
Éditeur des étoiles
Profondément, comme si tu allais mourir dans un simple battement d’heure, tu résumes, d’un seul tenant sur les hauteurs, ton aventure de barde éventré. Ô poète étouffé dans l’œuf orphique des légendes, Père-éclair, toujours en retard d’un sourire, Éditeur des étoiles…
Tu caresses du sexe le nombril du monde et les murailles des géants, à Cuzco, sous un ciel d’extraterrestres. Voyou blessé par trop d’Incas sur le chemin, tu comptes les fantômes, tu cherches l’ombre et ta vie dedans.
Fracas et furie
Poème en prose de ma destinée. Fracas et furie. Traces de vinaigre et de sang d’une fin qui n’en finit pas de replier ses rideaux palmés de noir, et ses portes de plomb sur ma mémoire malade de se souvenir encore, par cœur, de toute cette tempête de douleurs et d’anxiétés qui fut mienne, à n’en point douter. Même si, parfois, rêve et réalité font bon ménage à la roulette du temps, quand les destins se croisent et se blessent à mort. Mystère d’arcane prêt à s’ouvrir.
Grenier du passé. Avec, dans un recoin, les ossements du vautour que je fus. Et, dans un autre, les ailes phosphorescentes du saint que je ne fus jamais, en dépit des appels, des adjurations, des implorations au pied du calvaire.
Pêle-mêle, images somptueuses comme des compositions de Maître, et vieilles croûtes inavouables à cause des sujets choisis : parties de sexe dans des bouges infâmes, spectacles venus des quartiers les plus insanes de Paris, Marseille, Amsterdam, Genève, Londres, Séville, Venise. Métaphores-accalmies et métaphores-vengeances, comme autant de taches de mise au point jetées dans le regard des rats et des rapaces plaqués or.
Désordre de haut style, afin de ne pas trop perdre la face. Mais désordre de tous côtés et acceptation du risque. Hystérie du surpassement et refus de la limitation.
J’ai toujours dis que ma vie n’avait pas d’intrigue mais seulement – et simplement un certain sens du grand large à l’heure des offensives du soleil.
Jean-Luc Maxence 1946-2024
Extraits de Soleils au poing, Le Castor Astral, 2011