J’adore Taïwan. Je viens d’y passer une dizaine de jours, pour y parler de liberté de religion, avec des groupes religieux, à l’université, et avec les institutions gouvernementales. Exactement au même moment, le grand frère Winnie l’Ourson (comprendre Xi Jinping) a décidé d’encercler l’île pour simuler la prise de Taïwan par la Chine continentale, à grand renfort de navire de guerres et d’avions de chasse, trois jours durant. D’après les médias occidentaux, la tension était à son comble. D’après ce que j’ai pu ressentir des Taïwanais en étant sur place, c’était un lundi comme les autres.
Taïwan, un non-pays
Taïwan, c’est un non-pays. Jusqu’en 1971, c’était encore un pays reconnu par l’ONU. Puis tout le monde a choisi de reconnaitre la Chine continentale et comme il ne peut y avoir qu’une Chine (longue histoire que je ne raconterai pas ici), Taïwan a disparu dans les limbes de la non-existence Onusienne. Aujourd’hui, parler avec Taïwan c’est provoquer l’ire de la grande sœur du continent et s’exposer à des représailles économiques, diplomatiques, voire à des mesures guerrières comme celles que j’ai décrites dans le premier paragraphe. C’est aussi un pays qui a connu une terrible dictature sous la férule de Chiang Kai-shek et de ses successeurs, jusqu’au milieu des années 90. Puis elle est devenue une démocratie, certainement l’une des plus libres de tout l’Asie, si ce n’est la plus libre.
Commençons par Taïpei, la capitale. Taïpei, c’est propre, c’est libre, c’est vibrant. Allez vous promener sur le marché de nuit pour vous gaver de « street food », avec du « Tofu puant » (qui d’ailleurs ne pue pas tant que ça) et des langues de canard frites et épicées, et faites un test : laissez votre sac à main, voire votre portefeuille n’importe où, partez une heure et lorsque vous reviendrez, vous le retrouverez à la même place. Le vol n’est pas très répandu à Taïwan. Bon, il n’est pas sûr que vous deviez m’écouter et faire ce test, car chaque règle a ses exceptions, mais c’est pour vous donner une idée du sentiment de sécurité qui se dégage des rues de cette ville moderne et pittoresque à la fois.
La nourriture est une folie. Toutes les cuisines asiatiques s’y côtoient, Hong Kong food, cuisine raffinée de Shangaï, thaï food, street food, cuisine taïwanaise, etc., et honnêtement, je n’ai jamais réussi à y trouver un lieu de nutrition ou l’on mange mal. J’imagine que ça existe, mais en comparaison, malgré l’excellence de la tradition culinaire française, l’hexagone avec ses dix restaurants médiocres pour un bon fait pâle figure.
Weixin Shengjiao
Mais quittons Taïpei et rendons-nous dans le centre de l’ile, dans le comté de Nantou, ou mes amis de Weixin Shengjiao m’attendaient pour me faire visiter leurs temples et leur siège. Weixin Shengjiao, c’est un mouvement religieux fondée par Yun Huan en 1984. Yun Huan est célèbre à Taïwan, à la fois pour être le fondateur et actuel grand-maître de Weixin Shengjiao, mais aussi pour ses talents artistiques et les centaines de calligraphies qu’il a produites. Le Weixinisme est souvent considéré comme une forme institutionnalisée de la religion populaire chinoise, ce polythéisme pratiqué par la majorité des Han (peuple chinois historique) et qui inclut les écoles taoïstes. On y pratique de très longues cérémonies (certaines durent plus d’un mois sans interruption) destinées à communiquer avec d’anciens dieux chinois, à les apaiser ou à les stimuler, et on pratique aussi le Feng Shui (l’art de l’agencement des maisons et jardin en fonction des énergies), et l’art divinatoire du Yi Jing. C’est l’un des plus grands mouvements religieux de Taïwan avec entre 500 000 et 1 million de fidèles.
