« Ah l’humanité, quel merveilleux spectacle de marionnettes ! », Fantômas.
– Cher ami, pourrais-je vous soumettre une idée folle, comme vous les aimez ?
-Très cher, je ne saurais trop vous le recommander !
– Voilà : nous allons leur dire… qu’ils peuvent s’enrichir en travaillant. Certes, juste ce qu’il faut pour qu’ils puissent s’acheter un petit appartement dont le crédit les enchaînera davantage au système et qu’ils aient la possibilité de consommer les saloperies que nous leur présenterons comme nécessaires…
– Humm, intéressant. Mais cela suffira t-il pour les avoir à nos bottes ?
– Non, il manque encore un ingrédient fondamental : nous leur dirons… qu’ils peuvent augmenter leurs profits, à condition de travailler plus, bien sûr ! Appelons cela (entre nous) la « carotte du capitalisme ». Et là, je vous garantis que c’est dans le mille à tous les coups. En d’autres termes, nous leur ferons alimenter le système pour que celui-ci nous confectionne ces biens de luxe qui nous sont si chers et qui nous reviennent de droit. Car, nous sommes bien d’accord, on ne met pas une Ferrari entre les mains d’un chamelier ! Et nous ne pourrions faire leur bien si nous n’étions pas là pour jouir de la valeur ajoutée de leurs productions.
– Bien dit ! Cher Diabolicus, votre idée est véritablement géniale !
-Disons que j’ai étudié le topo avec qui vous savez… Nous disposons du capital et par ailleurs nos banques mettrons les mains sur la planche à billet par l’intermédiaire de nos sous-fifres de politiques, donc rien ne nous est impossible, à condition de bien pondérer les choses, naturellement…
– Soit ! Tout cela me semble prometteur, mais plus facile à dire qu’à mettre en œuvre !
– Je ne vous le fais pas dire. Nous devons faire preuve d’une grande prudence pour éviter qu’ils entrevoient notre plan. Vous comprendrez donc que nous devons déployer tout un art, notre art !
– Logique.
– Il faut juste qu’il ne s’aperçoivent de rien et qu’ils soient même convaincus d’être des protagonistes. C’est ça, l’art !
– J’entend bien, mais alorss, comment devrions nous procéder ?
– D’abord, nous les ferons voter. Pas pour tout et pas tout le temps, rassurez-vous. Nous organiserons un système représentatif et tous les 4/5 ans ils voteront pour un président ou un autre, en tous cas un politique dont nous aurons pris soin de sponsoriser la campagne électorale, ou de corrompre si les choses devaient se mettre au pire. De toute manière si le vote changeait quelque chose, cela se saurait !
– Bien évidemment ! Ah Ah Ah Ah !
– De cette manière, le système devient presque infaillible. C’est la démocratie, mon cher !
– Ah oui, la démocrâtie !
– Exact ! Nous leur attribuerons des besognes que nous nommerons « droits ». Ainsi, j’ai déjà pensé à un « droit au travail », par exemple…
– Gé-nial !
– Ce droit au travail, nous le fourguerons dans les Constitutions de telle sorte que les États modernes y trouvent leur fondement. Et vous verrez ,cher Complicimus, plus personne n’osera parler d’esclavage !
– Effectivement, si la majeure partie des citoyens devaient s’arrêter de bosser, quel bordel ce serait ! Enfin, pour nous, j’entends…
– Ce serait insoutenable, en effet. Comprenons-nous bien : nous sommes tout juste bons à faire du blé avec du blé. Non, non, il faut absolument qu’ils bossent, qu’ils produisent, autrement nos vies n’auraient plus de sens. Mais pour cela, justement, il faut les tenir le plus possible à l’obscur de leur condition de servilité afin d’éviter tout mouvement de rébellion. L’esclavage est désormais dépassé par la démocratie, soyons donc démocrates jusqu’au bout : puisqu’il est à long terme plus efficace de soulager leur pression, faisons en sorte d’augmenter le nombre de citrons et nous produirons la même quantité de jus, voire davantage. Nous serons bien sûr aux côtés de l’Église contre les mesures de contraception. Nous les voudrons toujours plus nombreux, puisque même la Bible le dit ! Nous répartirons pour cela le labeur, créerons des classes sociales sur la base des différentes professions, feront naître des syndicats…
– Des syndicats ? Je ne vous suis plus… Ma parole, on dirait que vous vous y laissez prendre !
– N’ayez crainte, nous serons bien sûr de mèche avec eux. Nous en favoriserons même l’essor, d’une certaine façon.
– J’aime mieux cela !
– Nous les formaterons dès le départ, dès l’école maternelle et de plus en plus par la suite, en profitant de leur docilité. Nous leur parlerons de « droits des travailleurs », de « réforme du travail », d’ « améliorations de leurs conditions de vie », d’ « optimisation sociétale », de « flexibilité »… en leur concédant ici et là quelques oboles qu’ils célébreront comme autant de victoires.
