
On ne saurait être un vieux con digne de ce nom si l’on n’est pas un tant soit peu grincheux. Or, j’ai été « Râle d’or » au festival de la Grinche de Saint Pétard.
Je vous fait part de mes énervements sans ordre, ni logique ni hiérarchie. Vous pourrez ainsi voir que mes emportements sont éclectiques. Je vous invite d’ailleurs à faire votre propre liste. Et à ceux d’entre vous qui pourraient m’objecter que râler ne sert à rien, je répondrais que cela ne résout rien en effet mais ça fait un bien fou.
Voici donc quelques uns de mes énervements :
-Je ne peux me résoudre à habiter dans des chiffres. J’habite toujours dans le Rhône mais beaucoup d’autres ont commencé par habiter dans un numéro. Ils habitent le 69. Mais c’était encore trop demander à leurs facultés mathématiques et un peu long il est vrai. Alors, ils habitent maintenant dans le 6-9 (bien détacher les chiffres). D’autres habitent dans le 9-3 ou le 7-8. C’est du plus haut ridicule. Il est vrai qu’en parallèle, les adolescents ne parlent plus de leurs amis comme ayant 17 ou 21 ans, mais qu’ils disent c’est un 2004 ou une 2008. J’ai toujours l’impression qu’ils parlent de voitures !
-Vous êtes en voiture en ville. Á 100 mètres devant vous, à droite, arrive une voiture. Elle s’arrête au panneau « Cédez le passage ». Vu votre allure, elle aurait cent fois le temps de passer. Mais non. Elle s’engage juste assez pour bloquer la rue et attends ensuite de voir si vous allez vous arrêter. Comme si vous aviez le choix ! Et en plus, le chauffeur vous remercie d’un grand sourire !
-Je déteste la publicité, sous toutes ses formes. Impossible d’y échapper, sauf à la télé ou à la radio où je coupe le son ou l’image. Pourtant la publicité peut-être drôle, visuellement intéressante et même intelligente. Oui mais… d’abord elle n’a d’autre but que de vous vendre un truc. C’est une très belle femme (ou un très bel homme). Elle vous regarde dans les yeux, vous enlace, danse avec vous et vous dit que vous êtes beau, riche et intelligent. Mais tout en dansant, elle glisse sa main dans votre poche et vous pique votre porte-feuille. Fin de la danse, vous restez comme un con dépouillé. La pub est chronophage. Un film, une série commençaient il n’y a pas si longtemps à 20h40. C’est désormais 21h ou 21h10 ! Ensuite, la pub est « pédophile » et sait très bien cibler les enfants qui n’ont aucune défense ni à priori. Enfin, elle salit ce que vous avez de plus intime. Vous savez, cette chanson que vous adorez, que vous écoutiez les yeux fermés, dans le noir. La chanson qui vous parle dans votre jardin secret. Et bien la pub va s’en servir pour vendre un déodorant, des pâtes ou des croquettes pour chien. Désormais pour toute une génération, cette chanson adorée évoquera des couches-culottes ou du dentifrice !
-J’exècre les hôtels avec piscine à 200 mètres de la mer, et les maisons de même. Dans la Creuse, ou la Saône et Loire, je veux bien, mais con et fainéant à ce point, cela dépasse mon entendement. Quand à ceux qui préfèrent ces piscines à la mer…
-Je déteste les gens qui posent des questions mais qui n’écoutent pas les réponses.
-Je déteste les selfies. Je plains tous ces gens qui dans 20 ans n’auront que des photos d’eux-mêmes. De surcroît, c’est mochissime ! Au moins, point positif, la mode du manche-à-con semble passée.
Poussez-vous un peu, que l’on puisse voir la photo !
-Je déteste quand les cyclistes se mettent à être aussi cons que les automobilistes.
-Je déteste cette expression typiquement française, employée à tort dans 90% des cas : « J’ai bien le droit ! ». Commençons par l’argent. Ainsi, je me souviens de ce crétin patenté (et donc fier de lui) interpellant le président d’un : « C’est moi qui vous paie, alors j’ai le droit de… ». Depuis quand payer donne-t-il le droit de commander quoi que ce soit à des personnes, quelle qu’elles soient. Ainsi, si vous allez pendant 10 ans dans le même bar ou la même boulangerie, vous « payez ». Quel droit cela vous donne-t-il sur la barmaid ou le boulanger ? Cela voudrait également dire que celui qui paie des impôts a plus de droit que celui qui n’en paie pas.