Mon amie Fiona Hsing-Fan Chang me reçoit dans la montagne. Elle est la fille de Yun Huan, le Grand-Maître, et elle est topissime. Elle s’intéresse à tout, a étudié la sociologie, a même obtenu un doctorat à l’université, a voyagé dans le monde entier. Je ne sais même plus où l’on s’est connus, mais nous avons voyagé ensemble au fil des ans aux États-Unis, en France, au Canada, en Israël. Avec elle, des maîtres de Weixing Shengjiao, le grade le plus élevé dans cette religion, tous plus riants et humbles les uns que les autres. Fiona aussi a le grade de maître, mais elle n’en arbore pas l’insigne. Elle me dit que c’est parce qu’elle veut éviter d’en assumer la responsabilité, mais j’ai pensé qu’elle ne voulait pas abuser de sa position de « fille du grand-maître ». Peut-être ai-je tort, peu importe.
Je passe la journée à deviser et à visiter les temples, me frayant un chemin au milieu des cérémonies, mais aussi au milieu des nombreuses statues de dieux chinois qui sont dressées sur mon parcours. Et à chaque fois qu’on croise un dieu d’une certaine importance, il faut lui témoigner du respect. Chacun un bâton d’encens dans la main, Fiona et moi nous courbons devant la représentation divine, et elle me présente en chinois, et assure la déité que je suis une bonne personne et qu’il faut m’accorder protection et amitié. Un rituel court que nous allons répéter à de nombreuses reprises, puisqu’il y a beaucoup de dieux chez Weixin Shengjiao. Un rituel efficace aussi, puisque tout mon séjour à Taïwan s’est déroulé à la perfection. Vous riez, vous vous moquez ? Moi je ris, mais je ne me moque pas. Un peu à la manière d’un Blaise Pascal et son pari stupide, dixit Prévert, je me plie volontiers à tous ces rituels, dans toutes les parties du monde et je suis toujours prêt à témoigner respect et à saluer les divinités locales, au cas où. Ça ne mange pas de pain, comme on dit, et que celles-ci soient le produit de l’esprit des autochtones ou de réels esprits bien vivants importe peu, je trouve que c’est une attitude exécrable que de courroucer les dieux ou les humains qu’on rencontre quand on visite leur pays. Je sonne aussi la cloche de la paix, une pratique assez commune pour beaucoup de religions Taïwanaises. Quand la cloche résonne, ses vibrations se transmettent à la terre entière, et son message est celui de la paix. Que ce dernier soit entendu et compris par tous est une autre histoire…
Le Grand maître demande à Fiona de m’offrir des cadeaux, dont un livre sacré en chinois. J’explique que mon chinois est plutôt limité, voire inexistant, mais cela n’a aucune importance, le livre me portera chance, et sera une bonne opportunité pour moi d’apprendre les quelques milliers d’idéogrammes qui composent l’écriture chinoise. Les cadeaux à Taïwan, c’est beaucoup, tout le temps, et partout. Prévoyez une deuxième valise pour le retour.
Les Tai Ji Men
Retour à Taïpei, où j’ai rendez-vous avec les Taï-Ji-Men, un groupe spirituel Taïwanais qui pratique le Chi Gong, une forme de gymnastique chinoise, et le Taï Chi Chuan, un art martial axé sur une force souple et dynamique à dimension spirituelle. C’est un art martial qui conduit à la paix, intérieure et extérieure. Martial versus paix ? On ne peut le comprendre sans s’imprégner du concept du yin et du yang, les deux pôles de la philosophie chinoise qui se trouvent en chaque chose, chaque être, en équilibre, ou pas.
