En France , les chiffres publiés en octobre 2022 par le ministère de l’intérieur sont éloquents :
– Augmentation des atteintes aux personnes : nombre de victimes déclarées de violences intrafamiliales (+57%) et de violences sexuelles (+82%). Ces tendances s’inscrivent selon cette source , dans le contexte de la libération de la parole et de la meilleure prise en considération de ce sujet.
Certes, mais alors la parole avait donc bien besoin d’être libérée et il y avait beaucoup, trop, de choses à dire.
– Nombre d’homicides, en augmentation (+4,3% en 2021) : Ce chiffre serait resté stable sur une longue période, toujours selon cette source. Est-ce une consolation ?
En tout cas, au-delà de ces chiffres, le sentiment d’insécurité existe bel et bien puisque 86% des français , selon le JDD du 24 avril 2021, avaient indiqué que ce thème serait important dans leur vote à l’élection présidentielle.
Même dans la vie de tous les jours, dans nos rues, les conflits, les heurs sont là. L’état général de violence, d’irrespect est partout, tout le temps. Celui-là ne veut pas faire la queue au supermarché, l’autre ne veut pas attendre à un feu rouge, l’autre encore exige du médecin l’ordonnance dont il est sûr d’avoir besoin, après avoir joué aux apprentis médecins sur internet.
Ce sont les enfants rois, nés après 1968, qui sont devenus adultes et qui ne peuvent souffrir aujourd’hui de voir leurs désirs inassouvis. Enfants, il était « interdit d’interdire », ils étaient libres et on les laissait souvent faire pour les laisser grandir. Ceux qui se roulaient par terre pour obtenir gain de cause reproduisent maintenant leur comportement. Alors, comme quand ils étaient gamins, ils crient, ils pleurent et tapent des pieds. C’est sans limite. Se soumettre aux règles, au collectif, semble rester contre nature. L’enfance a passé, et il y en a beaucoup de ces rois qui découvrent le monde du travail, le monde tout court. Alors, ils vont plus loin, ils ont plus de force alors ils n’hésitent pas à frapper l’autre. Socrate qui recommandait : « si un âne te donne un coup de pied ne lui rend pas » n’est plus écouté. Les actes de violence pour des peccadilles se multiplient et la violence engendre la violence ( Martin Luther King) .
Eh oui, on n’obtient pas toujours ce que l’on souhaite dans le monde des adultes. Eh oui , découvrir qu’on n’est pas seul au monde et qu’on n’est pas roi, fait mal . Mal à l’égo et mal tout court. On sait que la vie est courte alors on veut obtenir tout tout de suite et on est juste malheureux. Alors la violence semble malheureusement être la solution , dirigée contre les autres ou parfois contre soi-même. Mais si cette recherche du bonheur semble légitime, va-t-elle dans la bonne direction ?
Comme l’indique Frédéric Lenoir dans son livre “une petite histoire du bonheur “:
“Au pessimisme de Kant, de Schopenhauer et de Freud qui affirment qu’un bonheur complet et durable est impossible à cause du caractère infini du désir humain, les Sages d’Orient et d’Occident répondent que le bonheur est possible à condition de ne plus chercher à ajuster le monde à nos désirs…… Nous découvrons que le bonheur et le malheur ne dépendent plus tant de causes extérieures que de notre état d’être”.
Alors que peut-on faire ?
La solution est sans doute dans le savoir, la connaissance, du monde et de soi. Il faut apprendre ou réapprendre à « oser savoir » ( Kant ) pour être libres et heureux. A l’école, permettre aux enfants d’accéder aux cours de base de la philosophie. Et peut-être que les enfants de demain pourront éduquer les enfants rois d’hier ….