
Article précédent – Attention, même si l’histoire qui va suivre semble être un conte de fée, tout ceci est bien réel et factuel. Ce rêve de gamin insensé qui a porté Filip, Frank et Adel depuis leur enfance a fini par se réaliser, de la façon la plus incroyable qui soit. Si leur histoire avait été racontée dans un roman ou un film, personne n’y aurait cru. Ça n’aurait pas été crédible parce que l’histoire des 2Be3 est presque trop belle pour être vraie.
Il était une fois deux gamins de banlieue qui habitaient dans une cité de Longjumeau dans l’Essonne. Frank et Adel se connaissent depuis l’enfance et ce n’est qu’au collège qu’ils rencontrent Filip. Ils sont tous trois passionnés de sport et de danse. Le mélange de ces deux disciplines les amène à mettre de l’acrobatie dans la danse, d’autant plus qu’ils suivent avec assiduité les émissions 100 % Hip Hop de l’animateur de TV Sydney. Les trois compères commencent à devenir très bons en breakdance. On met le doigt sur ce qui fait une particularité des 2Be3 : contrairement aux autres membres des boys band, ils ne dansent pas pour accompagner le chant. La danse est chez eux une fin en soi et une forme d’art à part entière.
En plus, ils ajoutent des acrobaties dans leurs chorégraphies. Le témoignage de la chorégraphe Mia Frye, qui a travaillé avec eux sur un spectacle, est assez édifiant : « les gens sont en général danseurs ou acrobates, rarement les deux. Eux, si. On pouvait leur demander d’incorporer n’importe quelle acrobatie dans une chorégraphie : ils savaient le faire. »
2Be3 – Le destin en marche
Ils sont inséparables et veulent réussir à percer et devenir célèbre avec leurs aptitudes chorégraphiques. A l’époque, ça ne marchait jamais : les gens nés en banlieue restaient toute leur vie en banlieue mais ils persistent à faire ce rêve déraisonnable. Frank explique le but réel du groupe à cette époque : « C’est de divertir les gens. Prendre du plaisir en donnant du plaisir. On avait envie d’exister, mais on ne savait pas comment. On savait qu’on représentait quelque chose pour les gens quand on se produisait. Quand on faisait des battles de breakdance, il se passait quelque chose. »
La Fortune met sur leur route François Gibault qui, outre le fait de les initier au yoga et à la gymnastique qui y est liée, leur fera découvrir « le monde », spécialement à Filip dont il restera toujours très proche. Il leur présentera également Lucette Destouches, la veuve de Céline.
Courant 1996, Filip et Frank participent à un concours de beauté en tant que mannequins. Filip sera premier et Frank quatrième mais le plus important n’est pas là. Dans les coulisses, ils ne cessent de démontrer leurs aptitudes à la danse et un chorégraphe leur conseille d’aller chez EMI qui recherche des artistes comme eux. Filip obtient un rendez-vous pour lui-même mais Frank et Adel viennent avec lui. L’intention est claire : ce sera tous les trois ou personne.
Les choses sérieuses commencent
Les cadres d’EMI sont impressionnés par leur façon de danser qui sort vraiment de l’ordinaire. Ils leur font passer un test de chant. Sans avoir jamais beaucoup chanté, Filip a tout de même une facilité à le faire. Il sera le chanteur principal. Tout en étant moins bon dans le domaine, Frank ne s’en tire pas trop mal. Adel a plus de problèmes. Il faut bien comprendre que le chant ne faisait pas du tout partie des choses qu’ils avaient travaillé. C’était un domaine dans lequel ils étaient totalement amateurs.
EMI leur fait suivre du coaching vocal intensif tous les jours et, au bout d’un mois, les trois arrivent à de très bons résultats qui leur permettent d’enregistrer un album en studio.
LE morceau qui a tout changé
Le compositeur Laurent Marimbert et la parolière Pénélope Marcellin sont engagés pour leur créer un répertoire. De tous les morceaux de l’album, Partir un jour se détache aisément en tant que single idéal :
Toutefois, cette première version par Laurent Marimbert ne plait pas trop à EMI et ils engagent Phil Simpson pour en faire un remix et ça nous donnera Partir un jour telle que tout le monde la connait avec un clip magnifique :
Et c’est le carton ! Chris Keller de G-Squad dira, bien des années plus tard : « Quand on pense à l’époque des boys band, on pense à Partir un jour et à aucun autre titre. C’est le morceau qui symbolise tout ça. »
Un parcours irréprochable
Outre le remix qui est vraiment très réussi, le clip est lumineux et fédérateur. Les 2Be3 y apparaissent tels qu’ils sont vraiment : des copains d’enfance en train de vivre un conte de fée. NRJ commence à programmer régulièrement le morceau et il ne manque plus qu’un petit déclic qui interviendra à l’émission de Jacques Martin. Grosse audience et pression maximale pour leur premier passage sur scène.
A l’époque, cette émission de TV draine une audience gigantesque. Le pari est énorme et les trois amis le savent bien. Tout peut changer avec ce passage TV, en mieux ou en pire. Pour assurer le coup, ils affrètent des bus et font venir leurs copains de Longjumeau à l’émission. Malgré tout, ils sont stressés au maximum, Filip vomira même avant de passer à l’antenne. Mais portés par leur rêve de gamins, ils transcenderont cette peur :
La France entière découvre les 2Be3 et les aime immédiatement. Jacques Martin, sensible à l’enthousiasme du public, leur demande même de revenir dimanche prochain.
A partir de là, plus rien ne sera jamais comme avant et Filip, Frank et Adel ne seront plus jamais les mêmes.