Les membres de Taï-Ji-Men sont extrêmement gentils, intelligents, heureux, spirituels et tournés vers l’autre. Peut-être pas tous, mais tous ceux que je connais le sont, et je compte parmi eux de vrais amis. Je suis reçu comme un roi ; que dis-je ? comme un empereur. Leur grand-maître, le Dr Hong, a ses photos partout sur les murs de leur quartier général, en compagnie des plus illustres sommités de notre monde : le Pape, le secrétaire général des Nations-Unies, et beaucoup d’autres. Mais il reste tout à fait abordable, vous tape sur l’épaule et veut que vous soyez heureux, comme lui. Par chance, je le suis. Il a plus de 80 ans et se porte comme un charme, il dort très peu et sourit beaucoup, aime partager une bonne bouteille de vin de temps en temps, pratique bien entendu le chi gong mais surtout dévoue sa vie à celle de ses disciples, qui se comptent par milliers (une quinzaine) sur l’île.
Dr Hong n’a pas toujours été en odeur de sainteté à Taïwan. Au milieu des années 90, quand la transition entre la dictature et la démocratie s’est opérée, Taïwan a connu une forte répression de nombreux mouvements religieux. Confronté à la démocratie et à la fin du parti unique, le Kuomintang (parti unique jusqu’en 1992) au pouvoir a eu du mal à imaginer que les élections (les premières en 1996) puissent être gagnées par d’autres. Alors tous les groupes religieux qui ne lui avaient pas apporté leur soutien se sont vus attaqués violemment. Docteur Hong s’est vu accusé de fraude fiscale et d’être à la tête d’une dangereuse secte chinoise, et en 1996 lui et son épouse furent jetés en prison pour y croupir pendant plusieurs mois. Puis ça lui a pris plus de 10 ans pour finalement être acquitté de toutes charges par la Cour suprême de Taïwan, et encore une douzaine d’années pour gagner contre les autorités fiscales du pays.
Quand ils vous reçoivent, les Taï Ji Men font les choses en grand. Les membres sont pratiquement tous des praticiens d’un art ou d’un autre. Ils nous offrent des spectacles de danse traditionnelle chinoise, des démonstrations d’art martiaux, les femmes maniant le sabre aussi bien que les hommes, des musiques modernes ou anciennes. Et des cadeaux, là aussi, à profusion. J’ai bien essayé de faire qu’on m’enseigne des rudiments de Chi Gong, mais on m’a dit qu’il fallait pour cela devenir un disciple (le Chi-Gong des Taï Ji Men tel qu’enseigné par le Dr Hong a des particularités différentes des autres écoles). J’ai refusé, plus par manque de temps que par réticence spirituelle. Bien sûr, j’ai continué à voir Dr Hong et mes amis de Taï Ji Men tout le long de mon séjour. Quand nous nous sommes quittés, c’est avec un ancien poème chinois que nous avons évité la tristesse : « Souhaitons-nous alors à chacun de vivre aussi longtemps que possible. Malgré la distance et les kilomètres, nous partageons la même Lune. » (但願人長久,千里共嬋娟。)
Au Yuan législatif
Le Yuan législatif, littéralement « la Cour législative », c’est la parlement. Taïwan est « unicaméral », c’est-à-dire qu’il n’y a pas, comme chez nous, deux chambres qui composent le parlement. Nous sommes une délégation d’une dizaines d’universitaires et experts de la liberté de religion et de conviction, venus d’Europe et pour l’un d’entre nous, des USA, et nous avons rendez-vous avec le Président du Parlement You Si-kun et quelques parlementaires. Notre visite est assez médiatisée. L’accueil est chaleureux et nous nous entretenons pendant plus d’une heure avec le Président et les parlementaires. Nous parlons de liberté de croyance et nous sommes en terrain ami. Aujourd’hui, Taïwan, même si pas parfaite, est un modèle en termes de liberté de religion. Et c’est une bonne idée, vu le nombre de religions qui se côtoient dans le pays. Il est certains qu’en traversant le détroit pour entrer en Chine continentale, on découvrirait un monde à l’opposé de cette grande liberté religieuse. Mais même en France, on aurait beaucoup à apprendre de cette petite ile, de son essor démocratique et de son respect des croyances de chacun.
