Bel ouvrage, sans conteste. Quel plaisir de papillonner d’une page à l’autre, d’un concept à l’autre, et de suivre la pensée du sociologue en perpétuelle contemplation de la maison (oikos) commune… C’est cela même la sensibilité écosophique, selon l’auteur.
Il s’agit de se plier à une permanente adaptation, afin de mieux comprendre « ce qui est en train de se tramer, souterrainement, dans l’époque postmoderne en gestation » (sic). Et les trouvailles de Maffesoli passent par l’analyse subtile du Réel, n’oublient jamais que « le lieu fait lien », et qu’il y a bien, dans le naturalisme contemporain, une manière de penser et de vivre un retour du divin. Michel Maffesoli n’est pas un faux monnayeur de la philosophie, il se préserve avec talent de la « médiacratique » ambiante, il dépasse, n’en déplaisent aux jaloux qui l’envient, le progressisme benêt qui nous enfume, tout en poursuivant l’analyse du sacral postmoderne. Personnellement, en tant que fils du thomiste Jean-Pierre Maxence, j’ai été ému de le voir saluer le retour insolite d’une certaine philosophie qui « redonne ses lettres de noblesse aux
sens, à la chair, et, pour le dire d’une manière métaphorique, au mystère de l’incarnation ». Quant aux pages sur le corps (p. 76 surtout), elles
sont précises et éclairantes. Ainsi : « Le corps que l’on façonne dans les salles de musculation, le corps que l’on soigne au travers d’une diététique tous azimuts, sans oublier le corps que l’on pare avec le développement de la mode. Voilà autant d’expression d’un vitalisme primitif que les institutions ascétiques modernes n’arrivent plus à réprimer et qui redonne une place primordiale au désir latent de faire de la vie une œuvre d’art ».