Larmes. Matin.
Dans le silence vide.
Je n’ai pas tiré, je suis un homme. Je ne tire pas sur les hommes.
Je suis quelqu’un qui n’a pas le cœur froid.
Je tire sur le mot ennemi Guerre dont la matière n’est faite ni avec des sonnets, ni avec des rondeaux.
Je tire sur le corps de rouille produit par les penseurs à la pensée sèche et au cœur aride.
Ce matin le mot pacifique s’est posé calmement sur mes épaules.
Ce mot brisé par les balles cogne sur les victimes, qui malheureusement ne sont jamais reconnues, et inévitablement, seulement après, décorées sous forme de statue noyée dans le visage noirâtre de la barbarie pareille à du goudron.
Les soldats poètes meurent dans les tranchées et quand ils meurent ce n’est pas sur une feuille dorée.
Ils meurent à même la terre dans le creux de la tranchée infectée de rats, d’où surgissent vos mains sales, la tristesse et l’horreur d’un ordre, de vos ordres qui n’ont rien à voir avec le monde des mots.
Larmes. Midi.
Dans le brouillard de vos yeux.
Je n’ai pas tiré, je suis un homme. Je ne tire pas sur les hommes.
Je suis quelqu’un qui n’a pas de haine.
Je tire seulement sur les mensonges, les rôles, et les apparences, armé de mon âme en guise de balle.
Je tire sur le mot ennemi Guerre dont la matière faite de règles et d’obéissance pu la mort. Son corps osseux de rouille produit par des penseurs à la pensée sèche, au cœur autoritaire et sûr, saignent non pas des mots mais leur propre impuissance à aimer les mots.
Midi, le mot pacifique s’est posé calmement sur mes épaules.
Ce mot brisé par les balles cogne sur les victimes, ceux qui meurent de leurs différences, malheur inévitablement donné par ceux qui savent : les élus heureux.
Les différents roulent, poussés par la mitraille des faux vrais hommes. Les élus heureux noyés derrière leurs visages noirâtres imposent leur barbarie.
Les soldats poètes meurent dans les tranchées et quand ils meurent ce n’est pas sur une feuille dorée.
Ils meurent à même la terre dans le creux de la tranchée infectée de rats, d’où surgissent les ombres des paysages éblouissants de leurs rêves.
Vous, armés de vos ordres, vous n’avez rien à voir avec le monde des mots, mais vous vivez.
Larmes. Soir
Dans le brouillard de vos yeux.
Je ne tirerai pas, je suis un homme.
Je suis un homme qui n’a pas de venin dans la bouche. Mon âme en guise de balle n’effleure que les mots.
Je jette le mot ennemi Guerre en me rapprochant de Charles, Rainer, Jean, leur matière de chair loin de votre vivante mort me sert de lit.
Je m’endors.
Le corps osseux des penseurs couleur de rouille s’évapore, il produit du néant dans vos cœurs autoritaires et sûr d’eux.
Vous saignez, non pas par la blessure des mots, mais par votre propre impuissance à les aimer ; les mots.
Ce soir, le mot pacifique s’est posé calmement sur mes épaules. J’entends Louise, Fernando, René, Bernard.
Il est trop tard.
Ce mot brisé par les balles cogne sur les corps des poètes. Arthur, Antonin, Vénus, Ossip, Mati, Sapho, Khaled où êtes-vous ?
Alors vous riez sur leurs dépouilles, vous les heureux. Moi, je dépose une fleur sur leurs yeux, je pleure.
Les cris des poètes roulent sous la mitraille de ceux qui jugent. Les élus heureux noyés derrière leurs visages noirâtres imposent toujours leur barbarie et ils en jouissent.
Les soldats poètes meurent dans les tranchées, quand ils meurent ce n’est jamais sur une feuille doré, pas comme vous.
Ils meurent à même la terre dans le creux de la tranchée infectée d’insultes, de moqueries, de crachats et de haines d’où surgissent les ombres des paysages éblouissants de tous nos rêves.
Vous, armés de vos certitudes, les yeux injectés de mépris, vous ne serez jamais ce qu’est le monde des mots, mais fiers, vous vous donnez le droit de vivre parmi les ombres des vivants.
Moi, même-là couché sur la terre, je me cramponnerai à mes racines pour enterrer le mot bourreau et étouffer à jamais les sons de l’orgue de barbarie, accompagnant de mes pensées toutes les personnes qui ne demandaient qu’à vivre.
Mattéo Vergnes