Écrivain à vélo et non pas écrivain de vélo, Louis Nucéra naquit sous « l’ombre précaire d’une bicyclette suspendue entre ciel et terre », vécut dans la passion pour les grand forçats de la route et mourut d’un accident de la circulation, sur un vélo.
Avec un tel parcours, l’homme aurait déjà pu se réclamer d’une postérité honorable. Toutefois, il sut, à l’instar d’Antoine Blondin, Roger Vailland, Dino Buzzati ou encore Curzio Malaparte, parler, vibrer, écrire le vélo et contenter les publics les plus exigeants, les intellectuels comme les populaires.
Ah, Blondin et la « poupoularité » (1) de Poulidor ! Poulie d’or. Ah, le Giro 1949 du duel Coppi-Bartali par Buzzati ! Ah, Les deux visages de l’Italie des mêmes héros par Malaparte ! Ah, les 325 000 francs de Vailland ! L’Homme nouveau de ce dernier est d’ailleurs un cycle littéraire…
Ami de Kessel, Cioran, Brassens, Cocteau, Picasso, entre autres, c’est en styliste exigeant que Louis Nucéra écrivît dans Le roi René l’épopée de René Vietto le grand champion d’avant-guerre, ainsi que Mes rayons de soleil, promenade tendre et cocasse en cyclotourisme, jalonnée de rencontres chaleureuses faites le long des 4813 kilomètres du Tour de France gagné par Fausto Coppi devant Gino Bartali en 1949. Décidemment une grande année.
Éric Desordre
Le roi René, de Louis Nucéra – La Table ronde/ La petite vermillon, 1976.
Mes rayons de soleil, de Louis Nucéra – Grasset / Le Livre de poche, 1987.
(1) https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/cpa76053210/autour-du-tour-le-tour-de-france-d-un-coursier