Nous vous parlions hier de guerre sainte et de l’alliance entre Vladimir Poutine et le Patriarche orthodoxe de Moscou, Kirill. Ce dernier n’a pas attendu pour préciser sa pensée. Dans son prêche de ce matin, le patriarche Kirill de Moscou et de toute la Russie a célébré la Divine Liturgie à la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou, et a expliqué ce qui motivait la guerre en Ukraine.
Le sermon est explicite et se passe de grands commentaires. Kirill commence par célébrer le printemps, puis : « on sait que ce printemps a été éclipsé par de graves événements liés à la détérioration de la situation politique dans le Donbass ».
Et voici l’explication :
« Dans le Donbass il y a le rejet, un rejet fondamental des soi-disant valeurs qui sont proposées aujourd’hui par ceux qui revendiquent le pouvoir mondial. Il existe aujourd’hui un test pour la loyauté envers ce pouvoir, une sorte de laissez-passer vers ce monde « heureux », le monde de la consommation excessive, le monde de la « liberté » visible. Savez-vous ce qu’est ce test ? Le test est très simple et en même temps terrible – c’est un défilé gay. Les demandes faites à beaucoup pour organiser une parade gay sont un test de loyauté envers ce monde très puissant ; et nous savons que si des gens ou des pays rejettent ces demandes, alors ils n’entrent pas dans ce monde, ils lui deviennent étrangers. Mais nous savons ce qu’est ce péché, qui est promu par les soi-disant marches de la dignité. C’est un péché qui est condamné par la Parole de Dieu – à la fois l’Ancien et le Nouveau Testament. »
Alors, cette guerre, il ne faut pas la comprendre comme une guerre matérielle, car elle « n’a pas seulement une signification politique. Nous parlons de quelque chose de différent et de beaucoup plus important que la politique. Nous parlons du salut humain, de l’endroit où l’humanité finira, de quel côté de Dieu le Sauveur, qui vient dans le monde comme Juge et Créateur, à droite ou à gauche, elle finira. Aujourd’hui, par faiblesse, bêtise, ignorance, et le plus souvent par réticence à résister, beaucoup vont du côté gauche. Et tout ce qui est lié à la justification du péché, condamnée par la Bible, est aujourd’hui un test pour notre fidélité au Seigneur, pour notre capacité à confesser la foi en notre Sauveur. »
Mourir à la guerre, pour connaitre la joie
Mais Kirill résiste car « nous sommes entrés dans une lutte qui n’a pas une signification physique, mais métaphysique. (…) Nous serons fidèles à la parole de Dieu, nous serons fidèles à sa loi, nous serons fidèles à la loi d’amour et la justice, et si nous constatons des violations de cette loi, nous ne tolérerons jamais ceux qui détruisent cette loi, brouillant la ligne entre la sainteté et le péché, et encore plus avec ceux qui promeuvent le péché comme exemple ou comme l’un des modèles de comportement humain. »
Et il finit par prier pour les soldats qui meurent : « prions pour que tous ceux qui se battent aujourd’hui, qui versent le sang, qui souffrent, entrent aussi dans cette joie de la Résurrection dans la paix et la tranquillité. » J’ai un doute…
Ceci dit, je prie aussi pour les soldats qui meurent. Car dans une guerre, le soldat est rarement celui qui porte la responsabilité des atrocités, qu’il soit russe ou ukrainien.
Et quelque part, je prie aussi pour Kirill, pour qu’il retrouve un jour la raison, pour qu’il retrouve Dieu… Enfin, l’idée que je m’en fais.
Mais finalement, avec lui, la négociation pourrait être assez simple : on arrête les gay pride en Ukraine, et hop, la guerre est finie ! A moins qu’il faille aussi offrir nos homosexuels à la déportation ?
Pour finir, ne nous y trompons pas : la grande majorité des leaders religieux du monde condamnent cette guerre, orthodoxes compris. Ce n’est malheureusement pas le cas en Russie, ou les leaders des quatre religions reconnues (Orthodoxie, Islam, Judaïsme et bouddhisme) ont été choisis par le pouvoir et appartiennent aux rangs du FSB, et où ceux qui voudraient s’en démarquer ne peuvent le faire qu’au prix de leur liberté, voire de leur vie.