
J’ai tourné le coin d’une rue, endormie sous la lune.
De cette ville étroite, je n’ai même plus le nom,
mais j’ai l’odeur de ses balcons
et la lumière troublante de ses fenêtres ouvertes
sur la nuit d’été.
J’entends des voix qui crient,
j’entends des larmes plus bruyantes qu’un orage,
j’entends des rires et des mots d’amour,
et les tristes nouvelles du monde qui traversent les murs
se mêlent aux chansons, à la vaisselle cassée,
aux soupirs désolés qui flottent dans l’air épais.
Une ombre court sur les toits
et vient trembler dans le feuillage des arbres.
Je l’entends qui gémit
et je la vois qui glisse d’une porte à l’autre
sans pouvoir l’arrêter.
Est-ce l’ombre de notre amour qui traverse la nuit ?
J’éprouve son absence dans le reflet des vitrines
où des silhouettes dansent et disparaissent.
Et me voilà chassant une ombre dans la nuit,
berçant la lune de mes miaulements
comme un chat de gouttière,
ivre des rumeurs qui enfièvrent mon cœur.
La faillite du monde
a le bruit sourd d’une rue
endormie sous la lune.
Joël Mansa
Le 30 juin 2025.



