée à l’envi
Dès le premier morceau, on est clairement dans l’air du temps avec sa batterie répétitive, omniprésente et sa progression d’accords à peine perceptible. La partie vocale semble être une partie de percussion de plus. Ça se faisait beaucoup dans les années 90 (RnB, Hip Hop, etc) et Michael avait déjà fait ça sur le premier morceau de Thriller, Wanna Be Startin’ Somethin’… Mais sur un seul morceau à l’époque. Là, on est dans le cas de figure où une bonne partie de l’album contient cette recette avec ce même groove de batterie et, qui plus est, sur le même tempo !
Inutile de dire qu’au bout de trois morceaux, ça commence à fâcher. Une des marques distinctives des albums de Michael Jackson jusque-là était le renouvellement et la diversité au fil de l’album. On en est désormais bien loin. Jamais Quincy Jones n’aurait laissé passer ça et son absence se fait cruellement sentir. De mon point de vue, mais ça n’engage que moi, la vérité est terriblement simple et cruelle : Michael Jackson c’était : Michael Jackson + Quincy Jones.
Quelques chansons surnagent quand même de tout cela et amènent de bien beaux moments à cet album par ailleurs un peu laborieux et difficile à écouter de bout en bout.
Remember The Time
Une chanson sur le fait de se souvenir d’un amour perdu en se demandant : « mais pourquoi ça n’a pas duré ? » Un clip magnifique :
Heal The World
Une belle chanson sur l’engagement caritatif de Michael :
Black Or White
La grande chanson de l’album, incontestablement ! Slash, de Gun N’ Roses, officie à la guitare et ça se sent ! Une grande chanson humaniste :
Will You Be There
La musique de Sauvez Willy :
Keep The Faith
Une très belle chanson sur le fait garder la foi, en Dieu, en soi et en la vie :
Gone Too Soon
Une reprise, chantée en hommage à Ryan White, un jeune garçon mort du sida suite à une transfusion de sang contaminé. Michael l’avait rencontré avant sa mort :
Pourquoi ?
Outre l’absence de Quincy Jones, on peut chercher d’autres raisons sur le fait que cet album soit difficile à écouter de bout en bout avec le recul du temps.
On sait qu’à l’époque Michael a fait une cure de désintoxication pour se débarrasser de sa dépendance aux calmants. C’est également la période où il est accusé d’abus sexuel sur mineur. Depuis le début des années 80, il souffre d’une dépigmentation de la peau qui va lui donner un teint de plus en plus blafard. Il s’est refaire le nez et son visage commence à projeter une image étrange. Bref, sur le plan physique, ça ne va pas très fort.
Il est loin le fringant afro-américain de la pochette de Thriller.
La prochaine fois : Invincible et du King Of Pop