Au moment de commencer à travailler sur l’album Off The Wall, Michael Jackson n’est pas encore trop sûr du résultat final qu’il veut obtenir. Par contre, il est hors de question pour lui de produire une oeuvre ressemblant à celles des Jacksons ou de suivre la trace de ses précédents albums solos, inondés de reprises et pilotés par le producteur. Il veut faire son truc à lui. On peut dire qu’il y est arrivé : outre le fait que quatre titres de l’album se sont classés dans le Top 10, ça a été, à l’époque, l’album le plus vendu par un afro-américain.
Une équipe de choc
Soucieux de fournir toutes les chances à Michael, Quincy Jones va réunir des collaborateurs de grande valeur : Rod Temperton, Paul McCartney et Stevie Wonder. Rien que ça ! Il obtiendra comme bassiste attitré des séances celui qu’on considérait à l’époque comme un des meilleurs bassistes du monde : Louis Johnson.
Le disco-funk
Les deux morceaux des Jacksons cités dans mon précédent article, Blame It On The Boogie et Can You Feel It, avaient une particularité : leur côté funk. Vers la fin des années 70, plusieurs groupes se sont mis à mélanger le disco et le funk : Earth, Wind & Fire, Kool & The Gang et Chic, pour citer les plus notables. Dans ce genre musical, on a le meilleur des deux mondes : un groove imparable et contagieux exécuté par la section rythmique et les cuivres et des arrangements ouvragés de cordes ainsi qu’une inspiration pop dans la composition. Michael et Quincy Jones sont très interpelés par ce style de musique car il leur ouvre des perspectives nouvelles et inspirantes. L’album Off The Wall est et restera emblématique du disco-funk.
Don’t Stop ‘Til You Get Enough
Difficile de mieux commencer un album : les dix premières secondes constituent une motivation suffisante pour avoir envie de l’acheter et ça a dû arriver bien des fois à l’époque. L’intro parlée de Michael sur la basse slappée de Louis Johnson est tout simplement bluffante. Mais quand tout le monde démarre, on assiste à l’une des meilleures illustrations de ce qu’est le disco-funk : des arrangements somptueux portés par une rythmique contagieuse. L’écoute de ce morceau au casque ou sur une excellente chaine hifi est une expérience passionnante. Une foule de petits détails viennent renforcer par endroits le thème fourni par la batterie, la basse et la guitare : une deuxième guitare fait un contrechant à la guitare principale, des cloches, maracas, claves, bongos très subtilement mixés, des attaques de cuivres particulièrement judicieuses, quelques claviers et synthés, très subtils également…
Il faut être honnête : en termes de précision instrumentale et de mixage, on est face à la PERFECTION… Si tant est qu’elle soit de ce monde.
La vidéo est vraiment très originale pour l’époque : ce n’est pas juste une illustration de la chanson, c’est une création à part entière. Elle fourmille de trouvailles techniques délicieuses à observer. On sent déjà poindre “l’art du clip” qui permettra à l’album Thriller, outre la musique, de se distinguer.
Rock With You
Un morceau lui aussi incroyablement dansant. Comme pour le morceau précédent, ce n’est plus vraiment du disco, ce n’est pas encore du funk pur, c’est du disco-funk. De très beaux arrangements. Clip magnifique, également.
Working Day And Night
Un morceau qu’il jouera régulièrement en concert.
She’s Out Of My life
Une chanson magnifique sur l’amour perdu. L’intro de l’orchestre à cordes est tout simplement majestueuse. Pour Michael, elle a revêtu une profondeur particulière et très personnelle. Bien qu’il s’agisse d’une chanson d’amour déçu, elle lui a permis d’exprimer le sentiment de solitude et d’incompréhension qu’il ressentait à ce moment-là. A tel point que sur les derniers vers, il ne peut s’empêcher de pleurer. Quincy Jones et Bruce Swedien, l’ingénieur du son, ont tenté sans succès de lui faire refaire des prises de son mais rien à faire : Michael pleurait sur la fin à chaque fois. Alors ils ont fini par convenir que c’était probablement ainsi que la chanson devait être enregistrée…
The Jacksons Live
Michael avait déjà un nom de famille célèbre. Avec Off The Wall, il va se faire un prénom. C’est particulièrement visible sur l’album live des Jacksons qui suit, en 1981, où les morceaux de Off The Wall sont omniprésents. Sur scène, c’est évident : c’est lui la star et il éclipse complètement les autres Jacksons :
Mais le meilleur reste à venir…
La prochaine fois : Thriller !!!