brAque est un artiste de House Music Parisien, il fait parti du Label D.KO et a sorti son E.P (3 titres + un remix) « Maraude » cette année. Je suis allé à sa rencontre, chez lui, dans son appartement à Arts et Métiers où il vit et compose afin de tenter de mieux comprendre ce qui fait de lui un artiste parfaitement dans son temps.
Rebelles : Pourquoi avoir choisi brAque comme nom de scène?
brAque parce que ça évoque plein de trucs. Ca représente un peu la folie. C’est aussi une race qui me tient particulièrement à coeur parce que c’était mon chien, et puis j’ai toujours vu le succès d’un oeil cynique, Or le chien symbolise le cynisme. Du coup le nom était tout trouvé, ça correspondait pas mal à ma vision des choses.
Rebelles : Comment es-tu venu à la musique?
J’ai eu un synthé très petit vers 5 ans et demi où déjà je plaquais des accords pendant des heures dans ma chambre. Par la suite, j’ai eu un vrai synthé plus pro qui était le JX-305 de Roland, puis j’ai commencé à travailler avec un ordinateur. Mais avant tout c’est en écoutant des disques que je suis venu à la musique. De toute façon j’ai toujours été baigné de musique…
Rebelles : Des artistes qui t’ont influencé particulièrement?
Oui. Il y a eu Michael Jackson déja ça c’est sûr. Après dans le rap français des années 95, il y a eu des groupes comme La cliqua, Expression direkt et en house, c’était les Daft Punk avec l’album Homework et Julien Jabre.
Rebelles : Tu fais partie du label D.KO. Peux-tu nous en parler? Comment s’est faite la rencontre?
D.KO est un jeune label Parisien qu’on voit un peu partout. Ils passent de la bonne musique. Ils ont su garder un esprit festif sans se prendre trop au sérieux, ce qui est appréciable. À la base je faisais régulièrement de la musique avec les grands frères de Ralph et Sandro et ils ont entendu ce que je faisais à un moment donné. À priori ça leur a plu. Par la suite je suis allé à une de leurs soirées aux 6B et le courant est bien passé.
Rebelles : Tu as sorti en vinyl ton premier EP “Maraude” que tu as conçu chez toi de A à Z.
Comment ça s’est fait?
Ca a vraiment fait suite à la soirée du 6B, j’ai entendu ce qu’ils passaient et ça m’a rappelé la musique qu’on entendait quand moi je sortais beaucoup, il y a 15 ans. Ca m’a complètement remis dans l’ambiance de l’époque. Ca a été un peu le déclic. J’avais déjà le morceau “Dîners en Ville” qui plaisait au sein de D.KO et cette soirée m’a inspiré pour faire les titres “Maraude” et “777” dans la foulée. À la base il était prévu que je ne sorte que “Dîners en Ville” sur une compilation, mais au final avec les deux autres titres on a sorti directement l’EP (3 titres + un remix).
Rebelles : La musique que tu as entendue à leurs soirées t’a rappelé la musique que tu pouvais entendre il y a 15 ans?
En fait j’ai retrouvé une ambiance que je n’avais pas ressentie depuis pas mal de temps c’est vrai, dans le sens où les gens étaient là pour faire la fête de façon assez sincère sans se préoccuper de savoir vraiment qui mixait. Je dis pas que toutes les soirées à Paris étaient moroses, mais disons que là ça a été particulièrement remarquable.
Rebelles : Tu bosses sur quel type de matériel aujourd’hui?
Je travaille sur Cubase, c’est un logiciel sur lequel j’ai mes repères. Ca fait déjà pas mal de temps que je suis dessus. Je trouve que c’est comme ça qu’on finit par avoir son propre son. Persister dans une façon de travailler, en y ajoutant des choses exterieures, en gardant le même vecteur, expérimenter les choses en profondeur en les fatiguant, en les mettant à l’épreuve. Je ne change pas de matériel tous les quatres matins pour suivre la mode. Je bosse uniquement avec les instruments de base de mon logiciel, c’est un choix.
Rebelles : Quelles ont été tes sources d’inspiration?
Ma musique ressemble plus à un conglomérat. Elle ressemble à la musique que j’écoute et que j’aime. En quelque sorte j’ai voulu la faire coexister en un seul endroit. On peut y retrouver des samples de Jazz, un peu de salsa parfois, de la funk. On peut retrouver des rythmes assez agressifs, techno, parfois house aussi. Je ne me limite pas au niveau de l’exploration des styles, en revanche je garde ma façon de faire que je ne change pas.
