Avec les albums All ‘n All et I Am, Earth, Wind & Fire est donc devenu un très grand groupe, internationalement célèbre et qui joue dans les stades. L’afflux d’argent, de notoriété et de facilités diverses donne des ailes aux musiciens
L’album Faces
Ils abordent cet album avec une grande décontraction. Ils peuvent tout se permettre et vont explorer toutes les pistes musicales qui les tentent, sans se poser de questions. Ça restera l’album préféré de Maurice White.
Let Me Talk est typique de cette démarche décontractée. Tout en gardant leur imagerie Egypte Antique, le morceau est symptomatique de ce groupe qui se fait plaisir :
Back On The Road :
Song In My Heart :
L’album Raise!
L’album Faces se vent plutôt moyennement en comparaison de All ‘n All et I Am. Réaction immédiate des responsables de la maison de disques : une pression sur Maurice White. Il faut faire des tubes ! Et commence alors un processus carrément schizophrénique : Earth, Wind & Fire s’attache à comprendre comment Earth, Wind & Fire a fait des tubes et se mets à produire des tubes comme Earth, Wind & Fire les faisait… Mais sans le message inhérent à chaque chanson. Comment tuer l’inspiration naturelle d’un groupe en une leçon facile 🙁
Earth, Wind & Fire n’est pas le premier groupe à prendre cette voie sans issue. Il ne sera malheureusement pas le dernier.
Let’s Groove est, ceci dit, un très bon morceau, mais sans message aucun.
L’album Powerlight
Faire un album moyen MAIS avec un grand tube devient la procédure de routine de Earth, Wind & Fire à partir de Raise! et Powerlight ne dérogera pas à la règle. En plus, la compétition devient féroce : à la même époque, Michael Jackson, Prince, les Pointer Sisters, Kool & The Gang et pas mal d’autres conquièrent le territoire nouveau de la Funk ! Une nouvelle ère commence…
Fall In Love With Me est une bien sympathique chanson avec un clip frisant le kitsch mais interprété avec tellement d’humour par les musiciens que, non seulement on leur pardonne mais on finit en plus par adorer ce clip à cause de cette auto-dérision assumée. Une chose qu’on n’a jamais pu reprocher à Earth, Wind & Fire c’est de se prendre au sérieux. Pourtant, leurs qualités de musiciens auraient pu les y inciter.
L’album The Best Of Earth, Wind & Fire, Vol. 2
On réitère la recette du Best of N° 1 : faire une bonne compil avec un grand tube qui n’apparait nulle par ailleurs, ce qui justifie l’achat de la compil pour ceux qui ont déjà tous les albums. C’est futé 😉
Turn On (The Beat Box) :
Un groupe du passé
Earth, Wind & Fire est clairement en train de devenir un groupe du passé, comme vont le devenir dans la décennie suivante les artistes cités plus haut, un groupe surnageant du mieux qu’il peut dans cette ère d’omniprésence des synthétiseurs, des séquenceurs et des productions calibrées évitant les “risques inutiles”.
D’une certaine manière, la musique populaire est en train de s’acheminer vers un long déclin dont elle ne s’est toujours pas remise à ce jour. D’où peut être l’accueil en fanfare du premier album de Norah Jones au début des années 2000 : enfin un album joué par de vrais musiciens talentueux et proposant une musique fraiche et sincère que plus personne n’écoutait… Enfin un album du style “invendable” et à risque…
D’où peut être aussi le retour actuel sur le devant de la scène de vieux et grands groupes : ABBA, les Stones, les Who. Et tous ces tribute bands qui pullulent, d’une sincérité parfois touchante… Ils surfent sur la nostalgie d’une époque où la musique était jouée par de vrais musiciens, des groupes ayant un son à eux, résultant d’une interaction magique entre ses membres.
Auparavant, un artiste en bavait 5 ou 10 ans avant d’atteindre le statut de star et, s’il menait bien sa barque, il avait toute la vie pour en profiter. Désormais, par le biais du marketing, le succès est pour l’artiste soudain, foudroyant et le déclin dans le même genre, soudain, foudroyant et terriblement rapide. Et il lui faudra toute une vie pour s’en remettre : avoir approché les étoiles d’aussi près… Sans avoir pu les saisir 🙁
La prochaine fois : quelques ultimes perles valant le détour