Il se trouve que l’agence de presse Taïwanaise CNA a choisi la photo où You Si Kun et moi nous saluons pour illustrer sa dépêche au sujet de notre rencontre. Ce qui fit de moi une célébrité instantanée (au moins pour un jour) puisque de nombreux médias de l’ile ont repris la dépêche et la photo ! Quelques interviews plus tard, j’ai dû me rendre à l’évidence : je n’irai pas en vacances en Chine de sitôt. Parce qu’il y a des questions auxquelles il aurait mieux valu ne pas répondre. Quand un journal de Hong Kong me demande ce que je pense de la liberté religieuse en Chine, que voulez-vous que je dise ? J’aurais dû m’enfuir, mais ils étaient sympas. Alors j’ai dit ce que je pensais. Ils auraient pu me demander si j’aimais la culture chinoise, la philosophie de Lao Tseu, que sais-je ? Mais non. Ils m’ont aussi demandé ce que je pensais de l’accord secret passé par le Vatican avec Pékin, qui, entre autres, subordonne la nomination d’un évêque par le Saint Siège à sa nomination préalable par les autorités du Parti Communiste Chinois. Là encore, que voulez-vous que je dise ? je crois bien qu’il y avait le mot « hérésie » dans l’interview publiée qui en a résulté.
Au Taïpei Times
Le Taïpei Times voulait nous voir, pour demander à des experts internationaux s’ils avaient quelque chose à dire aux médias Taïwanais en ce qui concerne la liberté de religion dans le pays. Ils veulent aussi savoir ce qu’ils peuvent faire pour contribuer à renforcer cette liberté. Rien que ça c’est surprenant, pour un français/européen comme moi. Jamais un journaliste ne m’avait posé cette question. Le contraste n’est pas en notre faveur.
On discute tranquillement dans leurs locaux, autour d’une grande table en U, et nous leur expliquons que de notre point de vue, les journalistes doivent faire des efforts pour éviter de créer des polémiques et des tensions autour de la religion. On peut être libre d’écrire ce qu’on veut sans pour autant se départir de la responsabilité des conséquences de ce qu’on écrit. La religion, c’est important pour les gens qui en ont une, et on ne devrait jamais oublier que quand on attaque une religion en son entier pour les méfaits de quelques-uns, c’est des hommes et des femmes qui vont souffrir les conséquences des clichés véhiculés. SI les médias doivent contribuer à renforcer les libertés, ils doivent aussi prendre le temps de comprendre, et la compréhension, ça passe par le respect des gens et de leurs croyances, ou de leur absence de croyance. Bref, rien de bien révolutionnaire dans notre discours, mais les journalistes sont attentifs, et ils comprennent.
Ils le prouveront les jours suivants, dans une série d’articles illustrant exactement la teneur de notre conversation. Ils ont même une idée, c’est de couvrir les bonnes actions de toutes religions de Taïwan, en prenant le temps de les connaitre et de les comprendre. Que mes amis journalistes français fassent un voyage là-bas, s’il vous plait !
Fred Chin Him San et le musée des droits de l’homme
Le musée des droits de l’homme à Taïpei, c’est un ancien camp pénitentiaire où furent emprisonnés des milliers de Taïwanais victimes de la répression brutale du Kuomintang durant la dictature et la loi martiale, pendant ce qu’on appelle à Taïwan la Terreur blanche en référence à la terreur qui a suivi la Révolution française. Beaucoup y sont morts, souvent parce qu’ils avaient été condamnés à mort pour trahison, parfois de mauvais traitements, parfois de suicide, de désespoir. Les purges nombreuses dues à la paranoïa d’un chef suprême qui voyait des espions communistes partout ont marqué à jamais Taïwan.