Au bout du compte ça fait 15 ans que je fais de la musique de cette manière, donc il n’y a pas de mystère. On est récompensé à la fin parce qu’on a tenu, c’est quelque part de la résistance. Il y a 15 ans, personne ne voulait plus entendre parler de cette musique là. Aujourd’hui tout le monde en veut. Je fais de la house au sens strict du terme, c’est à dire que je produis ma musique chez moi sans être passé par un studio à Los Angeles! Du coup les sons peuvent sonner un peu brut parfois, mais au final si tu te débrouilles pas trop mal et que tu mixes dans des clubs sympas, ça cogne!
Rebelles : C’est vrai qu’il y pas mal d’aspérités quand on écoute ta musique…
Il y a selon moi eu une sorte de rigorisme sur la perfection du son au point qu’on en est tombé un peu dans le ridicule. C’est devenu le dictat de la perfection ce qui a donné de la musique très aseptisée et je pense que du coup les gens se sont un peu fatigués de ça.
Rebelles : Qu’est ce qui, selon toi, a changé dans la musique avec l’omniprésence d’internet?
Il y a quelques années, le chemin pour sortir un disque tenait du chemin de croix. Aujourd’hui le processus de production est plus simple et rapide. Beaucoup de gens montent leur labels et tous se retrouvent sur facebook.
Du coup le phénomène de Parisianisme n’existe plus. Les soirées qui se passent à Paris sont les mêmes qu’à Bordeaux ou à Marseille. On écoute la même musique, on partage les mêmes liens. Tout s’est globalisé, ce qui n’était pas le cas avant.
Avant on était obligé d’écouter ce que les labels dominants nous donnaient. Aujourd’hui on peut écouter directement sur soundcloud les morceaux de n’importe qui.
Rebelles : Du coup, si tout le monde peut le faire est-ce au prix d’une baisse de qualité?
C’est mathématique, plus il y a de choses qui sortent, plus il y a de choses moyennes aussi! C’est le revers de la médaille effectivement mais je préfère ça plutôt que de manger une soupe qu’on m’a préparée et préchauffée.
Rebelles : Tu es atypique dans ta façon d’aborder la promotion de ta musique. Tu restes assez mystérieux et discret. Pourquoi?
Je ne joue pas le mystère, mais aujourd’hui on est tellement dans l’apparence que quelqu’un qui ne joue pas dessus passe forcément pour mystérieux. Quand les gens viennent me parler ils comprennent très rapidement que je ne suis pas quelqu’un qui joue le ténébreux ou le mystérieux. Par contre ma démarche peut leur paraître suspecte car je ne suis pas aussi engagé que certains. Après ça dépend de ta personnalité, on a tous une manière différente d’aborder la promotion. Personnellement, j’aurais le sentiment de jouer un rôle. Je préfère que ça passe par la musique quitte à ce que ça prenne plus de temps plutôt que d’aller chercher les gens sur internet…
Rebelles : Sans faire de généralité on a le sentiment que pas mal de jeunes artistes se font connaître en faisant un remix puis balancent leur propre compo par la suite. Toi tu fais l’inverse. Tu sors un disque puis récemment tu nous offre un remix pour la première fois “Crystal waters -gypsy Woman”. N’y a t-il pas un paradoxe? Qu’est ce qui t’a poussé à le faire?
Effectivement il y toute une mode du remix à tout va. Il y en a qui ne font que ça. Je trouve que c’est rigolo car c’est une façon de s’approprier une chanson quelque part. Je l’ai vu plus comme un exercice de style. J’avais fait mon disque. Du coup je voulais tenter de faire cohabiter ma façon de travailler avec un énorme tube en essayant de ne pas trop l’abîmer. Même si de toute façon je considère que c’est un sacrilège…
Rebelles : Même quand tu le fais?
Bien sûr mais il faut savoir se faire violence!
Rebelles : Dernière question, quels sont les clubs ou tu t’es produit? Des prochaines dates?
En fait toutes les boîtes dans lesquelles j’ai joué ont fermé ! Non je déconne! (ndlr rires ) C’est bon à savoir si vous voulez m’inviter! Plus sérieusement j’ai fait le Malibu, le Monseigneur, la plage du Glazart, le Mellotron et en Janvier je joue au Batofar avec D.KO.
Rebelles : Merci BrAque
De rien!
Interview par Jonathan LB