
Les musées d’art moderne ou d’art contemporain sont une source assez constante de découverte, d’émerveillement, mais aussi de consternation qui alterne avec le fou-rire, tant les notices explicatives atteignent souvent des sommets de cuistrerie absconse :
-Tancrède Poussaucrime a d’abord fréquenté l’école des beaux-arts de Maubeuge avant de se plonger dans « le cloaque du monde » (sic) en devenant ouvrier dans l’usine de serpillières de Sainfoin sur Balourde. Outre un salaire plus que modeste, il tirera de cette expérience « un vécu esthétique »(sic) qui forgera désormais son approche artistique. Après 10 années à n’utiliser que des petits pois congelés, il élargira sa palette et s’ouvrira à d’autres matériaux. Ainsi, par son utilisation systématique du sparadrap (qu’il sèche, colle, déforme) conjuguée au Tupperware qu’il met en scène de façon iconique, il nous rappelle à quel point ce monde est malade, blessé qu’il est par l’omniprésence de l’objet industriel formaté, symbole d’un univers déshumanisé (où l’infini des possibles est ramené à sa plus simple expression) et de sa représentation, car même les arts sont devenus plastiques. Il nous invite par son geste spontané à questionner notre rapport à la mort ainsi qu’à l’altérité. Chez Tancrède Poussaucrime, en définitive, le sparadrap devient une arme, en tant qu’il sacralise notre obsession pharmaceutique. »
– « Avec cette vidéo de 42 minutes où l’on voit clairement des nuages immobiles, Guillemette Malenpoint franchit un nouveau cap dans sa radicalité esthétique. S’inspirant du travail de Gunther Abernicht, dont elle se réclame, elle fonde désormais son analyse du réel sur le non-mouvement, rejetant par là-même le rythme effréné d’un monde postmoderne, mu par l’ultramonopolisation des richesses engendrée par les algorithmes décidant en une nanoseconde des mouvements de capitaux. Dans ce contexte, l’observation des nuages devient une opposition de tout le corps, une rébellion silencieuse qui dit notre mal être au monde, aussi bien que notre aspiration à la transcendance et à la nébulosité. Remarquons (nous avons le temps!) que ce ne sont pas n’importe quels nuages. Elle a choisi des culbutopétrus qui, par leurs formes questionnent également le joug publicitaro-esthétique imposé aux femmes. »
– « Lee Ma Ong’, artiste pluridisciplinaire, délaisse le fusain sur mouchoirs usagés, qui était sa marque de fabrique, pour le collage de macaronis. Parti d’une réflexion sur l’initiation à l’art, notamment chez les tout-petits, son travail se veut ouvert et naïf, et signe un retour aux arts premiers, quand, l’humain, du fond de sa caverne, enchantait la pierre et lançait comme un cri qui se voulait naissance et dominait la peur des choses secrètes et tapies, la bête essentielle en chacun de nous. En choisissant comme support des cartons de bière, elle pointe aussi l’ivresse qui sommeille, la nécessité peut-être ontologique de s’étourdir. »



