Cet album-là, c’est difficile d’en parler, c’est un monument ! Pour faire court, disons qu’il est impossible de concevoir le rock anglais des années 70 sans lui, il en est une pierre angulaire. Il est également impossible de sur estimer son influence sur les générations punk et new wave à venir et sur pas mal d’autres choses.
Cet album était partout en Europe à l’époque. Toute discothèque de fan de rock en possédait un. Même dans la petite ville de banlieue sud où j’habitais et qui n’était vraiment pas une ville « branchée », quand on allait à une boum (comme on disait à l’époque), dans les disques apportés par les participants, il y avait forcément cet album, parfois en plusieurs exemplaires. Et bien sûr les inévitables singles de T. Rex. Accessoirement, c’était souvent le seul album de rock qu’on trouvait dans le rayon disque des supermarchés à l’époque. Perdu au milieu de la variété française mais facilement repérable par sa couleur noire teintée d’un graphisme doré.
Marc Bolan, Tony Visconti et les musiciens de T. Rex ont produit leur chef d’œuvre avec cet album. Et pourtant, on ne peut pas dire que les conditions d’enregistrement étaient simples. T. Rex tournait un peu partout dans le monde sans discontinuer et Tony Visconti avait du mal à bloquer du temps pour les séances. Il a d’ailleurs été enregistré dans plusieurs studios, en fonction des disponibilités : Londres, Los Angeles et New York. Malgré tout, l’ensemble est surprenant de cohésion, d’unité, que ce soit dans la qualité des compositions, le mixage ou le son.
Tous les morceaux de l’album sont excellents, sans exception, mais certains sortent du lot comme le tonitruant Jeepster, un curieux mélange de hard rock, de rock ‘n’ roll avec ce condiment propre à T. Rex : la section cordes. Ayant enregistré seul les guitares à gauche et à droite de la stéréo, Marc Bolan se livre à une acrobatie risquée mais payante. Les deux guitares se répondent souvent et ne cessent d’évoluer au fil du morceau.
Cosmic Dancer est peut-être à l’heure actuelle le morceau le plus connu de T. Rex. Il a beaucoup été utilisé dans des films et je n’ai pu résister à la tentation de vous présenter la scène d’ouverture de Billy Elliot où il est merveilleusement illustré en images. Des paroles souvent énigmatiques, une section cordes qui évolue au fil du morceau et l’amène à son paroxysme, des chœurs qui lui font un contrepoint et par-dessus tout ça la voix envoûtante de Marc Bolan qui signe là l’une de ses plus belles interprétations.
Get It On est le seul morceau de T. Rex à avoir fait un carton aux USA. Difficile de résister à l’intro et toutes les recettes habituelles qui ont fait la gloire de T. Rex sont présentes : section cordes, chœurs, thème de guitare envoutant et rythmique implacable.
Pour finir, Life’s A Gas est une très belle balade qui illustre parfaitement l’esprit de l’album : « la vie, c’est le pied ». Marc Bolan arrive à nous persuader pendant l’écoute du disque que l’existence n’est qu’une continuelle suite de fêtes et de bonheur et l’ensemble est un excellent remède à la morosité. Avec cet album, le rock anglais ne sera plus jamais le même.
William H. Miller
La prochaine fois : les albums The Slider et Tanx