
Le goût du feu
Tes mains de bâtisseur
sont venues rencontrer
mon corps endormi
nos lèvres ont cherché
le désert creusé
par les longues absences
L’hiver s’était installé
au creux de chaque sillon
mais soudain tu as ouvert
le silence
et la tendresse a découpé l’oubli
Peu à peu le soleil trop pâle
s’est approché de nous
moi je retrouvais le goût du feu
Brusquement le terre a tremblé
un grand rire t’est venu
de si loin
comme un éclat de liberté délivrée
Moi j’ai cru toucher du doigt
Le cœur de la lumière
Il a fait jour de toutes parts
Pour nous
Tu venais de réinventer
le Monde

Comme un bateau prend la mer
Je rêve
Je rêve de tes mains
enserrant le nœud de tes chevilles
de tes mains doucement remontant
au seuil de mon corps
pour me rendre à moi-même
et me redonner visage de femme
Je rêve à nouveau
de venir à notre rencontre
pour y faire semaille
et je serai si tu veux
oasis à ton désert
et fontaine pour ta soif
et fleur éclatée
au regard de ton cœur
et source vivante
pour tes lèvres de tendresse
Je rêve je rêve
de dunes en sillons
et de collines en vallées
tu viendras moissonner la fête
et je laisserai pour toi
s’égarer les gestes de l’amour
ceux qui déjà nous sont venus
par la grâce du temps
ceux qui sont encore à naître
à force de nous-mêmes
Je rêve je rêve
Comme un bateau
prend la mer dit le poète*
et je te laisserai me prendre
me dessiner et me mesurer
me contraindre et me libérer
me distancer et me rapprocher
me délivrer et m’épouser
Oui je te laisserai
me prendre et me reprendre
il n’est de moi
qu’une attente
Je rêve je rêve
et peut-être un jour à nouveau
le feu battant de mon sang
ouvrira pour toi
un chemin sauvage et vierge
parmi les étoiles
Poèmes extraits de Un grand vente s’est levé – Danny-Marc – PIPPA éditions, 2013