Si vous avez un jour regardé un documentaire sur la guerre du Vietnam, vous avez probablement entendu ce morceau en fond sonore. D’une manière générale, cette chanson symbolise à la perfection l’agitation et la confusion qui régnaient dans les esprits à la fin des années 60 aux Etats Unis : guerre, conscription, émeutes, meurtres, crimes rituels par des mystiques tordus (assassinat de Sharon Tate et de ses amis par les adeptes de Charles Manson), etc. L’American Way of Life était en train de voler en éclats et Gimme Shelter en parlait tellement bien.
Ce n’est pas que la chanson ait des prétentions politiques ou sociales. Ce n’est pas le genre des Stones de faire des textes « militants ». Ils se placent plutôt en miroirs de la société. Mais, curieusement, mêmes si les paroles parlent d’un peu tout ce qui génère de la confusion à l’époque, elles gardent une dimension individuelle, elles s’adressent exclusivement à l’individu. Un procédé répétitif qui consiste à citer des sources de peur et à rappeler qu’elles sont « à portée de tir de chez nous » fait monter la tension tout au long de la chanson pour se résoudre d’une manière inattendue : l’amour entre deux individus aussi n’est qu’à une « portée de tir », il suffit d’un baiser…
Avec le recul, cette chanson enregistrée en mars 1969 à Londres et mixée en novembre 1969 à Los Angeles, a pris des allures de prophétie.
Musicalement, Keith Richards nous donne là une de ses plus belles intros, énigmatique à souhait, et la chanteuse Merry Clayton, particulièrement inspirée, apporte une ambiance apocalyptique à la fin de la chanson. Du très grand Stones qui, par le truchement des documentaires, a bénéficié d’une promotion insolite.
Avec le recul, cette chanson enregistrée en mars 1969 à Londres et mixée en novembre 1969 à Los Angeles, a pris des allures de prophétie. Le 6 décembre 1969, à la fin de leur tournée américaine, les Stones donnent ce qui sera peut-être le pire concert de Rock de tous les temps. Au milieu d’une foule rendue folle par les drogues de mauvaise qualité qui circulaient et d’un service d’ordre tenu par les Hell’s Angels, le groupe a vraiment craint pour sa vie. Un spectateur, Meredith Hunter, a pointé un revolver vers Mick Jagger pour être immédiatement poignardé et battu à mort par les Hell’s Angels. Ce qui devait être le Woodstock de la côte Ouest a finalement eut raison de l’innocence Hippie.
Gimme Shelter est la bande sonore de ce désastre.
William H. Miller
Le morceau en clip :
Sans visuel mais avec un bien meilleur son ET la performance de Merry Clayton à partir de 2 mn 43 :
La traduction :
https://www.lacoccinelle.net/251873-the-rolling-stones-gimme-shelter.html