À la Troisième Veille des Initiés se manifestait l’objet d’ésotérisme
La connaissance du commencement est du domaine d’une connaissance cachée, hors d’atteinte sauf d’une minorité d’initiés mis sur le chemin du savoir secret impartageable. Le secret, dit-on communément, c’est qu’il n’y a pas de secret. Nous sommes le secret. Ce n’est pas plus exact que de prétendre que l’histoire est proche de la vérité. Les siècles de l’histoire s’accumulent et s’effondrent. Des manipulateurs amalgament l’exotérisme scientifique connu de beaucoup avec l’ésotérisme spirituel inconnu de la plupart des hommes. Face à la disparition inéluctable, l’homme recherche la connaissance cachée, « un élixir de longue vie. » Il veut s’ouvrir à la science du bien et du mal, hésite à croquer la pomme du savoir. De nos jours la marque de la morsure, qui n’est plus celle du serpent, s’imprime sur le computer : c’est la marque à la pomme ! L’ésotérisme contemporain, par l’astrophysique sonde l’univers ; l’homme, augmenté par ses instruments, traverse des territoires d’ombre où il ne sait si la lumière venue du temps va disparaître ou revenir. L’humanité en quête de savoir guette le temps d’une Treizième heure, celle de l’ultime lumière : lux alterna. Que reste-t-il des doctrines ésotériques à nous parvenues ? Le monde s’émiette. On traque une particule de Dieu dans les immenses anneaux de collision, des usines à Higgs. Le boson qui contiendrait plus que tout passe pour certains ésotéristes frottés de sciences astronomiques, pour être un infime lucifer subliminal. Les plus humoristes des chercheurs d’absolu cosmique ont pensé que les collisions provoquées dans l’accélérateur géant mis en activité en 2040 pourraient produire le trou noir qui absorberait toute la matière du monde. Craquer le modèle standard menace-t-il de créer l’infime particule de matière noire, celle de l’éternel retour au néant ?
L’homme, écrit Pascal Quignard, « est un regard désirant qui cherche une autre image derrière tout ce qu’il voit. »
Évolution historique de l’ésotérisme entre inaction et désespérance
Nous ne sommes plus au temps du baquetde Monsieur Mesmer. Le Freudisme a élucidé quelques-uns des mécanismes de la suggestion. Mesmériens, les Girondins pensaient que la fraternité universelle, sublimation du magnétisme animal, à l’image des chaînes d’union maçonniques, transmettait un fluide fraternel. Ils en perdirent la tête sur un échafaud. Les sectes, les pratiques animistes et tout ce monde d’obscur où la folie demeure tapie, sont une strate sombre de l’inconscient sans âge qui régit les esprits. Il n’y a de « Maître du désordre » que nous-mêmes. L’historien Kurde Hamit Bozarslan examine à la lumière du comparatisme historique l’énigme absolue du nazisme dont les fondements furent lourdement ésotériques.
Le terrorisme contemporain revêt un masque religieux. Il s’inspire de montages ésotériques fondés sur la pratique de déconstruction ou destruction, enfin il parvient « à se poser comme ordre et comme désordre. »….« Ces forces de la non contemporanéité sont la résurgence des temps anciens et d’éléments enfouis avec toute leur violence brute et leurs attentes apocalyptiques. » (H. Bozarslan, Violence, société, dé-civilisation. CNRS éd.) L’ésotérisme pratiqué de nos jours se renouvelle et hante les esprits les plus rationnels. Ils ont besoin du mystère pour expliquer le Grand Dessein de notre apparition issue de l’inerte jusqu’à l’émergence de la vie et d’une pensée.
La montée de l’occulte et des fausses croyances sont une constatation d’évidence
Plus l’archéologie révèle les découvertes de cités perdues, retrouve des pyramides alignées sur d’improbables étoiles, plus cette abondance commentée, publiée, prouverait à certains que nous descendrions de grands ancêtres dont il faut s’approprier le savoir perdu par les excès du matérialisme scientifique. Il faut donc mettre à couvert des connaissances ineffables et les transmettre à des initiés. Ce n’est pas l’écrit désormais qui médiatise l’ésotérisme mais l’oral, celui des vidéos, le bavardage de l’internet, en toute impunité. Ce qui est écrit dans des ouvrages de vulgarisation est davantage soumis à la critique ; cela est moins vrai pour la parole volante. Nous sommes soumis à toutes sortes de rumeurs colportées. Roswell pour les extraterrestres qui volaient à notre rencontre, Glozel pour les grands ancêtres qui savaient écrire. Pour ces dernières études de cas bien trop rapides que nous nous contentons de citer, remarquons que l’ésotérisme des gens du signe sans parole disposent de modernes musées et de dévots. Ces derniers ne consultent plus les études qui démontrent que des manipulations, pour construire un faux positif, ne font pas de doute.
À minuit, la treizième heure, le carrosse imaginé, devient citrouille ! Dura lex sed lex !
« Le droit au rêve ne prend toute sa valeur qu’accompagné du droit à la lucidité. » Henri Broch. Baudelaire évoquait le tombeau vide, ajoutons les temples désertés. Sur un miroir sans tain tombent des étoiles ; ce sont des astres effondrés sombrant sans fin dans les ténèbres… Cependant, le dernier mot sera celui du poète Fernando Pessoa : « existe-t-il des déchirures dans l’espace qui donnent sur l’autre côté ? »
Eternel retour des ésotérismes qui se perpétueront dans les contours simiesques d’autres ombres humaines.
Robert Liris