Au début des années 60, San Francisco est devenue la capitale de la libre pensée. Le roman « Sur La Route » de Jack Kerouac en 1957 en a fait la Terre Promise des Beatniks, eux-mêmes adeptes de voyages initiatiques, de grands espaces, de Jazz débridé et de routes américaines parcourues en auto stop.
Au milieu des années 60, émerge sur les collines de la ville le mouvement Hippie. De la même façon que les Beatniks, leurs rêves sont aux antipodes de l’American Way Of Life. Paix, Amour et Musique sont leurs chevaux de bataille.
C’est dans ce contexte que les Mamas And Papas sortent ce titre qui deviendra le générique du mouvement naissant et en restera peut-être l’hymne le plus connu.
La Californie devient le centre du monde
L’intro énigmatique et la délicatesse des arrangements vocaux emmènent tout de suite dans un autre monde, vers d’autres possibilités… La Californie devient le centre du monde, l’endroit où il faut vivre et une grande vague d’espoir touche tous ces Hippies, confirmés ou débutants. Leur vie en sera changée et leur sincérité touchera le monde entier pendant quelques années.
Il y a eu le grand rêve d’amour universel… Et parfois les cauchemars individuels qui en ont résulté. Il est facile de dire « do it », tel Jerry Rubin : « tu as envie de faire quelque chose alors fais-le » sans se soucier des conséquences. Mais les conséquences se rappellent toujours à nous un jour ou l’autre et il est devenu évident avec le temps que les drogues, « l’amour libre » et le refus de toute responsabilité ont eu un coût élevé sur le plan humain pour certains.
Ce qu’il reste de tout ça, c’est la bonne intention de départ. Laurent Voulzy, dont je ne doute pas une seconde qu’il était un vrai baba cool dans sa jeunesse et un admirateur du rêve Hippie, résume plutôt bien la chose à la fin de Rockollection :
Je suis parti je ne sais où
Mais pas où je voulais aller
Il y a des rêves qui sont cassés
Des airs qui partent en fumée
Des trucs qui me collent encore au cœur et au corps
Et ces derniers vers sont suivis de, je vous le donne en mille : California Dreamin’ !
On peut se moquer à n’en plus finir des Hippies. C’est tellement facile ! On peut tourner en dérision leurs rêves candides, leurs parties de jambes en l’air érigées en religion, leur abus des drogues. Il n’en reste pas moins qu’avec les Beatniks, les Hippies ont constitué les premières générations à remettre en cause l’American Way of life et le consumérisme à tout va. Les premières générations à clamer qu’une autre vie était possible. Une vie plus proche des autres. Une vie plus proche de nous-mêmes et de ce que nous sommes vraiment.
William H. Miller
Le morceau :
La traduction des paroles :