à propos du livre de Grichka et Igor Bogdanoff : L’Équation Dieu, paru en mai 2019 chez Grasset
Frédéric Vincent – Loin des doctrines théologiques, tu avances comme Paul Dirac que Dieu est un mathématicien et qu’il a utilisé les mathématiques pour construire l’Univers. Qu’entends-tu par là ?
Grichka Bogdanoff – Pythagore l’a décrété en son temps, et Galilée l’a ensuite rappelé : « Tout est nombre » et « La nature est construite en langage mathématique. Le réel, objectif, observable, est construit de manière mathématique par des opérateurs, des opérateurs mathématiques, par exemple le nombre Π (Pi), la constante d’Euler, qui agissent en permanence. Ces nombres, d’où viennent-ils ? Les nombres premiers, comment se comportent-ils ? Le fini peut-il engendrer l’infini ? Non, il ne le peut. Donc il y a une origine transcendante. L’infini n’existe pas, ni sur Terre, ni dans notre esprit. On ne peut que le frôler, il nous dépasse. Dirac a découvert cette transcendance, extérieure à l’Univers. Dieu est mathématicien. »
FV – L’Équation Dieu que vous développez, toi et Igor, est : qu’y a-t-il avant l’instant zéro ?
GB – Le début de l’Univers, le Big Bang, c’était il y a 13,820 milliards d’années. C’est précisément 10 – 43 seconde avant l’instant zéro. C’est minuscule mais ce n’est pas zéro. Donc qu’y avait-il avant ? Autre question : la matière, l’énergie naissent avec l’Univers, avec le Big Bang. Dans le vide primordial, il fait chaud : 10³² degrés de température. Qu’y a-t-il avant cette organisation matérielle de l’Univers ? Il y a quelque chose, mais d’immatériel, d’atemporel, d’aspatial. Pour Saint-Augustin, l’Univers ne naît pas dans le temps, mais naît avec le temps. Avant l’Univers, il y a la barrière de Planck : avant la matière, avant le temps, avant l’espace. De même que les êtres vivants sont précédés par une phase immatérielle, codée numériquement dans le code génétique, l’Univers a été précédé par une phase, codée elle aussi. Codée par le code cosmologique. Ce code, on peut le percevoir comme reposant sur des entités numériques : le nombre d’Euler, le Π, les nombres entiers, etc. Ces nombres peuvent être ramenés à zéro et un. Des bits d’information, entités abstraites, ou Qbits si on entre dans le monde quantique. C’est un ballet inouï de zéro et de un, des liens opératoires et dynamiques entre les entités numériques !
FV – Pour connaître Dieu, il faut dépasser le mur de Planck ?
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