Article de Bertrand Pavlik, publié dans Rebelles numéro 21
Longtemps, je me suis couché de bonne heure, comme le dirait ce brave Marcel. Franchement, les escrocs et les mensonges de l’écologie ???? Quel rapport avec le rock ? Là, c’était la feuille blanche, le non-article. Il n’y a que des vérités en écologie. Rien qui empêche de dormir. Puis, cet été, je me suis pointé à quelques festivals rocks et j’ai lu quelques interviews. Ah ça, on en a mangé du « Cabaret Vert », du « Pou-belle » du « Festival des déchets », sans savoir si cette appellation évoquait les groupes ou les festivaliers ou un festival punk, du « Terres du Son » et du « Rock en Seine », Hidalgo, voulant faire oublier, à moindre frais, quelle est la plus grande bétonneuse de Paris. Jusque-là, rien à dire, ça sonne cool ! Hein, qui ne voudrait pas sauver la planète ? Le problème, c’est que, paraphrasant Audiard, la connerie, c’est comme les impôts, ça augmente toujours !
Un cornet de fric à la fête foraine
Rentrant serein de vacances, les vieilles gloires multimillionnaires prétendument écologiques comme Pierre Rabhi ou Nicolas Hulot, dont les seuls objets de préservation sont eux et leurs portefeuilles, me reprennent la tête avec leur merchandising à deux balles. Comme j’aime pas ! Pire, on me balance les sentences de Greta !
Oh, je n’ai rien contre la petite Greta. Je suis même sûr qu’elle est totalement sincère. Mais, en même temps que Greta Thunberg « trumpete », j’écoute l’album du groupe Greta Van Fleet, d’autres petits jeunes, guère plus vieux que la Thunberg, et qui font du Led Zepp à s’y méprendre.
Bref, écoutant leur album, Anthem Of The Peaceful Army, le titre d’une de leurs chansons, « Brave New World », me provoque une réaction genre la madeleine de Proust (qui était, en réalité une tartine beurrée à l’origine, cf. les manuscrits de « A La Recherche du Temps Perdu » publiés par les éditions des Saints-Pères et que je vous recommande).
Décidément ce brave vieux monde du capitalisme n’a pas changé ! Eureka, j’ai compris ! On me refait le vieux coup du « My taylor is rich » de l’école. Derrière tous les Greta du monde, on retrouve nos braves amis financiers capitalistes.
Bref, l’écologie, c’est comme le rock. Parti d’une rébellion contre le système, le capitalisme s’est aperçu qu’on pouvait en tirer beaucoup de billets verts ! La religion, c’est pareil, d’ailleurs, hein ? Les marchands du temple sont toujours là. Sans refaire l’histoire du rock, tout le monde sait que la rébellion dure un court instant puis que les groupes et musiciens sont récupérés par les financiers dans le seul but de vendre !
Puis, pas si rebelles, ces jeunes, puisqu’après tout, ils veulent juste prendre la place de leurs parents et tout de suite ! Jim Morrison l’a si bien résumé en chantant « We want the world, and we want it now… » dans « When the Music’s Over ». Le monde que ces jeunes voulaient, c’est un monde dans lequel on est libre… libre de consommer surtout, loin des valeurs d’épargne de leurs parents.
Pour y arriver, il a fallu casser tous les codes et créer de nouvelles échelles de valeurs. Le « Summer Of Love » avec les hippies, « Mai 68 », etc., y sont arrivés. Sous couvert de liberté, le capitalisme a su créer de nouveaux besoins, nous faire oublier le désir et tous nous transformer en bons petits consommateurs.
On a oublié que les capitalistes, notamment les financiers, sont tout, sauf des cons et qu’ils retombent toujours sur leurs pieds. Sans doute ont-ils lu « Les Mariés de la Tour Eiffel » de Jean Cocteau, pour faire leur, cette maxime « Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d’en être les organisateurs ». C’est le cas avec le rock, la pop, la soul, le rap, etc.
C’est le cas avec l’écologie.
Un article sur un groupe de musique, Shaka Ponk, à propos du collectif « The Freaks » m’a fait « tilté » ! Un des membres du groupe explique qu’il a répondu à une sollicitation de la Fondation « La Nature et l’Homme », c’est à dire celle de Nicolas HULOT. C’est super, il s’engage à réduire son empreinte environnementale en recommandant une vingtaine de gestes qui sauveraient la planète, si tout le monde s’y mettait, comme « réfléchir à deux fois avant d’acheter »… Je sais, c’est fatigant. Le lien était patent ! Un groupe ultra-commercial, bien loin du punk dont il se revendique pour l’image, soutenu par un des millionnaires de ce que nous pouvons appeler le « capitalisme vert ».