Pour nous faire visiter le musée, on tombe sur Fred Chin Him San. L’homme sait de quoi il parle, il a passé 12 années de sa vie en prison à Taïwan, d’abord dans cette prison. Il raconte tout. Arrivé de Malaisie quatre ans plus tôt pour étudier, en 1971 il a le malheur de se trouver près d’un attentat quand la police l’arrête. Il est jeté en prison en attendant son procès. A ce moment, il ne
sait même pas ce qu’on lui reproche. Il ne connait pas Kafka, mais son histoire ressemble un peu à celle de Joseph K dans Le Procès. Dans la salle d’interrogatoire qu’il nous fait visiter, les militaires l’ont empêché de dormir pendant 3 jours avant de l’interroger. Ils lui ont demandé de signer des aveux de ses méfaits et qu’alors ils le libèreraient. Il leur a demandé ce qu’ils attendaient comme aveux, et ils lui ont répondu qu’il savait ce qu’il avait fait mieux qu’eux. Comme il ne savait pas quoi écrire, ils l’ont torturé. En lui plantant des pointes sous les ongles par exemple. Quand Fred Chin vous le raconte, il ne souffre plus. Il l’a tellement raconté, me dit-il, qu’il peut maintenant dormir serein. Au début, avoue-t-il, à chaque fois qu’il racontait son histoire il était pris de tremblements. Aujourd’hui ça va. Il veut juste continuer à le raconter, pour que ça n’arrive plus jamais, et que les jeunes sachent que les droits humains, c’est pas théorique.
Dans la salle des juges, il raconte son procès. Il était debout là, un an après le début de son incarcération. Il avait été averti qu’il aurait surement droit à la peine de mort, et il avait vécu dans sa geôle pendant un an avec cette idée. Mais devant les juges, ceux-là savaient qu’il était innocent. Mais s’ils ne le condamnent pas, c’est eux qui risquent la peine de mort, parce qu’avoir emprisonné un innocent pendant si longtemps, ça aurait fait d’eux des espions communistes. Alors ils lui ont dit qu’il avait de la chance, ils allaient seulement le condamner à 12 années de prison. Lui, il a eu la tête qui tournait. Il a dit « 12 années ? c’est impossible, tuez-moi plutôt ! » Ils n’ont pas voulu, et hop, 12 ans de prison. Il nous a fait visiter sa « chambre VIP ». 15 mètres carrés. Ça vous semble beaucoup ? Sauf qu’ils étaient 6 dedans, à vivre à même le sol. La prison, il connait. 12 ans. Il sort en 1983.
Il ne l’oubliera jamais. Il le racontera toujours. Il est pétillant aujourd’hui, à 74 ans. Il connait le prix de la liberté, il connait son goût. Il l’apprécie à chaque minute. Et il veut éduquer la jeunesse à ce goût, pour que les futures générations en soient friandes. Il aurait pu retourner en Malaisie mais il a choisi de rester à Taïwan, et aujourd’hui, il est Taïwanais et il aime son pays.
A l’Université
Le voyage comprenait deux jours d’interventions dans deux universités différentes. La faculté de droit de l’Université Nationale de Taïwan, et l’Université Aletheia, une université tenue par des presbytériens sur la côte nord, à quelques dizaines de kilomètres du centre de Taïpei. Les gradins sont pleins. Le sujet intéresse. La liberté de religion ça compte. La liberté tout court ça compte.
Les universitaires Taïwanais qui nous reçoivent et participent aux différents panels sont passionnés. Ils se sont battus, pour les plus anciens, pour gagner leur liberté, et ils ne sont pas prêts à l’abandonner. C’est certainement la raison principale pour laquelle l’invasion par la Chine continentale n’est pas une option pour eux. Aucun nationalisme mal placé. Aucun racisme ou aucune xénophobie à l’encontre du voisin géant. Certains sont des Hans venus un jour du continent, d’autres sont issus des différentes populations autochtones minoritaires. Mais il n’y a pas de différence. Ils aiment Taïwan, et en fait, ils aiment aussi la Chine. Mais ils aiment la liberté et les responsabilités qu’elle procure.
