Fuguer est une activité liquide pour mon crâne quand mon élocution devenue gluante telle de la marmelade après avoir été malaxée par ma plume s’enfuit avec moi, me faisant arpenter des chemins abstraits, quand l’écriture devient bohème, pareille à une caravane qui roule sur une route aux intersections multiples sans jamais s’engager dans le cul-de-sac de la conclusion.
Cette fuite est nécessaire pour la recherche de ce qui me définit vraiment comme un voyageur souvent maladroit de la langue française suivant une signalisation uniquement visible par ma sensibilité toujours en mouvement quand elle ne se laisse pas immobiliser par les affres du doute, fossilisant mon cerveau.
Mon imagination m’oriente régulièrement jusqu’au creux d’un refuge quand je fais accoucher ma plume d’idées variées et diverses. J’effectue alors une fugue hors du temps qui m’entoure, une fugue hors de moi-même. Avec ma plume, je regarde au loin le cairn de ma verve poétique me montrant le chemin intérieur à suivre. Je me dis alors que l’équilibre de cette verve- là ne sera rompue que si je décide de ne plus m’extraire des souffrances que je ressens, jour après jour, envers notre époque angoissante faite de ruines humaines.
Lorsque j’écris, je m’oublie en ayant la sensation qu’un moi mystérieux m’écrit, me servant de guide jusqu’à ce que j’atteigne le point final. Mais avant d’atteindre ce point final, j’essaierai d’être à l’écoute de toutes les voix qui me traversent, tentant de créer avec mes mots ma propre musicalité.
(Texte écrit en écoutant Toccata et fugue en ré mineur BWV 565 de J.S. Bach)
La Ciotat. Octobre 2024
J’ai participé à un festival qui se nomme : AroundAbout; organisé par IPM à Toulouse dans lequel il s’agissait de faire une vidéo sur la thématique des ronds-points.