Le monde change… vite. Rebelle(s) – journal de réflexions “inactuelles et intempestives” sur les cultures et la spiritualité – se doit donc de changer lentement, mais tout de même. Aussi avons-nous décidé d’ajouter derechef et illico une nouvelle rubrique, intitulée Les gonzoïdes de l’Apocalypse. Vous y retrouverez, avec une périodicité aléatoire, les aventures mystiques et délirantes de vos gonzoïdes préférés. Le premier à se lancer est Master Popi, avec un article intitulé Chronique d’un jedi gris sous ritaline. Sous ce nom de guerre, saurez-vous reconnaître le membre de la rédaction que nous sommes tous ensemble allés chercher au sein de sa cellule du Groupe Hospitalier Universitaire Psychiatrie et Neurosciences Sainte-Anne ? Tel un moine se retirant du monde, il s’épanouissait dans sa thébaïde. Le personnel de l’unité de la vénérable institution parisienne voulait à tout prix le garder, et vous priver conséquemment de sa plume éclairée. Nous ne pouvions le concevoir.
La rédaction
Chronique d’un jedi gris sous ritaline
par Master Popi
J’étais peinard, accoudé au comptoir de la Guiness Tavern à Chatelet, en train de siroter un thé vert parfumé au nysillin, quand j’ai vu débarquer une dizaine de jeunes nerds écervelés qui ont embrassés avec enthousiasme une minette bien gaulée porteuse du covid-19.
Cette scène désormais courante depuis le déconfinement me fait croire que cette pandémie reflète une utilisation massive du côté obscur de la force. Je me rappelle des cours d’anthropologie de Master Louis-Vincent Thomas qui expliquait à l’époque que le VIH est le produit d’une société où tout ce qui peut circuler circule. Le covid fonctionne exactement comme ces gadgets made in china super cheap qu’on commande sur Alibaba ou Wish. La mondialisation nous permet de conjuguer le petit marché aux légumes de Bandol avec le marché aux animaux exotiques de Wuhan, ce lieu paradisiaque où les pangolins javanais enfermés dans des cages à poule bouffent des excréments de chauves-souris d’Europe de l’ouest. Qu’on se le dise, Wuhan est un nid à virus ! Et tout ça pour satisfaire les gros bouddha friqués de Shanghai et Shenzhen. Le covid, c’est le reflet de cette immonde mondialisation qui se fout de ruiner la santé de l’humanité.
Depuis que j’ai arrêté le pastis 51, je deviens nostalgique et aigri. Pour un jedi gris, ce n’est pas un fait si rare. Ma nouvelle lucidité sur le monde m’éloigne davantage des codes de l’ordre jedi. Ceci ne veut pas dire pour autant que je suis en train de basculer car j’ai en horreur les seigneurs Sith et leur foutue idolâtrie pour le côté obscur. Je suis un ermite mystique des temps postmodernes qui préfère la compagnie des wookies à celle des hommes.
La force est très prégnante chez les créatures les plus discrètes et les plus insolites. Qu’il s’agisse des wookies, des lycans, des hippogriffes, des ents ou encore des nelwyns, je peux sentir combien la force se déploie à travers leurs mouvements. Toutes ces créatures respirent l’harmonie et la simplicité d’être. Je n’ai qu’à me caler sur leur rythme pour trouver le chemin de la paix intérieure.
Quant aux hommes, c’est bel et bien le côté obscur qui les attire. Ils demeurent pour la plupart au service des seigneurs Sith. Ils consomment n’importe quel produit toxique jusqu’au cancer. Ils méprisent leurs corps autant qu’ils vomissent sur la sagesse de Maître Yoda. Ils préfèrent s’empiffrer de Kinder Bueno et de kebabs à la sauce samouraï plutôt que pratiquer le jeûne. Ils élèvent des autels à la gloire de Ronald McDonald, ce clown maléfique qui a bâti son empire sur des cheeseburger au goût de canard W.C. Demain, on construira des monuments en forme de P.Q.
Si c’est vraiment l’heure de l’Armageddon, j’espère au moins que le virus fera le ménage chez tous ces adorateurs à la con de Cyril Hanouna et compagnie.
Master Popi