Jean Louis Aubert est né le 12 avril 1955. Fils de sous-préfet, élevé par le personnel de ses parents… On connaît des enfances plus Rock ‘n’ Roll ! Mais en 1964, il découvre l’album des Beatles A Hard Day’s Night et ne s’en remettra jamais. Puis, comme ses futurs comparses de Téléphone, il devient un fan des Stones. Comme il le dira une fois avant de faire la première partie des Stones au Stade de France dans les années 90 : « Les Stones, je les ai plus écoutés que mes parents ». Les paroles de Téléphone sont souvent empreintes de cette petite pointe de rébellion propre aux Stones dans les années 60. Une rébellion non-consensuelle, une observation lucide des mensonges propres aux adultes, un miroir de la société.
Vers la fin des années 70, un vent d’émancipation souffle en France parmi les adolescents, un besoin de vivre sa vie comme on l’entend. J’suis parti de chez mes parents résume assez bien la chose : partir et commencer sa vie à soi. Passer ce morceau en boucle dans la camionnette qui vous déménage du domicile familial vers votre première coloc est un grand moment de la vie.
Et c’est bien là que réside un des grands talents de Téléphone et qui a fait d’eux à l’époque le groupe de Rock N°1 de France : ils parlent à leur public comme s’ils en faisaient partie. Je me souviens du premier concert d’eux auquel j’ai assisté, à leurs débuts. Il s’agissait d’un petit festival sur les terrains vagues d’Ivry-sur-Seine. Ils détonnaient incroyablement au milieu des autres groupes français. Ces derniers étaient tout en poses, postures intellectuelles, image. Bref, des préoccupations d’adultes. Téléphone, eux, semblaient être sortis tout droit du public pour nous improviser un petit concert. Ils faisaient partie de nous et nous faisions partie d’eux. Abolition totale de la distanciation artistes-public. Comment ne pas les aimer ?
Le 10 mai 1981, pour la première fois depuis des décennies, la République Française a un gouvernement de gauche. Pour les syndicalistes et militants divers, c’est l’aboutissement d’un long combat qui a occupé la majeure partie de leur existence. L’heure est à l’enthousiasme et la gueule de bois ne se manifestera que quelques années plus tard. Jean Louis Aubert fait une curieuse constatation : tous ces syndicalistes et militants qui étaient systématiquement en désaccord avec les gouvernements précédents font désormais preuve d’une complaisance étonnante et contre-nature. A tel point qu’ils donnent presque l’impression de travailler pour l’État… Aubert saute à pieds joints sur ce sujet brûlant et montrera avec Ex-Robin des Bois toutes les contradictions de l’époque.
Le militant aligné politiquement veille à rester consensuel. L’artiste non aligné dit simplement ce qu’il voit et se moque éperdument du politiquement correct.
J’suis parti de chez mes parents :
Ex-Robin des Bois :