Le disco diversifie encore plus ses sources d’inspiration. Outre l’arrivée du groupe Chic et de son funk élégant, certains francophones, venus à New York pour comprendre ce qui s’y passe, vont initier des créations originales.
Par exemple, le producteur Henri Belolo et l’auteur-compositeur Jacques Morali, tous deux français, vont créer un groupe dont la popularité persiste jusqu’à ce jour et qui est resté un des meilleurs exemples de disco dans la mémoire collective : Village People. Ils recrutent les six membres qui sont censés représenter les symboles du macho américain et également les fantasmes de la communauté gay de Greenwich Village : le cow boy, l’ouvrier en bâtiment, l’indien, le GI, le biker et le policeman, qui est aussi le chanteur principal, Victor Willis.
Dans leur film, Can’t Stop The Music (Rien n’arrête la musique), on a une bonne image de ce qu’a dû être le casting. On y découvre également que chacun des membres est un très bon chanteur.
Village People va bâtir sa prestation scénique sur une ambiguïté hétéro/homo qui va ratisser large. Les femmes américaines vont être séduites par ces archétypes du mâle américain. Les gays seront sensibles à la même chose et ils comprendront les paroles codées qui s’adressent en fait à la communauté gay. Tous les autres vont adorer parce que cette auto dérision assumée par des personnes ne se prenant pas au sérieux est plutôt craquante et rafraichissante.
Dans leur premier hit, ils parleront avec humour et auto dérision de la joie qu’il y a à se retrouver « entre hommes » dans les YMCA (l’équivalent de nos auberges de jeunesse).
Randy Jones, le cow boy, a dit récemment que, quel que soit les circonstances où on passe leurs disques, boite de nuit, anniversaire, mariage, etc, la réaction unanime est un large sourire chez les personnes présentes et une vague de bonne humeur. Village People fait partie de ces groupes qui ont fait l’unanimité, dans et en dehors du disco. Ils ne se prennent pas au sérieux, ils ont de l’humour, leur musique est de qualité et ce sont de très bons artistes de scène. Comment ne pas les aimer ?
William H. Miller
Thelma Houston sortira en 1977 ce titre qui fera aussi beaucoup plus tard le succès des Communards de Jimmy Somerville.
En cette année-là, émerge également l’un des plus talentueux groupe de Disco de tous les temps mais dont la survivance dépassera largement le genre lui-même. D’ailleurs, Chic n’a jamais prétendu être Disco. Le guitariste Nile Rodgers et le bassiste Bernard Edwards étaient Funk avant tout et le sont restés (voir la collaboration récente de Nile Rodgers avec Daft Punk). Enregistré en cachette la nuit dans un studio dont un ami était le gardien, ce morceau va mettre leur légende en orbite.
Patrick Juvet sort en 1978 un des morceaux les plus emblématiques du Disco et qui contribuera aux belles nuits de Manhattan. Qu’on ne s’y trompe pas : il ne s’agit pas d’un artiste francophone qui fait un succès d’estime en Europe en reprenant du Disco, comme bien d’autres. Patrick Juvet a enregistré son album au studio Sigma de New York avec des musiciens du cru qui connaissent la musique populaire américaine comme leur poche. Ça s’entend sur cette version longue tout terrain qui aligne tous les styles en vogue à l’époque dans les boites de Manhattan. Le disque est produit par Patrick Juvet lui-même ainsi que Jacques Morali, autre francophone, qui officie déjà dans les Village People. Le morceau est un vrai Disco Américain, digne de tous les autres morceaux présents dans cette rubrique.
En parlant des Village People, s’il ne fallait retenir qu’un seul de leurs hits, ce serait celui-là. Intemporel :