« Un chantier fermé pour des travaux en cours ». C’est ainsi que le grand théologien suisse Hans Urs von Balthasar (1905-1988) qualifiait l’eschatologie des églises chrétiennes. Au Moyen-Âge, Dante pensait pouvoir proposer toute une géographie de l’enfer, du purgatoire et du paradis. Un théologien contemporain avouerait que nous en savons très peu, et qu’il est plus prudent de se limiter à dire que la vie continue après la mort, que Dieu ne nous abandonnera pas, et qu’il sera tenu compte de nos actions dans la vie terrestre, même si les détails que l’on trouve dans la Bible sont peut-être à interpréter de façon plutôt symbolique.
Des sociologues ont fait remarquer qu’il existe là une faiblesse des églises chrétiennes majoritaires. Dans une époque soi-disant sécularisée, beaucoup se posent encore des questions sur l’au-delà et la fin du monde, ce qui contribue à expliquer le succès de ceux qui, comme les Témoins de Jéhovah et autres Mormons, apportent des réponses précises que la théologie des « grandes » églises se refuse désormais de donner.
D’autres, y compris des théologiens quelque peu dissidents, se sont penchés sur les traditions orientales, en se demandant si nous n’avons pas quelque chose à apprendre de leurs théories sur la mort et l’au-delà. Un grand débat suivit par exemple, dans les années 1960, la publication des ouvrages sur le Livre tibétain des morts du moine bénédictin polonais Cyrill von Korvin-Krasinski (1905–1992), qui plaidaient pour une approche sympathique à la grande richesse d’informations que ce texte oriental nous apporte sur les états qui suivent immédiatement la mort physique.
On trouve cette même position chez les ésotéristes chrétiens, surtout après l’œuvre de diffusion des théories orientales entamée par la Société Théosophique à partir de sa fondation en 1875. En Italie, mais de plus en plus avec une résonance internationale, un petit best-seller de cette littérature est le Livre chrétien des morts, que l’ésotériste Tommaso Palamidessi (1915–1983), le fondateur de l’école et de la doctrine qu’il appela Archéosophie, commença à écrire en 1968 et qui demeura inachevé à sa mort en 1983. Il fut publié à titre posthume par ses disciples en 1985.
Le titre évoque évidemment le Livre tibétain des morts, avec lequel le texte propose un dialogue, même si le Livre égyptien des morts est aussi mentionné, livre dont Palamidessi, qui avait habité Turin, connaissait sans doute le papyrus exposé dans le Musée Égyptien de cette ville, lequel avait servi de base aux traductions occidentales modernes.
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