Alexander Makogonov est le porte-parole de l’ambassade de Russie en France. Le malheureux était interviewé le 9 mai, jour de la commémoration de la grande guerre patriotique en Russie, par France Info.
Entre un effarant appel à la France à aider la Russie pour faire respecter le droit international par l’Ukraine, et quelques balbutiements sur le fait que toute l’Ukraine est tombée sous l’emprise cachée des nazis – « c’est très difficile de reconnaitre un soldat Ukrainien d’un nazi » ajoute-t-il – le porte-voix explique : « Le terme guerre, dans le sens traditionnel du terme, est un peu déplacé pour caractériser la situation actuelle en Ukraine. Lorsqu’il s’agit de la guerre, il s’agit de la guerre entre les armées, entre les peuples. Dans ce cas, en l’occurrence dans le cas de l’Ukraine ou de la Russie, personne n’a déclaré la guerre à personne, ni la Russie à l’Ukraine, ni l’Ukraine à la Russie. »
Ce n’est pas faux. C’est même vrai. Personne n’a déclaré la guerre à personne. Le procédé n’est pas nouveau. De nombreux pays, occidentaux compris, ont par le passé éviter de déclarer des guerres tout en menant des opérations militaires. On espère ainsi, comme la Russie aujourd’hui, influencer l’opinion publique et échapper à la vindicte, mais aussi se sentir libre par rapport aux lois internationales qui encadrent la pratique de la guerre. Mais sans aller remuer le passé, il est évident aujourd’hui que la Russie mène une guerre contre l’Ukraine (que cette dernière n’a pas voulue), même selon la définition de Makogonov (« … il s’agit de la guerre entre les armées, entre les peuples. »)
Alors se pose la question des crimes de guerre : peut-il y avoir crime de guerre s’il n’y a pas de guerre ? En fait, la question ne se pose pas vraiment, puisqu’il y a guerre, quel que soit le nom que Poutine et ses ambassadeurs lui donnent. Et si vous voulez connaitre la liste des crimes de guerre, puisqu’on en parle beaucoup, je vous encourage à la découvrir ici : https://www.un.org/fr/genocideprevention/war-crimes.shtml
Mais s’il n’y avait pas guerre, cher Alexandre Makogonov, alors chaque soldat tué devrait être considéré comme un civil assassiné. Il y aurait donc un nombre incalculable d’assassinats, peu importe que ce soit ceux des civils ou des militaires, perpétrés de manière systématique à grande échelle par les Russes sur le territoire ukrainien, ce qui est bien entendu la définition d’un crime contre l’humanité.
Bref, c’est vrai que donner la médaille à Makogonov, c’est oublier qu’il n’est qu’un serviteur du Kremlin, et qu’il ne fait que répéter sa leçon. Mais bon, il est en France, et il a choisi sa voie. Médaille d’honneur.
Voir l’interview ici : https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/guerre-en-ukraine-l-envoi-de-troupes-occidentales-est-une-ligne-rouge-a-ne-pas-franchir-pour-l-ambassade-de-russie-en-france_5127097.html