Nous ressentions une terrible tristesse.
Un goût de poussière oubliée dans la bouche et qui nous avait mordus, conservé dans une terre lointaine que nous n’avions jamais connue.
Nous réfléchissions tardivement à ce qui nous avait fait n’être.
Recherchant une cohérence perpétuelle, dans le silence, où d’autres moi se perpétuent. Pour qui ? Pour quoi ? . Puis on ne sut plus le dire. Le cru était devenu crible, et cible à la fois.
Ailleurs, des masques rudes. Attractifs et réducteurs, ils faisaient peur. C’était du fin sans fond des âges, et qu’une épée désincarne, pourrions-nous les voir aujourd’hui comme les visions d’hommes par des femmes ? C’est dur à porter les peaux de chèvres. Nous le faisions. Était-ce le sacrifice du feu à la décharge des alluvions ? Pauvreté ou richesse. Leurs corps, par le cru se perpétue.
Des paysages confondus se révélaient les gestes. Notre parole ne fut plus, par incohérence de la vie. Vous demandiez la construction de phrases mais elle ne venait pas de soi. Peut-être d’un texte. Il y avait quelque chose, une ironie qui résistait. Quelque chose qui désirait parler sans maudire. Une jonction fut effacée entre deux phénomènes : celui qui pense, et l’autre qui s’adresse.
Il était écrit qu’il fallait dire avec la construction, logique d’un même que celui qui allait y répondre. Mais la vérité de nos comportements entre le dire, la pensée et le faire n’y était pas.
Qui l’eût cru ? Personne qui le terrassa.
Ni à toute échelle, ni en une. Il y avait la différence de profondeur entre le civil exprimé, et le se comporter pour de vrai.
Cet écart en forme de bijoux, nous faisait comprendre notre maladresse dans la façon même dont cette s’opère. Mais nous, n’avions que peu de choix, simplement deux mains, l’avenir devant nous. Avant qu’il ne s’efface, et que le monde n’éloigne de lui le rêve de tous.
Lisant des lettres, en surcharge sur nos corps, leur machine différenciée, de compositions, de traits, comme des entailles, des objets d’archers qui font nos blessures, des plaies dans l’espace, des déchirures, vos vides ouverts, et nos énigmes…
Derrière le réel aplati d’une photo quadri, parsemée de lignes d’encre obscure, il y avait quelque chose, une dimension qui n’avait sans doute pas d’yeux, mais qui par les nôtres, par l’imaginaire qui recrée, nous les infligeait. Derrière ces paysages semblant soudain sans profondeur, nous étions accaparés par le repli, remplissant par le verbe sarcastique d’une reconstitution. Un biopic cérébral ? Pour en éprouver sa certitude, il nous fallait visiter lui. Nous allions dans le sable, dans la forêt pour lire dans la terre, des écrits impuissants par un bâton. Pas d’interprétation possible. Juste une création.
À l’intérieur de nous, et du sombre au sommeil, se trouvait un extérieur. Nous définissions la forme de son univers, ou ce qui prédéterminait l’ensemble tel que nous le percevions. Ensuite, nous avons fait des lois de navigation et grâce à nos projections partielles, la carte de nos égoïsmes. Il fallait nous connaître, définir le réel de notre notre vie émotionnelle… Mais quelle gabégie !
Ces signes étaient-ils retranscription des vivants dans la connaissance, ou de planètes intimes, toujours en satellites ?
Ainsi, revenant de nos explorations, les fonds de cales pleins, nous décrivions absoute une ombre. Nous nous en approchions, à la manière “significative”.
Sur le port, le peuple retrouvait un amour, son disque n’était point rayé. Il me faut bien le dire que se vit dans la poussière oubliée qui avait été mordue, enracinée dans une terre lointaine ce que nul n’a lu, pas su, la lettre en tous.
Le vaste monde était dans la dentition d’un géant. Il attrapait, mâchait, avec son tranchant d’incisif, de sagesse, des mots en l’air, si proches de nous, et puis des alvéoles… Un jour le géant ne goûta plus à la vie, s’isola. Il se remplit de toutes les ordures, plus qu’il ne les dégusta. Son palais étant devenu feignant. Pour autant il n’engloutit. Il est une grande mâchoire qui sélectionne et hyper-fragmente une information pour n’en situer qu’une partie dans son plan de conquête et de persuasion tout en enjoignant de la métamorphoser en fait établi, en créant le consensus lui-même. Cette mâchoire mâche tous les enfants qui essayent de dire dans le détail ce qui est permis par la société et qui les mine et pourquoi il est bon de s’y arrêter. Quel que soit un discours, un fait ou une idée, il/elle est passé(e) sur la grille séquentielle et séparatrice telle une chair, un hachoir à titres menottés. Ainsi non seulement la parole est prise mais elle est supplantée par son désir même en quelque sorte. Aussi est-il difficile de devoir tout expliquer à chaque outrance vide par une consistance nourricière pour la pensée.
Redimensionnement
Action, le mouvement de vie.
J’en fractionne le temps,
ses portions et les secondes fugaces.
J’additionne des bonheurs,
Disons j’essaye, c’est déjà ça !
Sur le pont résiduel des austérités de tous ordres, des guerres que l’on nous disait élémentaires cher Watson, nous pensions à ce qui semblait être, au loin, tous les jours, cette porte de secours, la ligne secrète d’un autre tu, éclairée de couleurs. Nous désirions en naître. Chacun de nous avions quelque chose à nous dire. Chacun nous disions pour un, pour dix, des choses d’un autre, de nous, sur un, à et en chacun de nous. Nous plongions dans nos causes parfois pour y puiser un changement profond. Ce rêve à plusieurs d’où la vérité grandit. C’est-à-dire se libère. Le monde nous le changions. Il nous changeait. Un jour, le monde revint d’un long voyage, distrait, loin de la quadrichromie, des fins fonds d’un absolu liquéfié. Il se retourna lui-même en lui, et détacha de leur lustre toutes les années, les décennies. Les lettres se tournèrent en nous aussi. Portés par le monde ainsi tourné, les pénitents de la suie passèrent une frontière, un nouveau temps se décida. Il passa aussi. Le temps fut leur déplacement, leur changement. Ils pensèrent à l’intérieur comme à l’extérieur d’où l’on ne sait. Qu’est-ce que la stabilité? était-elle prédéterminée? Non. La connaissance les amenèrent vers la reconnaissance en une échelle différentielle sans hiérarchie. Mais le scepticisme peinait à s’y reconnaître.
Un soir, un bateau arriva sur une terre inconnue. Nous nous présentâmes ainsi en fanfare à la porte du sommeil. Ne tentant plus d’ignorer nos rêves. Ils étaient là, face à nous.