A l’Église de Scientology de Kaohsiung
Je ne pouvais pas me trouver à Taïwan sans emmener quelques amis Taïwanais et européens visiter l’Église de Scientology de Kaohsiung, tout au sud de l’ile, dans la deuxième ville du pays, une ville plus chaude, plus tranquille, un peu comme le sud de chez nous. La Scientology va bien à Taïwan. Pas de polémiques inutiles ici. Pas d’intolérance crasse contre tout ce qui est nouveau. L’Église a pendant plus de 10 ans d’affilés reçu le prix de l’excellence religieuse de la présidence de la République. Elle fait partie du Conseil Interreligieux du pays, nommée superviseur dudit conseil par le ministre de l’Intérieur. Elle s’entend bien avec tout le monde, comme pratiquement partout ailleurs, soit dit en passant.
Dans le grand building de 5000 mètres carrées, pas de dieu à prier. Mais tout ce qu’on trouve dans toutes les églises de Scientology du monde. Une chapelle pour les offices, des salles d’étude, des plus petites salles pour la pratique de l’audition, une pratique spirituelle propre à cette religion qui se fait à deux, l’un étant l’auditeur et l’autre l’audité, fondée sur la communication et faites de centaines d’exercices spirituels variés et codifiés.
Nous sommes reçus par Ivan Chuang, et celui-ci explique tout. Et nous buvons du thé. Encore du thé, parce qu’à Taïwan bien sûr, on boit beaucoup de thé, et du bon ! Un journal national fera un article sur cette visite, parce qu’à Taïwan, les bonnes nouvelles, ça peut aussi faire l’objet d’articles.
Les taoïstes, les bouddhistes…
Au milieu de tout ça, et entre les repas à vous faire exploser les papilles qui rythment les journées de travail, il y a les différents temples qu’on croise où auxquels on est invités. Une visite au Temple de Fo Guang Shan, le plus grand temple bouddhiste, près de Kaohsiung, suivi d’une longue discussion avec le moine-abbé qui dirige le temple et le mouvement à Taïwan.
Un passage obligé au temple taoïste de MaoKong dans les montagnes de Taïpei. Là, j’ai de la chance, j’arrive en pleine cérémonie. C’est beau, à défaut d’être compréhensible pour moi. Et puis, c’est rare ici, un moine vient frapper 118 coups sur la cloche du temple. On m’a expliqué pourquoi 118 coups, mais j’ai oublié. Je me suis demandé comment il faisait pour être sûr de ne pas s’emmêler les pinceaux en comptant. Puis je me suis dit que de toutes façons, même s’il se trompait rares seraient ceux qui s’en seraient rendu compte. Mais je suis sûr qu’il ne s’est pas trompé. Et puis là aussi, il a fallu témoigner du respect aux dieux locaux. Je me suis encore courbé devant des statues, et devant l’une d’elle, il fallait faire un vœu. J’ai cherché et j’ai fait un vœu. Et il s’est réalisé… Vous me direz, il se serait surement réalisé même si je n’avais pas courbé le dos devant cette divinité chinoise. Mais au moins, je me suis assuré de toute l’aide possible. Vous savez, Pascal et son pari stupide.
Pour finir
Bon, j’oublie beaucoup de choses, volontairement ou pas. Mais je vous conseille le voyage. Taïwan, c’est riche de vie, de beauté, d’amour, de spiritualité, de saveurs, de thés, de dieux, de liberté. Pourvu que ça dure. C’est pas parfait, mais qui ou quoi l’est ? Et n’oubliez pas, il est inutile de prendre le risque de courroucer les dieux locaux, même si vous n’y croyez pas. Après tout, y croire, c’est un acte positif, qui n’engage à rien. Vous pouvez y croire aujourd’hui et ne plus y croire demain, c’est vous qui décidez, à chaque instant. Il y en a qui croient à ce qu’ils voient. Moi, je pense qu’il faut croire à ce qu’on crée.
Quelques photos de plus :