Bernard Werber n’a nul besoin qu’une novice comme moi lui fasse de promotion et pourtant je vais prendre le risque de vous donner envie de le découvrir, ou de le redécouvrir.
Dans l’Ultime secret, son couple d’enquêteurs aussi mal accordés que Frida Kahlo l’était à Diego Rivera, s’attaque à comprendre le vaste sujet du cerveau et du plaisir, mais aussi de l’Homme contre la machine. L’auteur nous propose de suivre les journalistes dans leurs recherches et de nous interroger sur la place des ordinateurs dans nos vies, leurs savoirs et compétences augmentant plus rapidement que les nôtres, simples êtres de chair. Il nous fait même espérer, en avançant dans l’intrigue, une alliance pacifique et idyllique entre nous et cet amas de circuits imprimés et autres cartes mémoires qu’est notre ordinateur de bureau, objet magique relié au reste du monde par Internet et pourtant, abandonné dans un recoin du salon, prenant bien souvent la poussière. Pauvres de nous, nous nous laissons berner et acceptons de croire à ce mariage entre intelligence artificielle et intelligence humaine.
Werber nous donne à voir une société où l’Homme pourrait goûter au plaisir ultime, celui au-dessus de l’orgasme : le Nirvana à portée de clic. N’y cherchez aucune image cachée ; littéralement, le plaisir qui transcende nous est donné par un clic et une puce électronique placée au bon endroit de notre cerveau si mal employé d’être humain.
Entre un club épicurien où le plaisir est un mode de vie, le syndrome d’enfermement d’un banquier à jamais alité et un champion du monde d’échecs capable de battre le plus puissant des ordinateurs, nous sommes amenés à réfléchir aux sources de notre plaisir et aux actions que nous sommes prêts à réaliser pour l’assouvir. Werber nous oblige à aller questionner cette part d’ombre de notre psyché, celle que l’on préfère maintenir cachée, de peur d’y déceler l’indicible.
Presque vingt ans après sa sortie, les questionnements qui nous assaillent à la lecture de l’Ultime secret sont toujours aussi puissants. Peut-être sont-ils même accentués par la quasi suprématie qu’a l’avènement de la technologie et des réseaux sociaux dans la moindre parcelle de nos vies. Qu’en reste-t-il de secret, de ces dernières ? Qu’en est-il de nos plaisirs, si aisément assouvis en une recherche sur internet effectuée en moins de deux secondes par de super ordinateurs ?
Peut-être la lecture de l’Ultime secret vous permettra-t-elle d’accéder à votre inconscient et de répondre à quelques-unes de vos interrogations…