C’était hier
Le fleuve Niger entre ses flancs de dunes mouvantes
et la saison des pluies de Gao à Mopti
Escale annoncée à Tombouctou: deux heures seulement
A quoi bon la ville des 333 saints pour si peu de temps ?
Mais le mécanicien du bateau y avait un cousin
Voulant le voir, débarquait, m’accompagnait
Me perdre dans les ruelles basses qui protègent des vents de sable
Surprendre le Mausolée des Saints dans sa belle simplicité
M’inquiéter des vieux manuscrits enfouis…
Déjà l’heure Regagner le fleuve
Me retrouver seul au soleil
Debout sur l’embarcadère désert
Le bateau déjà loin mes bagages avec
Point de non-retour…
Ce jour là
Désemparé
Le silence était si égarant et majestueux
La solitude du désert si enveloppante
Que j’ai murmuré au fleuve en marche «Va-t’en me perdre où tu voudras »
Les flots ont répondu « tu n’en reviendras pas »
– Mali, janvier 1965