
Théo Armen nous offre enfin son premier album de onze titres, et nous entraîne dans le sillage de ses enchantements, ses espoirs lumineux, envers et contre tout, ses inquiétudes, ses amours vivants et passés.
Auteur-compositeur-interprète encore trop peu connu s’impose pourtant, si l’on a la chance de l’écouter, par son talent multiple, qui apparaît au fil des chansons avec un naturel envoûtant – et plus encore quand on le voit sur scène, lors d’un concert, toujours intimiste.
Sa voix – comme son regard – gardent toute leur force pure des origines et leur feu originel. Aucune concession malgré la maturité chèrement acquise, malgré les égarements, malgré les blessures vécues dans des « bras prédateurs » et les cicatrices encore brûlantes. Quels que soient ses doutes sur la marche du monde, craintes de la possibilité d’une future « déferlante », Théo Armen avance « la tête haute » et nous y invite avec fougue. Car il y a encore des lieux « un peu à part », où puiser nos élans et construire « les plus beaux des refus ». Il existe des « chères inconnues » à aimer d’amitié, « les fleurs sur les volcans », « un prisme dans le ciel pluvieux », parfois au-dessus des cimetières, que l’on ne l’oublie pas. Et même des adieux peuvent ramener à la vie, aux retrouvailles avec soi (Etoh), au courage premier de l’enfant qui fait confiance et à celui du dernier départ « sans bagages inutiles » (Chemin de l’aqueduc). Cependant, la gravité profonde des textes se trouve souvent comme marbrée d’un filigrane d’humour, où surgit l’esprit espiègle de l’auteur. Jeux de mots, de sonorités ou d’images irisent la mélancolie. « Être gay c’est pas joyeux […] être gay c’est pas gagné / mais comme une licorne parmi les poneys ».
« L’amour ô grand jamais ne sera maladie / tant qu’il unit des adultes aux gestes consentis », affirme-t-il dans Le prisme, mais prévient aussi qu’« il faudra porter cette croix non choisie / ce bout d’étoile perdue ». Théo Armen nous emporte en voyage – ou apprentissage – dans « les bruissements de [son] coeur » et « les battements de [ses] ailes retrouvées ».
Bojenna Orszulak




