Les geeks, dignes successeurs de Nostradamus
En septembre 2017, Rebelle(s) publiait cet article prémonitoire dans son édition de septembre, par la plume de Frédéric Vincent. Par rapport à ce qui s’est finalement passé, cherchez les différences. Il y en a peu…
L’homme le plus riche du monde, déjà depuis plus de vingt ans, serait-il le prophète des temps postmodernes? Le Nostradamus du monde numérique dans lequel l’humanité a plongé en ce troisième millénaire? Le fondateur de l’empire Microsoft a davantage le profil d’un geek obsédé par les machines et les chiffres qu’un prophète de l’apocalypse. Ce serait alors méconnaître la force divinatoire qui se cache derrière Bill Gates dont la fortune s’élève actuellement à 88,9 milliards de dollars.
Les 15 prédictions de Bill Gates qui se sont réalisées
En 1999, Bill Gates publie un ouvrage déroutant lorsqu’on le lit aujourd’hui et qui sera traduit par les éditions Robert Laffont sous le titre «Le travail à la vitesse de la pensée. Une vision pour le troisième millénaire». À l’époque, l’ouvrage de Bill Gates était ouvertement prophétique et pouvait bien entendu paraître risible et délirant, digne d’un caprice de milliardaire se prenant pour un mage. En relisant 18 ans plus tard le livre de l’ex-patron de Microsoft, on est tout simplement bluffé par la véracité de ses prédictions de l’époque.
Bill Gates a, en effet, prédit les smartphones, les sites web comparateurs de prix, le paiement et la gestion financière en ligne, les objets connectés apparentés à des «compagnons personnels» qui préviennent vos rendez-vous, indiquent votre rythme cardiaque ou votre temps de sommeil (Fitbit), la surveillance vidéo à domicile, les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Instagram). Gates va encore plus loin en imaginant le «développement de logiciels qui savent quand vous avez réservé un voyage et qui utilisent cette information pour suggérer des activités sur place». Il prophétise également la possibilité de discussions instantanées en direct live d’un évènement sportif sur des réseaux sociaux, la publicité intelligente ou comment les annonceurs peuvent cibler les utilisateurs en fonction de leur historique quotidien sur le Net, la diffusion des hyperliens sur les chaînes télévisées et autres médias classiques, les forums de discussion en ligne, le développement des communautés de fans sur le web, des outils de gestion de projet mis en commun, le recrutement professionnel à partir de sites spécialisés et enfin la Gig Economy (économie des petits boulots).
Gates, le prophète de la fin du monde
En 2017, Bill Gates annonce une pandémie mondiale dans les dix à quinze années qui viennent et croit même à la possibilité d’une épidémie naissant du «cerveau d’un terroriste inventant une version de synthèse du virus de la variole». Gates avait déjà pointé du doigt les dangers de l’intelligence artificielle il y a quelques temps, mais cette nouvelle prédiction du milliardaire ne semble pas si improbable.
Au regard de la grippe espagnole en 1918 qui a fait jusqu’à 100 millions de victimes selon des réévaluations récentes ainsi que l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest en 2014-2015, il y a de quoi s’inquiéter du lien inexistant entre sécurité sanitaire et sécurité internationale. Rappelons tout de même que selon certaines études scientifiques, un agent pathogène transmis dans
l’air avec une diffusion véloce peut tuer jusqu’à 30 millions de personnes en moins d’un an. Le principal souci qui se pose réside dans le fait que «les épidémies surviennent dans les zones les plus instables, où il est le plus difficile d’intervenir» selon Peter Salama de l’OMS.
Pour lutter contre une pandémie, il faut pouvoir produire rapidement les vaccins efficaces. Mais faut-il encore que ces derniers puissent circuler sans entraves dans les territoires contaminés qui sont dans la majorité des cas, en proie à des conflits armés. La présidente de Médecins sans frontières, Joanne Liu est sans équivoque: «Les militaires doivent respecter les règles de la guerre. Or, de plus en plus, les hôpitaux, les convois et le personnel de santé sont pris pour cibles».
Bill Gates se fait ainsi le prophète d’une apocalypse postmoderne qui ne ressemble pas vraiment au soulèvement des machines que les auteurs de science-fiction imaginent depuis des décennies. Cela rappelle plutôt toutes ces séries actuelles où l’on voit des personnes contaminées par un étrange virus se transformer en zombi. « Se préparer à gérer une pandémie globale est au moins aussi important que la dissuasion nucléaire et la question du réchauffement climatique » nous dit encore l’ex patron de Microsoft.
Demain les moustiques
Le documentaire Mosquito : la menace du siècle récemment diffusé nous explique que le moustique est aujourd’hui le porteur d’un risque pandémique digne de faire pâlir plus d’un fan de Georges Romero. Toutes les séries américaines qui mettent en scène des zombis assoiffés de chair humaine et dont la simple morsure transmet un virus qui vous transforme vous-même en morts vivants ou marcheurs ne sont pas simplement des critiques déguisées de la société de consommation comme l’ont souvent expliqué les sociologues marxistes en mal de reconnaissance, mais des représentations prophétiques qui signalent un fléau présent: les virus. Ce ne sont donc pas des zombis ou des cadavres ambulants qui viennent nous menacer, mais des virus que l’on connaît sous le nom de HIV, Ebola, Chikungunya, Zika, Dengue, paludisme ou encore fièvre jaune. Et comme le soutient le docteur Bart Knols, ce sont bel et bien les insectes comme le moustique qui apparaissent comme les plus grands porteurs et transmetteurs de virus.
La dernière prédiction de Bill Gates n’est pas à prendre à la légère au regard des scientifiques qui valident la possibilité d’une pandémie mondiale qu’elle soit le fait d’un terrorisme bactériologique ou tout simplement d’un agent pathogène qui aurait dépassé les dispositifs sanitaires. Si les Etats n’investissent pas au minimum 3 milliards de dollars par an pour assurer la préparation à une pandémie mondiale selon les dires de Gates, les pertes seraient tellement insupportables que notre société basculerait vite dans un monde apocalyptique. La fin du monde est proche. Ainsi parlait Bill Gates.