La nuit, demain, la fin du monde, sont des sujets de peurs depuis l’origine des temps, chaque millénaire a ses fantasmes agrémentés de manipulations mercantiles ou métaphysiques tellement les hommes restent des gogos inquiets. Depuis 10000 ans des prévisions tapageuses de chaos sont colportées, elles témoignent de l’angoisse humaine, d’un besoin de mainmise sur l’humanité, de la refréner, tellement l’animal-homme déborde facilement vers la barbarie. Alors le déluge, la destruction de Babel et de Sodome, les famines, les épidémies sont dits de justes châtiments pour les péchés des hommes. Les maladies étaient les sanctions de Dieu, les guérisons procédaient de son bon vouloir… De quoi obéir aveuglément et n’être jamais tranquille.
Le catastrophisme est mobilisateur
Une fin de notre monde est possible, elle dépendrait d’un astéroïde, d’une éruption solaire, d’un trou noir gigantesque, d’une rupture cosmique. Risque statistiquement négligeable. Les astronomes s’appliquent à scruter le ciel. Pour l’instant nous avons 3 à 4 milliards d’années possibles sur notre planète. Juste avant, il faudra partir, les découvertes actuelles s’y emploient…
Mais on nous annonçait que le 5 octobre 2017 la Terre serait heurtée par la planète X… Une fois de plus… Une nouvelle fin du Monde selon la description des Livres où l’Horloge de l’Apocalypse serait en marche et l’avait annoncée pour l’an 2000, 2005, 2012, 2017. Pourquoi tous ces ratages précédents ? Une seule bonne annonce aurait dû suffire!
La logique de la science et de Darwin dérange ceux dont les croyances ne prouvent rien; l’effroi de disparaître a constamment interpellé des individus dont les délires métaphysiques de fanatiques d’un jugement dernier renouvellent les prédictions. Le catastrophisme est mobilisateur L’angoisse des hommes s’incarne dans l’écriture, ils y cherchent explications, justifications et solutions à l’inconnu de l’Histoire, alors qu’ils négligent les conséquences de leurs propres réalisations: bombes atomiques, destruction de l’ozone, SIDA, pollution. Qui s’alarme pour demain?
Notre paix est en jeu
Un astéroïde nous mettrait tous d’accord, voir la disparition des dinosaures. Mais dans l’instant, il y a bien plus grave que la planète X: actuellement pour qui sonne le glas ? Des attentats, des sacrifices anachroniques, des morts inusitées nous assaillent aveuglément.
L’Occident ne comprend pas, s’interroge. Le progrès a lénifié l’Être, la rationalité de l’esprit critique a imposé sa logique universelle, et voilà que surgit un langage d’outre-tombe, un galimatias de mal-êtres qui s’exprime par le borborygme de vils attentats dénués de la grandeur et gloire des Kamikazes. Ce récent langage de barbares, l’on ne peut le réfuter, il faut s’astreindre à le comprendre. Notre paix est en jeu. L’hégémonie judéo-chrétienne a propulsé science et techniques à des sommets dont a profité l’Humanité entière. Dans cette prospérité et le soulagement des contraintes, le profit a puisé sans vergogne dans le stock des réserves humaines et de la Nature. N’a-t-on pas sans cesse détruit pour améliorer nos conditions matérielles ? Nourrir la chair, libérer le corps, prolonger la vie, soigner mieux, très bien! Mais pour en faire quoi ? Les hommes ne se nourrissent pas que de pain. Qui a proposé de regarder le même horizon?
Une dimension a été oubliée, un dialogue a été rompu avec ceux qui ne pouvaient suivre cette course en avant. Les opposants écologistes sont bien frêles dans leurs déterminations, il en est autrement pour une religion autoritaire qui s’est engouffrée dans le vide laissé par le succès de la technique. Il paraît plus facile de mettre son salut dans l’obéissance aveugle à un Dieu que des hérétiques ont transformé en guerrier sanguinaire désirant la conquête du monde à son image.
De notre côté, l’ordinateur et le web nous ont donné un statut déiforme par ses côtés de connaissances sans limites, immédiates et ubiquitaires. Dieu était mort et avec cette technique, brusquement, son ombre a basculé dans des oubliettes irréversibles.
Cela a-t-il été le facteur supplémentaire de révolte, pour des esprits stricts aux croyances inconditionnelles voulant exister même par le Mal ? Avec son retard historique de près de 7 siècles, l’Islam est une proie facile à l’absolutisme d’une foi intransigeante. Le salafisme se distingue par sa rigueur, son idéal de conquête du monde, il doit éliminer tous ceux qui pensent, croient autrement. Nuances et réflexions, lectures et musiques sont interdites, tout esprit critique est à sanctionner. D’où une régression infantile, l’efflorescence de bourreaux ne faisant qu’appliquer la loi: les mécréants, les autres religions, les déviants de l’Islam ne sont plus que des animaux à abattre. Tous les moyens sont bons pour cela, et les guerres de religions sont bien plus meurtrières qu’un hypothétique astéroïde.
Nous voilà à la vraie fin du monde
Voilà la vraie fin du monde, celle qui embrigade, formate la conscience. Ce serait la fin du monde de l’esprit, cette tentative est si brutale qu’elle nous réveille, elle pointe du doigt une perte de nos valeurs: la solidarité, la poésie, la transcendance humaine, la finalité de l’existence.
Pour comprendre les attentats, à nous d’imaginer le vivre de ceux qui rejettent l’Occident et ses efforts de démocratie, de liberté de penser, de confort social. Pas de hiérarchie en Islam car la soumission aux 5 piliers devait suffire à vivre paisiblement dans la poésie et la beauté; mais pour des raisons politiques, pour mieux se différencier, se reconnaître, de temps en temps, la folie meurtrière gagne les hommes, la paranoïa de la pureté devient prétexte aux pires atrocités.
Soyons sérieux, perte de temps ces racontars sur une planète X, Y ou Z, en octobre ce ne sera pas la Fin du Monde. Alors, c’est quand la Fin du Monde?
Chaque jour est la fin d’un monde, celui d’hier. Nous ne sommes jamais semblables à ce que nous étions la veille et nous sommes dans une irrépressible évolution du monde. Jadis, le roi à peine mort, on criait vive le roi! Pouvons-nous continuer ainsi en aveugles et sourds ?
Ensemble protégeons le monde dès aujourd’hui, pour que nos petits-enfants n’en connaissent pas la fin.
François de Fabiol