« Le fascisme est polymorphe. C’est là son danger extrême. Il y a même un fascisme antireligieux dans nos sociétés libérales et jouant sans cesse à l’humanisme éclairé. Ce fascisme consiste à exclure, à moquer, à couper les ailes et à interdire toute parole, toute tribune, aux mystiques défenseurs fervents de l’ouverture du cœur qui croient que Dieu est une sorte d’évidence sous-entendue en chaque chose et mérite qu’on y réfléchisse et qu’on le défende, voire qu’on le prie, sans peur ni complexe ! Qui parle de fascisme larvé ou affiché, met souvent en avant le communautarisme d’où qu’il provienne. À mes yeux, toute communauté de religion (de race diraient certains !), devient du communautarisme dangereux si ses adeptes ne savent pas s’ouvrir aux autres et les aimer tout simplement et communiquer et partager. Par delà les mots d’ordre et les dogmes de tous et de chacun, avoir peur de déplaire à la doxa des uns et des autres ne doit pas nous obséder, nous troubler en profondeur. Il y a même des fascismes qui ne tombent pas sous le sens, je le pense. Ainsi, quand une femme devient enceinte après un rapport sexuel… Obliger son partenaire à refuser l’avortement peut être aussi une forme larvée de fascisme exercé par la femme à l’égard de l’homme. Cela revient à dire que lorsque la Loi Simone Weil au sujet de l’accès à l’avortement est combattue avec acharnement en mettant en avant le droit à la vie l’emportant sur tout, on peut alors se trouver à lutter contre une certaine forme de fascisme catégorique. Oui, je pense que ’important est de faire comprendre que tout fascisme impose, exige, force par la force. Voilà ce qui est, en définitive, à combattre : forcer par la force ! »
Michaël Lévy-Bencheton