
Jean-Paul Ayrault « Et pourtant, l’espoir », essai d’après la vie et l’oeuvre de Germain Rallon (1896-1945), éd. Inclinaison, 2020
Jean-Paul Ayrault, avec sa sensibilité aux valeurs humaines fondamentales, nous propose de rencontrer, jusque dans une sorte d’intimité pudique, un de ces hommes invisibles dans l’Histoire, et qui pourtant l’ont faite, parmi tant d’autres, aussi nombreux qu’admirables.
Nous découvrons au fil des pages Germain Rallon à diverses étapes de sa vie : enfant longuement espéré et attendu, élève et camarade d’école attentif et réfléchi, mais aussi rêveur et inspiré, soldat meurtri par l’enfer de la Grande Guerre, instituteur passionné et aimé, homme de gauche avisé et intègre, romancier témoin remarquable de son temps et enfin, homme brisé par la Seconde Guerre et Pétain, avant l’espoir ultime à la Libération. Seule la mort l’arrête brutalement dans sa quête obstinée et fervente d’un « avenir si possible radieux » pour son pays, sa république, ses « petits potes » – les élèves tant chéris, et tous les autres, gens de bonne volonté.
Germain Rallon laisse derrière lui comme trace discrète mais tenace, malgré l’oubli apparent qui l’entoure pour le moment, trois romans (un chez Gallimard) ayant donné en son temps à l’auteur une certaine notoriété, qui mériterait d’être ravivée. Et c’est bien ce qu’a entrepris de faire l’auteur de cet essai. Dans une langue accessible mais précise, mêlant rigueur historique, biographique et tendresse humaine du regard, il nous parle d’un homme modeste et pourtant flamboyant à sa manière, habité toute sa vie par deux grandes forces qui nous guident le mieux : l’amour et la soif de justice.
Le livre s’achève sur une page exceptionnelle, une « Supplique » adressée au lecteur. Elle nous invite à voir la beauté du monde qui s’offre par les merveilles quotidiennes de la nature et des êtres, souvent si discrets. Elle nous exhorte aussi à saisir au vol et à garder précieusement chaque appel de l’espoir.