On retrouve des jeunes idéalistes qui revendiquent leur place dans le monde et qui la veulent de suite, en critiquant le monde de leurs parents. Cela ne vous rappelle rien ? Rock n’roll is not dead, isn’t it ?
Sainte Greta, patronne des financiers des causes désespérées
En effet, derrière le groupe Greta Van Fleet, il y a des financiers qui capitalisent sur un revival Led Zeppelin ou qui recyclent ce groupe phare des seventies auprès des nouvelles générations. Pour Greta Thunberg, c’est pareil. On retrouve derrière elle des Ingmar RENTHZOG, PDG de la start up « We don’t have Time », Callum GRIEVE avec « Green Walking » et « Every Breath Matters », ou plus dangereux, Nicolas BERGGREN, l’homme qui habite dans un avion, lui permettant de visiter quatorze pays en un mois.
Ces pseudos bienfaiteurs de l’humanité ont derrière leurs structures, tous les dirigeants mondiaux, comme des entreprises du Groupe Fortune 500 (Je vous invite à lire l’article de Alexis POULIN, « Greta, la menace ? » sur le site du « Le Monde Moderne »).
Le cas de Nicolas BERGGRUEN est le plus intéressant. Vivant dans un jet privé, un de ses fonds détenant 29 % de Burger King, il est actionnaire majoritaire du premier groupe de médias espagnols, Prisa, qui détient EL PAIS, notamment. Il a également 15 % de participation dans le groupe « Le Monde ».
Pour Nicolas BERGGRUEN, il faut concevoir un cadre alternatif pour la gouvernance, excluant la populisme mais intégrant les réseaux sociaux pour diriger la démocratie dans un système avec de nouvelles institutions de médiation qui complètent un gouvernement représentatif, pour, in fine, créer un ordre mondial fondé sur des règles !!!!
Le 24 mai 2017, à 12 h 43 PM, il publiait un tweet révélateur quant à sa pensée “The democracy paradox : in order to save democracy we may need to have less of it”. Ce tweet a été effacé depuis un article du site « Ruptures » sur Nicolas BERGGRUEN. Tout est dit !
Comme pour les babyboomers rebelles de la naissance du rock, toutes les aspirations d’une jeunesse sincère, dont fait partie Greta Thunberg, sont récupérées par nos braves financiers. Après la manne de l’or noir, c’est celle de l’or vert.
En plus, il est beaucoup plus facile à récolter, y compris pour nos dirigeants. La petite Greta est désormais canonisée. Est hérétique, celui ose la critiquer !
Lavoisier avait raison : rien ne se perd, tout se transforme
Certes, elle nous alerte sur nos dérives environnementales et sur les risques climatiques. Cependant, comme la rébellion rock, elle n’est pas révolutionnaire. Elle demande à nos dirigeants et aux entreprises d’agir ! Elle nous fait culpabiliser et nous devons tous faire pénitence. Comme pour la consommation rock n’roll, on nous a inventé la consommation environnementale. Pour lutter en faveur du climat, revoyez vos habitudes et rachetez des objets écolo-compatibles comme des voitures, des machines à laver, de la lessive, etc. Bien sûr, pour le bien de la nature, nous vous les vendons bien plus chers !
Pour lutter en faveur du climat, haro sur l’avion, la voiture, l’alimentation, l’agriculture mais aussi les droits et libertés de l’homme et surtout de la femme ! Pour lutter en faveur du climat, trouvons des financements en faveur de la nature et taxons les prétendus pollueurs. Augmentons les taxes et impôts divers, c’est pour le bien de la nature, vous ne pouvez pas vous révolter. Pour lutter en faveur du climat, changez vos habitudes, bande de sales consommateurs car c’est vous les pollueurs. Allez ramasser les ordures sur les plages, dans les parcs, etc.
Les nouveaux financiers du capitalisme vert ont tout compris. Ils ont trouvé de nouveaux marchés et ils ont créé de nouveaux besoins. Ces besoins ne sont plus fondés sur le désir mais sur la culpabilité.
Prenons en exemple, encore une fois, le rock. Le rock, c’était l’excès. Aujourd’hui, les rockers sont tous aseptisés, mangent bio et ne boivent plus d’alcool, à de très rares exceptions près.
