Sur les ruines de l’humanité, la peur est un être au visage dur, courbaturé, meurtri, aussi grand qu’un géant tremblant face à des situations politiques hostiles. Nuits sanglantes infinies dans lesquelles des éclairs plantent leurs crocs acérés dans le crâne des peuples anéantis.
Les maux et les mots des peuples opprimés sont aussi gros que des rochers. Ils descendent de leurs bouches sous forme de poignards, de verbes écorchés sur les pentes de montagnes en colère. Ils font place à des cris d’indignation aussi hauts que le toit du monde lorsque gronde la rage des courageuses et des courageux.
Face à la cruauté de nos civilisations, j’éprouve le besoin d’éteindre les écrans, de ne plus me laisser envahir par ce surplus d’informations, de désinformations. Il pleut souvent des larmes dans mon crâne. Météo catastrophique causée par un climat politique hostile partout où règnent des désordres militaires. Notre monde est t-il condamné à s’enflammer comme une allumette toujours rallumée ? Il pleut des larmes dans ma tête, pourtant, il fait soleil à l’extérieur de l’immeuble où j’habite.
Alors, par ces matins sourds, sous un nouveau jour, je me mets à rêver d’une pluie de lumière nous encourageant à nous chausser de nos bottes en plastique pour aller courir dans la gadoue du ré-émerveillement mondial. N’oublions pas de sauter dans des flaques d’espoir nous éclaboussant de joie, de sourire et d’espérances.
Depuis plusieurs jours, mon palais n’arrive pas à se séparer d’un goût amer et j’ai la bouche pâteuse, hydratée seulement par des cohortes de mauvaises nouvelles essayant tant bien que mal de ne pas avoir le moral aussi penché que la tour de Pise, un moral proche de l’effondrement.