Le succès planétaire de Star Wars a développé chez de nombreux fans une admiration sans bornes pour les duels au sabre laser (arme fictive) entre chevaliers Jedi et Sith. Chacun s’est mis rapidement à fabriquer son propre sabre laser à partir de tout ce que l’on peut trouver à portée de main: une lampe torche, un tube plastique, une frite de bain, un tube d’aspirateur, etc. Il faut savoir que les fans ne manquent pas d’inventivité et que l’on peut aujourd’hui voir des sabres laser plus vrais que nature. En 2006, cette passion pour le Sabre Laser a poussé trois italiens passionnés d’arts martiaux Simone Spreafico, Gianluca Longo et Fabio Monticelli à créer le ludosport. La pratique sportive du combat au sabre laser est une codification spécifique et adaptée des techniques de combat utilisées dans l’univers Star Wars avec des règles de compétitions fondées sur un principe simple, le SE-CU-RI (Servizio, Cura, Rispetto, ou Service, Soin, Respect). Pour REBELLES, nous avons pu rencontrer Ludovic Prieur-Beauchart instructeur de combat sportif au sabre laser qui a eu la gentillesse de répondre à nos questions.
Rebelles: Bonjour Ludovic, tu es coach en art du déplacement, 2e dan de Ninjutsu, 1er dan de karaté style wado-ryu, tu pratiques depuis de longues années l’escrime japonaise sous plusieurs formes (kendo, bato-do, laido, kenjutsu) et tu enseignes depuis peu le combat sportif au sabre laser dit ludosport. Mais qu’est-ce donc le ludosport?
Ludovic: C’est un sport qui a été créé par des italiens qui se sont demandés comment on pourrait s’affronter avec un sabre laser, une arme qui n’a pas de poids au niveau de la lame et qui coupe tout, fictivement parlant. Comment en faire un sport et que cela soit secure en même temps ? C’est la raison pour laquelle le ludosport insiste sur le principe SE-CU-RI qui permet d’éviter les débordements et l’usage de protections ou d’armures comme au Kendo. Pourquoi les fondateurs italiens ont-ils décidé d’appeler le combat au sabre laser ludosport ? En fait, c’est surtout pour insister sur les aspects ludiques et sportifs de cette pratique. Peut-être aussi pour éviter un procès avec Georges Lucas ou Disney. L’important pour eux, c’est surtout de pouvoir pratiquer le combat au sabre laser sans protections et avec des règles de compétition inédites où les pratiquants se jugent eux-mêmes dans les duels. À chacun de dire s’il a été touché ou non. Cela incite à être honnête et respectueux de l’autre. Il peut y avoir des arbitres, mais le principe reste toujours l’idée de déclarer les touches soi-même. Il faut préciser que les catégories n’existent pas en ludosport. Il n’y a pas de catégories d’âge, de sexe ou de poids comme dans la majorité des sports. Le principe SE-CU-RI permet justement les duels entre un enfant et une personne âgée, entre une femme et un homme.
Rebelles: Qu’est-ce qui t’as poussé à pratiquer le ludosport ?
Ludovic: Je ressentais depuis longtemps le désir de codifier les formes de combat de l’univers Star Wars et c’est précisément la raison qui m’a poussé à pratiquer les arts martiaux. Finalement, je n’ai pas réussi à réaliser ce projet. Mais à l’occasion d’un stage en art du déplacement avec un des membres des Yamakasi à Milan en 2014, j’ai rencontré les fondateurs du ludosport qui sont parvenus eux, à concrétiser ce films et les livres. Ils ont étudié les chorégraphies des films et ont cherché leur provenance, se sont inspirés de différentes voies martiales et ont rencontré plusieurs maîtres d’armes venant d’autres disciplines. Ils ont repéré sept styles (Shii-Cho, Makashi, Soresu, Ataru, Djem-So, Niman, Vaapad) et ont trié les techniques de combat qui étaient viables en pratique sportive et ont abandonné celles trop dangereuses ou difficilement réalisables. Il y a un gros travail de recherche et de codification des techniques de combat qui permet d’être au plus proche de la voie Jedi.
Rebelles: Existe-t-il un lien entre le ludosport et le budo (voie du guerrier, art de défense) au sens traditionnel ?
Ludovic: Je pense que le ludosport est avant tout une approche personnelle. De toute évidence, il y a tout cet aspect de respect, de calme, de protection avant de savoir attaquer qui existe dans le ludosport, même s’il n’est pas forcément revendiqué comme tel. Ce n’est pas l’objectif premier mais le budo reste tout de même sous-jacent en raison des diverses sources martiales qui composent ce nouveau sport. Même en art du déplacement, il y a cette idée de développement personnel qui est la grande force du budo. Dans tous les cas, au sein de notre Académie de Paris, c’est quelque chose qui est complètement intégré au cours. On ne peut pas faire une démarche sportive à mon sens si on n’a pas des valeurs. Le développement personnel, l’amélioration de soi sont des composantes sportives essentielles. On ne peut pas se contenter de performances physiques ou techniques. Il y a une harmonie, un équilibre qui est recherché par le pratiquant de ludosport.
Interview par Frédéric Vincent
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