Dans le domaine de la grande crétinerie, j’ai eu droit un jour à « Il y a des gens dont le travail est de nettoyer, donc j’ai bien le droit de salir !». Ne parlons pas de ceux qui, sous prétexte qu’ils ont femmes et enfants, croient avoir le droit de les traiter comme ils veulent.
Pour finir, je trouve fantastique ce pays où tout le monde a des droits mais où rigoureusement personne n’a de devoirs!
-Je supporte très mal l’expression : « J’ai envie de dire… ». Si tu as envie de dire, dis le !
-Je trouve désolant et crétin la mode du hamburger, ailleurs que dans les chaînes. Le hamburger n’est supportable que s’il n’est pas cher (c’est à peu près le seul intérêt des fast-food, qui ne sont d’ailleurs ni très fast, ni très food). Mais maintenant, beaucoup de restaurants, pour ne pas dire tous, affichent un burger, limousin, alsacien, breton, à la papa, à l’italienne…. tout ça de 14 à 20 euros. Interrogés, certains me disent : « J’en mange parce que j’adore la viande ! ». Et pour prouver qu’ils aiment la viande, ils la font descendre avec un soda ! De plus, faire un hamburger avec de la viande d’Angus, par exemple, c’est à peu près comme faire une sangria avec un château Yquem. C’est comme si on me disait: « J’adore le fromage ! » pour se gaver ensuite de Vache qui rit ou de Saint Moret ! Si tu aimes la viande prends un tournedos, paie-le 4 euros de plus et savoure ! Dites, la France n’était-elle pas connue pour sa gastronomie ?
-Les jeunes femmes qui s’apostrophent entre elles avec des: « Oh frère, j’m’en bat les couilles ! » me consternent au plus haut point. Gisèle Halimi et consœurs doivent faire 6 tours dans leurs tombes. Tous leurs combats pour ça ? Au secours !
-Je déteste quand un journaliste radio ou télé dit à son invité chanteur ou rappeur : « Finalement vous êtes un poète ! ». Bien sûr de nombreux textes de chansons sont magnifiques, mais ce sont des chansons, ce qui n’est en rien réducteur. Là où la remarque est d’une fauxculterie sans nom, est que si lesdits invités étaient vraiment poètes, ils n’auraient pas été invités ! Le présentateur serait d’ailleurs bien en peine de citer 3 ou 4 poètes vivants ! Et quand un poète est invité, chose rare, c’est souvent qu’il vient d’écrire un roman !
-Je trouve les tags très souvent laids, débiles et dégradants, au sens propre du terme. J’ai fait l’expérience dans ma rue (500 mètres environ) : pas un seul mur, poteau, porte, store, container, sans tag ! Les immeubles sont désormais fortement invités à payer des forfaits effaçage, qui ne sont pour les taggeurs, pardons les artistes, qu’une page blanche à souiller à nouveau. Certains commerçants, las de la chose, ont demandé à des « vrais grapheurs » de faire une œuvre sur leur stores ou volets, pour être tranquilles. Ce qui fut fait et pas trop désagréable à regarder ; Mais c’était trop simple ! Les taggeurs ne respectant rien (ce sont de vrais rebelles!), ne se sont pas gênés pour recouvrir lesdits graphes de leurs messages essentiels et illisibles, ce qui est malgré tout un avantage. En effet, quand des fois jaillit une phrase, voire un slogan, généralement d’une haute teneur et qui nous informe que la société est injuste, ce qui a quand même un côté informatif pour les distraits, l’orthographe pique les yeux. Dans le parc en contrebas, les bancs et les poubelles sont totalement recouverts. Les rochers sont bien attaqués, et, récemment, ils s’en sont pris aux arbres ! Je crois que seule la pelouse sera épargnée !
Voici quelques énervements. C’est vrai que ça soulage ! J’espère simplement que cela ne vous énervera pas trop.
Á suivre.