– Ne craignez-vous pas que ce soit un peu trop ? Ne pourraient-ils pas bien vite y prendre goût et s’y habituer, à ces victoires ?
– Mais non, voyons, pas le moins du monde. Cela leur donnera même l’illusion, nécessaire à notre système, d’être des acteurs de l’Histoire quand en vérité ils trimeront toute leur vie pour n’obtenir qu’un minimum de droits pour un minimum de biens. Mais je vois à votre visage, cher Complicimus, qu’un certain scepticisme persiste… Croyez-moi, ce plan est infaillible car rappelez-vous bien une chose : les personnes ayant le courage de choisir la liberté restent somme toute des exceptions. La grande majorité des citoyens préfèrent assumer une position de victime et continuer de se plaindre plutôt que de s’éloigner d’un troupeau bien gardé. En les exploitant nous pourvoyons en fait à leur bien car nous leur permettons de réaliser leur aspiration naturelle. Que serait un mouton ne pouvant être débarrassé de sa laine ou une vache que personne ne trairait? En fin de compte, nous répondons à un besoin spécifique de leur nature en troquant leur liberté par une sécurité majeure. Ah la sécurité ! Autre mot clé avec « travail », « économie », « croissance », « PNB »… dont notre dispositif de dissuasion et persuasion dispose. Les médias que nous créerons ou achèterons les feront entrer dans la farandole des mots jusqu’à en perdre l’horizon ! Nous irons jusqu’à interdire certaines idées au nom de la liberté d’expression. Personne ne doit pouvoir se permettre de semer la graine du doute et de la liberté afin d’éviter le risque de voir toujours plus de coquelicots fleurir au milieu de nos champs de blé.
– jolie métaphore, je ne vous savais pas si fin poète !
– C’est une monoculture facile à moissonner mécaniquement dont nous avons besoin : nous l’appellerons « mondialisation », autre signifiant maître qui, à n’en pas douter, fera date !
– Mais si, malgré tout, quelques dangereux mouvements de rébellion devaient prendre corps ici et là?
– Rappelez-vous, mon cher, que nous pouvons toujours compter sur la police… ainsi que sur les médias.
– Évidemment, cela va de soi !
– Avec les médias mainstream, le système parvient à son ultime degré d’accomplissement. Le reste en découle comme d’une conséquence inévitable. Tout ce qui en soi pourrait paraître improbable à imposer ne le sera plus.
– Oui, mais j’ai entendu parler d’une toile assez révolutionnaire pour être dangereuse…
– Allons, finissez donc votre coupe de champagne et suivez mon raisonnement : partout c’est nous, les détenteurs du capital, qui créerons la réalité. Si quelque support alternatif devait acquérir un succès préoccupant, nous le corromprons ou l’achèterons. Pour le reste, il suffira de nous en remettre aux algorithmes de la censure et à la propagande quotidienne. Toutefois, il manque encore un ingrédient majeur afin de parfaire notre plan…
– Ah oui, et de quoi s’agit-il ?
– Vous avez lu Machiavel ? « celui qui contrôle la peur des gens devient le maître de leurs âmes » !
– Il s’agirait donc de la peur ?
– Oui, mais attention, pas n’importe quelle peur : la peur renouvelable d’un ennemi invisible…
– Vous m’intriguez, cher Diabolicus !
– Vraiment, vous ne voyez pas ?
– Pas clairement, désolé, mais je suis sûr que vous allez m’illuminer sans plus tarder.
– La peur d’un virus que nos laboratoires créeront de toute pièce pour qu’il soit particulièrement contagieux et que nos organes d’informations présenteront comme particulièrement mortel. Un virus juste assez dangereux pour ne pas détruire nos précieuses « ressources humaines » de citoyens actifs et juste assez contagieux pour envahir le globe et laisser crier à la pandémie. Nous baserons toute politique sanitaire sur des tests biaisés dès leur conception tandis que la peur empêchera tout raisonnement et tout contrôle digne de ce nom. Et ce ne sera que le début d’un bouleversement du monde dans lequel tous les citoyens seront finalement contrôlés numériquement par le biais de pass vaccinaux et d’identités numériques. Du reste, avec nos amis de Davos tout est déjà planifié dans les moindres détails.
– Ah, le bon vieux Schwab et ses Global Young Leaders, comment se portent-ils au fait ?
– Pour le mieux, mon cher. Nous avons même pu faire en sorte que les livres de Klaus soient accueillis par la presse et les lecteurs comme des best seller d’humanité ! Et Bill est reçu par nos leaders politiques mondiaux comme un des plus grands philanthropes de tous les temps !
– Ah Ah Ah !
– Attendez : cerise sur le gâteau, notre petit Emmanuel vient d’être réélu pour cinq ans ! Comme vous voyez, nous ne sommes pas prêt d’être démasqués !
– Là, cher Diabolicus, j’avoue que mon scepticisme initial a bel et bien volé en éclat !