Auteur-compositeur-interprète. Ça, c’est pour le cv Wikipédia. Mais Benjamin, avant de devenir Ben, était médecin. Et quand on connaît ses textes et qu’on le voit les interpréter en concert, on ne peut que voir le lien évident qui existe entre les deux professions qu’il a choisi d’épouser. Toutes deux soignent les âmes. D’accord, médecin, ça soigne d’abord le corps mais je suis convaincue qu’il n’était pas ce genre de docteur à prescrire deux dolipranes deux fois par jour pendant six jours, serrer la main en appelant déjà le prochain client/patient.
Quand on écoute les paroles de son dernier album Paradis, sa sensibilité saute aux oreilles. Ses mots résonnent, se cognent partout dans le corps et le cœur pour finir par tourner en boucle dans la tête. Un florilège pour vous faire une idée : « je serai parfois fâché, triste et gris sombre », « plus jamais je me pencherai pour laisser la vie faire », « parce que j’apprends quand je marche », « dans mon âme tu es l’île, des souvenirs de l’enfance », « je peux sentir les larmes monter sans savoir pourquoi, mais je sais me tenir, alors j’intériorise » ou encore « je vais désarmer les regrets », « quarante ans je t’attends, j’ai pas peur de ta crise » et « la famille, c’est plein de conjugaisons ». La liste est sans fin, ses chansons sont bourrées de punchlines qu’on se répète comme des mantras. Ce « je », on le fait nôtre. L’identification est immédiate, ou presque.
Ses précédents albums sont tout aussi beaux et on savoure le choix des mots, les images qu’ils provoquent, les cordes qu’ils viennent faire vibrer comme s’il avait reçu le cadeau des Dieux de dire les maux et de chanter la vie de tous les jours.
Ben c’est le Brassens 2.0. Je ne suis pas certaine qu’il apprécierait la comparaison, fan de Renaud qu’il est. Quoique Brassens a dit d’En cloque qu’elle était parfaite et que Renaud était un génie. Ou quelque chose dans ce goût-là. Peu importe à vrai dire, l’idée à retenir c’est qu’il est poète avant d’être tout le reste. Et que la poésie, on n’en a jamais trop dans nos vies. Mais comme le type a décidé de tout réussir, il nous entraîne aussi dans ses mélodies et nous chante la vie telle qu’elle est : parfois moche et incompréhensible, parfois douce et simple. On fredonne avec lui ce quotidien qui n’est pas si différent d’un être à l’autre. Laissons de côté les considérations géopolitiques d’accord ?
Alors on se passe et repasse certaines compositions et le lien devient à chaque écoute un peu plus limpide : chaque chanson agit comme médicament. Il n’a pas changé de vocation, juste de chemin pour l’exprimer. Il avait sûrement besoin de soigner son âme pour réussir à soigner les nôtres. Il apaise, guérit et élève en se disant et en disant l’autre. Ben Mazué est un artiste. Et n’est-ce pas le propre de l’art, finalement, de toucher au cœur sans détour ?
Ordonnance : à écouter sans limite sur le média de votre choix.
En attendant, le clip de la chanson “Des Nouvelles” tirée de l’album Paradis :