Cela a été la même chose pour la nourriture. On mange trop gras, puis le cholestérol, c’est mauvais, pour finir sur le « il faut manger un peu de gras », il y a du « “mauvais et du bon” cholestérol ». No comment !
Là est le mensonge actuel de l’écologie ! Bien sûr que tous ces jeunes et ces moins jeunes ont raison. On doit faire plus et mieux pour la Terre et il y a sans doute urgence mais pas à n’importe quel prix et avec n’importe qui ! Ne vendons pas notre âme au diable. Ne nous laissons pas voler nos rêves.
Ces manifestations écologistes ne sont pas si radicales. Des colères de Greta au « Extinction Rebelles », elles demandent toutes une intervention de l’État et une prise de conscience des entreprises. Il ne s’agit plus de renverser la table mais de nous laisser la nettoyer pour y mettre une nappe propre.
Là est le mensonge. Il est double en plus : économique comme politique.
Un truisme en cache un autre
Nous oublions que ceux qui ont sali la nappe sur la table, ce sont ces financiers qui nous ont vendu des canettes de boissons et autres emballages polluants qui développent l’élevage intensif, qui construisent des véhicules de transports polluants, etc. Ce sont eux qui ont créé ces besoins. Ce seraient à eux de culpabiliser mais non à nous.
Ils recommencent en trouvant de nouvelles sources vertes de profits. Ils nous obligent également à assumer pour leurs erreurs. Bref, c’est comme la TVA. Au final, c’est toujours le consommateur qui paye.
Nous oublions que le premier programme politique vert à être appliqué était vert-de-gris (Végétarien, Hygiéniste, Naturiste, Sportif, Pro-Life, défenseur des animaux, etc.). Nous constatons que le mensonge continue. La lutte écologiste justifie le recul des droits et libertés. Comme d’habitude, en dehors de nos portefeuilles aimés des financiers, ce sont les femmes qui vont trinquer.
Il n’y a pas que la religion monothéiste qui fait reculer les droits des femmes, les nouveaux dieux verts également. La couche-culotte est un exemple idiot mais un parfait exemple. Nos amis écologistes veulent faire interdire les couches-culottes jetables pour rétablir les couches-culottes lavables. Qui va les laver à votre avis ? Demandez à vos grands-mères si elles seraient ravies de revenir à la couche culotte lavable ? Je n’évoque même pas celles des personnes incontinentes.
On nous vend des villes modernes interconnectées qui ne seraient pas polluantes. C’est un mensonge.
Les villes plus modernes et les plus connectées sont aujourd’hui les villes les plus polluées du monde. Tous ces réseaux nécessitent des antennes et des câbles, mais aussi des composants de téléphones portables, d’ordinateurs et autres nouvelles technologies ; tout cela est très polluant. Les villes modernes et les plus connectées sont actuellement celles où le taux de mortalité et les maladies graves ont le plus augmenté. On prend sa voiture pour faire quatre cent mètres. On prend une trottinette dont la durée maximale d’utilisation est de trois semaines environ, avec une batterie ultra-polluante, sans que tout cela soit recyclé et en polluant, en plus, l’espace urbain, par une inconscience incivile totale. Après tout, pourquoi se fatiguer et ne pas se faire livrer à domicile à manger, à boire, à lire, à écrire, à se laver, son linge… et même, à baiser ? Bref, ne nous étonnons pas que toutes ces livraisons finissent par polluer, qu’elles entraînent de graves maladies cardio-vasculaires car nous ne bougeons plus et nous mangeons ce que Jean-Pierre Coffe appelait de la merde !
En plus, on veut nous coller de la reconnaissance faciale, sous couvert de lutte contre le terrorisme mais posez-vous la question de savoir pourquoi les entreprises font pression également en sa faveur. N’y aurait-il pas un intérêt commercial ?
C’est la nouvelle histoire d’O, celle guère bandante du Secrétaire d’État au Numérique pour qui « Expérimenter la reconnaissance faciale est nécessaire pour que nos industriels progressent » (Le Monde du 15 octobre 2019).
De toutes les manières, vous ne pourrez pas y échapper car être contre, c’est faire le jeu du terrorisme. Terrorisme, lui-même financé par les mêmes démiurges qui se prétendent écologistes. Le terrorisme est un marché, comme l’écologie et comme l’a été le rock.
N’ayez crainte, braves gens, dormez bien, tout va bien.
Je vais quand même me passer un disque des Greta Van Fleet, parce qu’au moins le rock à fond, ça vous empêche de dormir !
Bertrand Pavlik