
En politique aujourd’hui, il y a les espoirs des uns ; ceux qui attendent leur heure avec confiance et une impatience qu’ils cachent de plus en plus difficilement ; et ceux qui vivent dans l’espérance, c’est-à-dire dans un désir plus fort que le réel.
Je fais partie de cette dernière catégorie.
L’espérance est une sensibilité à ce qui se donne à nous. Une figure de notre vie politique, en se déclarant récemment candidate à l’élection présidentielle, vient de réveiller en moi cette sensibilité, que je croyais ne pas posséder.
Si le vert est réputé être la couleur de l’espérance, se pourrait-il que cela se vérifie en politique ?
Bien que venant de la gauche, l’espérance à laquelle je me réfère n’est ni rouge, ni rose. Elle ne porte pas non plus un gilet jaune. Elle n’est et ne peut pas être bleu marine.
Vous l’avez deviné, je pense à Marine Tondelier. Oui, je sais que beaucoup la verront plus comme une figurante que comme une figure. Je pense tout le contraire, car pour moi, elle incarne l’espérance (politique) d’aujourd’hui.
Elle est un casque bleu en veste verte. Toujours prompte à rassembler, rabibocher, réunir, assembler, unifier. Toujours prête à s’interposer entre les camps, à pacifier, à apaiser, à chercher une entente, un accord entre les différents mouvements progressistes. Toujours accrochée à l’objectif de ne pas laisser se produire le pire : laisser tout recouvrir de brun.
Elle est jeune (mais l’espérance n’a pas d’âge), elle est femme et féministe, elle est écologiste. Elle est féministe sans outrance, écologiste sans catastrophisme.
Elle sait faire preuve de persévérance, vertu sans laquelle il peut encore y avoir de l’espoir, mais il ne peut y avoir d’espérance. Prise comme un espoir, elle peut décevoir, il est même probable qu’elle décevra. Considérée comme une espérance, elle rayonne et éclaire un monde politique terne, sinon sombre. Un monde masculin, sinon masculiniste. Un monde productif et productiviste. Un monde sans espérance en somme.
Elle est sincère, autant que l’exercice de son art, la politique, peut lui permettre. Elle croit dans les autres quand chacun ne croit qu’en lui-même, en ne songeant qu’à la perspective d’une élection prévue pour 2027.
Des autres, elle épouse les préoccupations quotidiennes, recherchant des améliorations pratiques et applicables pour le logement, les transports, l’énergie, le pouvoir d’achat, l’emploi, les conditions de travail.
Il se peut qu’elle échoue à devenir candidate à l’élection présidentielle, et si elle y parvient, il est très probable qu’elle échouera à se faire élire. Il n’est même pas sûr que je vote pour elle. Mais l’échec ne tue pas l’espérance, parce que c’est une valeur qui ne peut être déçue.
Si Marine se prend une veste, celle-ci n’en restera pas moins verte, la couleur de l’espérance.
Denis Ferré



