Ce qui vient maintenant n’est pas banal. C’est le FSO (Service de la garde fédérale russe), un service de renseignement d’élite chez les Russes dont la tâche est de protéger le Président Poutine et d’autres personnalités politiques de haut rang, qui a écrit un mémo secret des plus intéressants ces jours-ci. Le mémo a malencontreusement fuité dans la presse russe en exil (The Insider).
Le gouvernement russe n’a pas contesté l’authenticité de ce mémo, qui contient force détails sur la protection mise en œuvre autour de Vladimir Poutine, une protection qui pour nous, âmes rationnelles et décadentes de l’Occident en déclin, pourrait sembler étrange.
Des générateurs de matière noire psychique
En effet, on apprend dans ce mémo, qu’en ces temps de « guerre » (le FSO ne s’embarrasse pas de l’euphémisme « opération spéciale »), l’ennemi a mobilisé « des organisations pseudo-religieuses » et des individus possédant des pouvoirs psychiques afin de manipuler les élites russes. L’ennemi (euh, l’ennemi, c’est nous, occidentaux-americano-nazi-ukrainiens, au cas où vous auriez un doute) aurait aussi en sa possession des générateurs Psi (Psi est un terme connu des spécialistes des pouvoirs psychiques et très utilisé dans les sphères complotistes signifiant « tout ce qui touche le domaine des pouvoirs psychiques », et un générateur Psi est un générateur de « matière noire », dont le développement aurait été réalisé dans les centres secrets de la CIA) utilisés pour contrôler et placer sous emprise mentale les chefs de guerre et politiciens du Kremlin.
Heureusement, le Général Alexander Komov est en charge de la protection du Président Poutine contre les « armes psychiques ». D’après The Insider, pour exercer cette protection Komov utilise une brigade de médiums et d’astrologues russes qui ont pour mission de contre-attaquer psychiquement face à la menace psychique occidentale. J’en ai mal à la tête…
Et pour protéger les agents du renseignement de la manipulation mentale à distance dont ils pourraient être l’objet, le FSO prescrit… une visite à la cathédrale de l’icône de Kazan de la Mère de Dieu.
Complot des hérétiques catholiques contre Poutine
En parlant de Dieu, il s’agit évidemment du seul vrai et unique, le Dieu des Orthodoxes russes. Parce qu’en ce qui concerne les catholiques, l’affaire est différente : c’est le protodiacre* Vladimir Vasilik, membre de la puissante Commission liturgique synodale de l’Église orthodoxe russe et collaborateur fréquent des journaux et magazines de l’Église, qui nous apprend que les « évènements » en Ukraine sont le résultat d’un sinistre complot ourdi au Vatican.
En effet, d’après Vasilik, les catholiques non seulement conspirent contre l’Église Orthodoxe Russe depuis le 16e siècle, mais ils sont aussi derrière les manifestations du Maidan de 2014 en Ukraine. La raison ? C’est évident mon cher Watson (à défaut d’être élémentaire), toujours d’après Vasilik, le Pape et ses sbires ont prévu d’unifier les Églises orthodoxes du Patriarcat de Constantinople (dont ne fait pas partie l’Église Orthodoxe Russe) et l’Église Catholique. Et Vasilik ajoute : « L’année est déjà connue – 2025 – l’année de l’anniversaire du premier concile œcuménique, que les hérétiques catholiques et les traîtres grecs à l’orthodoxie vont célébrer de manière si perverse. Et ils ont décidé de choisir l’Ukraine comme terrain d’essai. »
Croyez-le ou non, j’avais rencontré Vasilik en 2019 à Moscou. Il semblait normal et assez modéré, ouvert au dialogue avec les sectes concurrentes. Alors, que s’est-il passé depuis ? J’en suis sûr maintenant, il a été atteint par un générateur Psi, mais de ceux de l’armée russe. Bon travail camarade Alexander Komov !
* Le protodiacre dans l’Église orthodoxe est le diacre principal du diocèse. Il officie dans la cathédrale diocésaine. A propos du diacre : En plus de proclamer l’Évangile et d’aider à la distribution de la communion, (dans la tradition slave, le diacre ne distribue pas lui-même la communion) le diacre encense les icônes et le peuple, appelle l’assemblée à la prière, conduit les litanies et a un rôle spécial dans la récitation de certains textes durant l’office. En accord avec la tradition des Églises d’Orient, il n’a pas la faculté d’être ministre des sacrements, si l’on exclut le baptême qu’il peut administrer comme tout fidèle en cas de danger de mort imminente.